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Billet de blog 11 février 2017

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Une chance à saisir

Par définition, il ne faut pas faire confiance à un homme au pouvoir. Il faut au moins des contre-pouvoirs. Il ne s'agit pas non plus de prendre le pouvoir, mais de le partager également (1 personne = 1 voix). Pourtant il nous faut le pouvoir d'imposer les changements collectifs nécessaires pour que nos vies à tous soient bonnes, puisque la société fonctionne dans le rapport de force.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nul ne peut être partout et nombre de gens ne savent plus où donner de la tête tant il y a de combats à mener. Ils ont donc tendance à défendre une cause parmi d'autres, mais tels Sisyphe, tant que l'origine des problèmes reste inchangée ils retrouvent toujours le même poids à porter et un malheur environnant croissant.

Je n'ai aucune foi dans la représentativité sauf à instituer des mandats clairs, précis, contrôlés et révocables, et j'estime notre système dit « démocratique » vicié à la base dans la mesure où nous sommes appelés à élire des décideurs, au lieu de choisir d'abord nous-même en adultes ce que nous allons construire ensemble, ce qui donnerait tout son sens au droit de vote aujourd'hui bafoué.

Mais pour une fois en 2017 les élections nous offrent la possibilité de changer de cap. S'alignent à l'accoutumée des représentants de la haute finance plus ou moins patentés et corrompus, et des candidats sans aucune chance d'être élus, dont les partisans n'ont nul espoir de voir par le vote se concrétiser leurs idées, et qui divisent leur propre camp. Car il s'agit de perpétuer la domination du CAC40 ou de nous en libérer. Or M. Mélenchon et la France Insoumise proposent un projet construit pour sortir de cette emprise pacifiquement, en commençant par la mise en place d'un processus constituant.

Imaginez si JLM sort victorieux, le formidable réveil citoyen à l'œuvre dans tout le pays ! A la différence de 1981. Autant la mobilisation citoyenne avait remporté le non au TCE, autant et davantage serions-nous motivés par le processus constituant.

Ce serait aussi une impulsion formidable donnée à un mouvement d'émancipation mondiale qui se cherche.

Jusqu'à l'adoption d'une nouvelle Constitution M. Mélenchon présiderait dans le cadre en vigueur, et paradoxalement j'y vois un avantage décisif. D'une part l'application du programme « L'avenir en commun » au plan écologique (y compris l'arrêt du nucléaire), au plan démocratique y compris dans les entreprises, au plan social, pour l'indépendance de la France (Sortie de l'OTAN, des traités européens actuels et des traités de libre-échange : CETA, TAFTA, TISA etc.) et pour la paix résoudrait des problèmes cruciaux, ce serait un bol d'air incroyable qui libérerait nombre de militants aujourd'hui dépassés par l'ampleur des sujets catastrophiques. De plus changer les institutions d'un pays est un travail herculéen qui aurait du mal à résulter d'une rébellion populaire fut-elle majoritaire et armée, encore moins de simples vœux quelles que soient leurs formes. Il n'est que de se rappeler les brutalités subies par les manifestants contre la loi El Khomri gazés et matraqués dont plusieurs éborgnés au flashball ou par les Zadistes, etc. Et en Syrie par exemple, face aux tortures et assassinats d'enfants une révolte pacifique et la proclamation de communes libres ont sombré dans le sang et l'horreur. Je suis donc d'avis qu'avoir JLM à la présidence, chef des armées et d'une police retrouvant des fonctions de gardiens de la sécurité, dont le gouvernement prendrait les mesures adéquates pour défendre la paix et l'indépendance du pays, serait un atout majeur.

Qui pense pouvoir gagner par la force contre la violence d'un État répressif ? C'est voué à l'échec. Je n'ai aucune envie d'une guerre civile. Et sans défense publique ni même un projet défini, le temps qu'une base citoyenne se réunisse, s'accorde et trouve les moyens de concrétiser, combien de bombardiers auront décollé pour nous réapprendre ce qu'est la démocratie ? Rappelez-vous les révolutions arabes. Chaque pays fut sommé d'élire au plus vite un président. Comme si c'était ça la démocratie et la seule forme d'organisation sociale possible. Il faut donc des étapes et ça se joue sur le fil du rasoir.

Certes, par définition, il ne faut pas se fier aveuglément à un homme au pouvoir. Il faut au moins des contre-pouvoirs opérationnels. Ce que veut établir le mouvement des Insoumis. Il ne s'agit pas non plus de prendre le pouvoir, mais de le partager également (1 personne = 1 voix). Pourtant il nous faut le pouvoir d'imposer les changements nécessaires pour que nos vies soient bonnes puisque la société fonctionne dans le rapport de force.

Si tout autre que JLM est élu l'actuelle politique délétère sera reconduite en pire. Quel avenir espérer des Fillon, Macron, Le Pen et même de M. Hamon qui ne prévoit pas de trancher les racines des maux ? En votant JLM nous pouvons craindre la déception parce que c'est devenu une constante, mais il y aurait beaucoup plus probablement des améliorations très nettes sur tous les sujets d'une importance extrême. Laisser passer les autres, c'est la certitude que tout ira de mal en pis. Et tragiquement. Nous ne risquons donc pas de nous tromper en votant JLM. Nous n'avons pas besoin de l'élu parfait ou d'un accord total qui n'existent pas. Quête illusoire qui nous voue à l'impuissance. Il nous faut un cadre efficace permettant d'agir. Si nous laissons passer cette chance, elle ne se retrouvera pas de sitôt. Les régimes correspondants aux pratiques du FN durent parfois 40 ou 70 ans ! Pendant ce temps les catastrophes s'accumulent.

Voter blanc ? 80 % d'abstentions et plus ? Cela s'est déjà vu. Mais on départage toujours entre les suffrages « exprimés » même quand le vote blanc est reconnu. Il reste ainsi sans conséquence. Le système n'est pas conçu pour être juste ni vraiment démocratique. Voter blanc ne modifie pas les rapports de force et ne crée pas une organisation ni une dynamique refondatrices. Voter blanc en 2017 rejoindrait en l'occurrence la stratégie du pouvoir qui nous atomise et nous isole, qui a détruit les grandes solidarités ouvrières du 20ème siècle pour mieux soumettre chacun. Allons-nous rester spectateurs, pétris de bonne conscience comme si le choix des autres ne nous engageait pas, car nous nous en serions lavé les mains, alors que le seul risque c'est que cette fois soit la bonne ? Il importe d'être efficaces. Il y a urgence écologique et humaine.

Les partisans du vote blanc ou d'un changement des institutions pourront mieux œuvrer et s'exprimer si M. Mélenchon est élu que dans tous les autres cas de figure.

M. Mélenchon est l'un des très rares hommes politiques qui m'inspire confiance en sa franchise et son humanité. Et puis sincèrement, ça nous changerait d'avoir un Président – outre ses nombreux talents et sa remarquable culture historique, philosophique, littéraire, et politique justement – capable de citer Aimé Césaire, Victor Hugo et tant d'autres…

Gdalia, le vendredi 10 février 2017.

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