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Billet de blog 12 septembre 2016

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Choc des images ou question de fond ?

Ainsi le SCoT fut voté à l'unanimité ce 2 septembre 2016 à Millau par des élus scandalisés que leur séance ait été dérangée par une joyeuse bande peu portée aux salamalecs devant ceux qui certes ne les représentent pas. « Un résultat inespéré que peu d'observateurs auraient osé pronostiquer au moment du lancement de son élaboration, il y a 2 ans » d'après le « Midi libre ».

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Ainsi le SCoT fut voté à l'unanimité ce 2 septembre 2016 à Millau par des élus scandalisés que leur séance ait été dérangée par une joyeuse bande peu portée aux salamalecs devant ceux qui certes ne les représentent pas. « Un résultat inespéré que peu d'observateurs auraient osé pronostiquer au moment du lancement de son élaboration, il y a 2 ans » d'après le « Midi libre ».

Il est vrai que les photos dans la presse montrent un maire ex-sénateur et néanmoins président du Parc Régional des Grands Causses laidement sali de traînées de jus rouge évoquant presque une coulée sanguinolente !

Pour autant l'état de la chemise de M. le maire n'est pas un motif de vote pertinent. On attendrait de gens qui se veulent « responsables » une réflexion approfondie. Décider en bloc sans prendre le temps de débats sérieux sur un sujet préparé depuis 2 ans par les personnel du Parc, c'est aussi gamin qu'une manifestation intempestive où certains sans doute se défoulent de tout ce qui fait monter jour après jour des colères et des désespoirs qui s'accumulent… Certes les grandes orientations du projet semblent a priori pleines de bonnes intentions et intéressantes, mais le diable se niche trop souvent dans les détails. Ce ScoT va quand même régenter pour 20 ans en Sud-Aveyron l'habitat, l'économie, l'agriculture, le commerce, les transports, l'environnement, le tourisme, le patrimoine, les paysages...Un document d'un millier de pages pour instruire des décisions qui engageront notre qualité de vie à tous, dont ceux qui se sont manifestés vendredi.

Ils refusent ce projet de SCoT, en particulier l'invasion de l'éolien industriel. Si eux non plus ne s'exprimaient pas au nom de tous, tous les opposants à tout ou partie du projet n'y étaient pas non plus. Et s'il y a une opposition dans la population et aucune parmi les « représentants », cela pose le problème de la « représentation » justement.

A mon avis ce genre d'opération spectaculaire donne l'impression d'agir alors qu'elle s'inscrit en fait parfaitement dans le fonctionnement habituel où un scoop chasse l'autre, et révèle une intégration très réussie dans le monde de la pub ! On fait la une des journaux mais l'ensemble du mouvement au lieu d'avancer reste minoritaire, car il est tellement facile aux édiles de se donner le beau rôle contre de si mauvaises manières, et les braves gens approuvent, le martyr et l'autorité outragée attirant l'un et l'autre les sympathies. Tandis que le politique joue habilement la division : « Certains [...] voulaient s'exprimer et je m'engage à les entendre. Les autres, les agitateurs professionnel […]. Mais que faire pour pouvoir s'exprimer réellement alors que rien n'est organisé dans ce sens, que tout au contraire est prévu pour nous faire taire même si on a potassé une question mieux que ceux des élus qui votent par discipline de parti ? Il fut un temps où l'entartage et le chahut faisaient rire à peu près tout le monde. Maintenant on vilipende genre « maquette détruite » alors qu'une photo de la salle évacuée ne la montre pas brisée mais déplacée.

Et le vrai scandale de décisions prises en dépit de toute démocratie est occulté. Le contenu en cause passe à la trappe. « Zadiste » devient une insulte voisinant avec « vrais casseurs », les manifestants sont peints comme des troublions, injuriés parfois systématiquement par un ou une « VLR » allant chercher son inspiration jusqu'au Gabon (« Les apprentis sorciers de vendredi ont créé une atmosphère proche des affrontements post-électoraux gabonais en attaquant le Parc des Grands Causses »), alors que ces jeunes ou plus anciens citoyens militants ont travaillé, étudié à fond les sujets qui les mobilisent, refusant que l'on continue à sacrifier la nature et la vie. Une courte déclaration fut lue :

« Texte communiqué par les opposants au transfo de SAINT VICTOR ET MELVIEU aux élus et techniciens du PNGC lors de la réunion du vendredi 2 septembre 2016. (texte lu au micro dans un silence attentif de la part de tous) :

« Malgré un simulacre de concertation de la population, le Parc et les élus ont une idée bien précise de l’aménagement de la région. Ils ont des projets pour faire du fric sur ce territoire : nous avons des envies communes pour y vivre ensemble. Ils ont la loi pour les imposer, nous avons notre détermination, la justesse de notre cause et la force d’être ensemble pour leur résister

Nous nous opposons au projet de méga transformateur à SAINT VICTOR ET MELVIEU.

Dans notre département mais aussi dans l’est du Tarn et le nord de l’Hérault les promoteurs d’énergie renouvelable s’impatientent. En effet, le méga transformateur - payé par les deniers publics - leur ouvrirait de nouvelles perspectives commerciales.

Leurs centrales énergétiques ne répondent en rien à des besoins locaux . Leur production a en effet une seule vocation : être envoyée et vendue sur les marchés européens et mondiaux.

Ce n’est donc pas que d’un transformateur dont il est question dans notre région mais d’une véritable zone industrielle de l’énergie qui s’organiserait tout autour.

Depuis samedi dernier, à l’AMASSADA, se sont retrouvées des centaines de personnes. Au cours des différentes discussions a émergé la nécessité de se retrouver pour manifester à l’unisson notre refus ferme de voir notre région dévastée.

Dans les jours prochains sera annoncée la date d’une grande manifestation à RODEZ pour réaffirmer que le transfo et ses mille éoliennes ne se feront jamais.

Ce rassemblement a pour vocation d’exprimer une position claire de notre part : nous ne participerons pas à l’enquête publique, cette mascarade qui marque la dernière étape avant le début des travaux.

La semaine du vent se termine ce soir à l’AMASSADA.

Nous fêterons la fin des chantiers et une semaine riche de discussions, d’idées nouvelles et de détermination. Nous vous invitons à nous rejoindre ce soir à l’AMASSADA, sur la commune de SAINT VICTOR ET MELVIEU pour une soirée de concerts.

PAS RES NOS ARESTA ».

Pourquoi n'est-il aucunement envisagé de généraliser l'éolien individuel couplé au solaire qui nous rendrait tous autonomes et indépendants du nucléaire ? Option tout à fait réaliste, qui avec l'énergie hydraulique et des travaux d'isolation efficaces, à base de matériaux naturels beaux, sains et peu onéreux, couvrirait tous nos besoins y compris collectifs.

La réunion était ouverte au public. Car c'est la loi. Une permission fut même donnée d'intervenir… après le vote… A la manière de l'enquête publique qui intervient en tout bout de course après que le processus soit en route. Procédé qui n'a rien de neutre.

Qu'est-ce qu'une démocratie où le peuple n'est pas à l'initiative et ne participe pas dès l'élaboration des projets ? Peuple qui n'aurait pas l'esprit conditionné par des croyances serinées sans cesse du style « Il faut être attractifs pour les entreprises » au lieu de par ex. « Créons ensemble les entreprises dont nous avons besoin ».

Le 2 septembre un élu jette à un manifestant : « T'es rien ! » … Tout un programme…

Et le vote de ce vendredi 2 entrera en vigueur dans quelques semaines, une fois bouclée l'enquête d'utilité publique… pour ne pas dire bâclée…

Gdalia Roulin, lundi 12 septembre 2016.

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