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Billet de blog 13 octobre 2017

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Le tour de la France

Tant au niveau international qu’en politique intérieure, la tendance est à remettre directement aux mains des ultras-dominants économiques et financiers le pouvoir d’imposer leurs propres lois à tous en tous domaines, le reste du monde étant prié de s’y plier qu’il s’agisse des États ou des particuliers.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tant au niveau international avec les traités dits de libre échange et leurs tribunaux d’arbitrage privés faisant pièce à la justice des États, tels le CETA qui entre actuellement en vigueur entre la France et le Canada - contre l’avis du précédent parlement et avant que le Parlement ait été consulté à ce sujet - qu’au niveau de la politique intérieure des gouvernants de la majorité des pays, la tendance est à remettre directement aux mains des ultras-dominants économiques et financiers le pouvoir d’imposer leurs propres lois à tous en tous domaines, le reste du monde étant prié de s’y plier qu’il s’agisse des États ou des particuliers.

L’offensive est menée sur tous les fronts. Des tribunaux d’arbitrage, instances privées cooptées entre oligarques, condamnent des États à des amendes faramineuses pour avoir légiféré en faveur de leur population à l’encontre des intérêts et profits escomptés de multinationales, réalisant ainsi des hold-up de cols-blancs-cravates sur l’argent public auxquels les pouvoirs publics souscrivent… Tandis que le droit social est détruit pour mettre les salariés à la merci d’un haut-patronat qui pousse pour s’accaparer toutes les « parts de marché », les TPE et PME étant vouées tôt ou tard à se faire dévorer dans un tel système.

Après la Grèce et d’autres pays dits du sud, après l’Angleterre de Mme Thatcher et M. Blair, l’attaque de fond est lancée tous azimuts contre le système social français issu de la Résistance, menée de main de maître par M. Macron et consorts, experts en désinformation et manœuvres manipulatoires.

Les ordonnances pour abolir le code du travail se conjuguent à une loi supposément antiterroriste qui légalisera l’arbitraire du pouvoir. Les dispositions de l’état d’urgence limitées par définition à un contexte d’exception devenant règles ordinaires et permanentes, les autorités prétendent en outre débusquer des intentions ou des prédispositions, ce qui leur permettra de s’en prendre, au mépris de la justice et de toute démocratie, à des personnes qui n’auront commis aucun délit mais auxquelles on en prêterait le dessein ! Tous catalogués et jugés d’avance, curieuse conception du libre arbitre, de la responsabilité humaine et de la démocratie ! Un énorme bouleversement social est en route.

Dans les entreprises il s’agit de donner la primauté sur la loi au contrat de « gré à gré ». Comme si les intérêts de tous étaient convergents, ce qu’ils devraient être bien sûr dans un monde solidaire et sensé, mais en réalité notre économie est basée sur un modèle compétitif exacerbé, au point que la « concurrence  libre et non faussée » est ordonnée par les textes ! L’idéologie dominante nous imprègne tellement qu’il est convenu de penser que chacun dans une entreprise a les mêmes intérêts à la prospérité de celle-ci. Le patron pour tenir ou élargir sa position, le salarié pour garder son gagne-pain. C’est négliger le fait que le patron domine dans un rapport de force, et peut aisément asséner avec le chômage galopant : « 1 de perdu, 10 de retrouvés », tandis que le salarié est subordonné, précarisé, considéré comme un coût, comme une charge comptable, même si c’est le travail salarié qui produit concrètement la richesse réelle. Si rien ne change, nous ne verrons pas de sitôt une négociation vraiment libre, d’égal à égal, entre propriétaire d’entreprise et salarié et encore moins sur les choix de politique économique. Ni à l’embauche ni par la suite. Les seuls sujets de référendums initiés par les gros patrons envers leurs personnels ont été pour leur demander d’accepter de voir rogner leurs paies ou/et des augmentations d’horaires, soi-disant pour perpétuer l’entreprise, ce qui n’empêche ni les délocalisations ni les licenciements.

Si nous laissons entériner les ordonnances, ce qui sortira du domaine de la loi protectrice, laquelle est justement identique pour tous et donne aux subalternes dans le pays un minimum de garanties, ce qui pourra être remis en cause entreprise par entreprise, chacun isolé dans un rapport de force inégal, ce sont toutes les questions de rémunérations et primes, de durée et horaires de travail, jours de carence, droits à congés divers, les modalités de conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle et familiale des salariés… etc. Si des sujets restent traités au niveau des branches, vu qu’il y a 700 branches en France, cela produira au moins 700 régimes différents ouvrant la voie à encore plus de divisions, remplaçant la loi qui, elle, donne les mêmes droits minimum à tous, nonobstant toutes les dérogations obtenues par le patronat au fil des luttes sociales.

Car oui, le code du travail est le résultat d’une lutte sociale continue, et il est donc loin d’être parfait ne serait-ce que parce qu’il légalise un lien de subordination entre employeur et employé au lieu d’établir par exemple un droit coopératif en vue du bien commun. Mais détruire ce code c’est anéantir toutes les protections collectives conquises par les travailleurs.

Le gouvernement organise la division la plus extrême des exploités et remplace le droit par un droit à « négocier ». Pendant ce temps il donne des milliards aux plus riches de ce pays… Partout le pouvoir est abandonné aux mains des gros actionnaires, milliardaires et compagnie... Il est impensable de laisser passer une telle régression.

Gdalia Roulin, 25 septembre 2017.

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