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Billet de blog 15 juillet 2015

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Qu'il est doux « d'aider » la Grèce !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C’est un livre qu’il faudrait écrire pour pouvoir énoncer les faits qui permettent de comprendre ce qui arrive aux Grecs.

Sans revenir sur le régime infligé manu militari aux Grecs par le gouvernement anglais qui imposa une royauté après-guerre, sur le régime fasciste des colonels soutenu par la «  grande démocratie » états-unienne, et la corruption des gouvernements d’alternance « droite-gauche » qui ont succédé, entretenue par les puissances économiques occidentales à leur profit, remarquons que les banques privées de l’ouest-européen ont augmenté leurs prêts à la Grèce une première fois entre 2005 et 2007 de 80 à 120 milliards $, prêts encore accrus alors que la crise des subprimes éclatait. Cela signifie que ces banques ont utilisé l’argent que leur prêtaient massivement à 1 % la BCE et la Réserve Fédérale des USA pour augmenter leurs prêts à des pays comme la Grèce, où ils appliquent des taux d’intérêt élevés. Ces banques ont lourdement contribué à l’endettement de la Grèce.

Et le déficit gouvernemental, en Grèce comme ailleurs, n’est pas dû qu’aux dépenses, celles des jeux olympiques par exemple, qui, budgétés 2 milliards €, ont coûté entre 13 et 14 milliards sur fond de corruption, exercée par Siemens (entreprise allemande) pour obtenir le contrat du système de sécurité des J.O. Le déficit est d’abord dû au manque de recettes, c'est- à-dire aux cadeaux faits au capital et aux grandes fortunes. La loi permet aux armateurs grecs et à l' Église orthodoxe de ne presque pas payer d’impôts, alors qu’ils engrangent des sommes colossales, équivalentes aux prêts dont « bénéficie » « la Grèce ».

Par contre, le peuple grec, lui, se voit dépouillé de tous côtés de la façon la plus éhontée. Le chômage est affolant, les salaires et pensions se sont vus amputés de 50 %. Les prix augmentent. Les gens ne peuvent plus se nourrir correctement, se chauffer l’hiver, se soigner, ni payer l’électricité ou le carburant. Ils envoient leurs enfants à l’école le ventre vide. Depuis que la Troïka se mêle de « sauver la Grèce », l’espérance de vie a reculé de cinq ans dans le pays. En trois ans !Quant au PIB, il a diminué de plus de 20 % depuis 5 ans. De tels chiffres n’avaient été observés en Grèce que pendant la seconde guerre mondiale et la guerre civile.

La Troïka, avec bien entendu la complicité du gouvernement grec, exige en contrepartie de son « aide », entre autres, la destruction du code du travail : instauration légale de la priorité donnée aux accords d’entreprise sur ceux de branche ; possibilité de ne pas appliquer une convention collective signée par l’Union des entreprises ; l’arbitrage dans les conventions collectives de travail « doit promouvoir la compétitivité sur la base du coût du travail et de la création d’emploi » (sic) ; plus aucune restriction sur la durée du travail à temps partiel et sur les contrats temporaires ; la période d’essai pour les nouveaux emplois passe de 2 mois à 1 an, et, durant une période, les employeurs pourront licencier sans préavis ni indemnités ; le salaire minimum déjà divisé par 2 est encore attaqué : les travailleurs déplacés travailleront aux conditions du pays de provenance ; les primes pour les heures supplémentaires sont fortement réduites, les allocations chômage de même ; réduction brutale des pensions y compris complémentaires et pensions d’invalidité ; diminution de la liste des professions pénibles et usantes : les salariés exclus de la liste verront l’âge donnant droit à une retraite misérable augmenter de 5 à 7 ans ; augmentation du prix des soins et examens hospitaliers ; hausse de la TVA de 11 % à 23 % pour de très nombreux biens et de 30 % pour des services ; accroissement de l’impôt immobilier qui frappera les salariés à raison de 400 millions € supplémentaires ; imposition forfaitaire des indépendants ; privatisation des secteurs stratégiques (chemins de fer, transports publics, eau, énergie, aéroports, ports, etc.), avec pertes d’emplois à la clé, tout cela sous prétexte de « remplir les caisses de l’ État » afin de « rembourser la dette ».

Cela vous rappelle sans doute quelque chose !

Les accords entre la Grèce et ses créanciers prévoient que les recettes des privatisations après déduction des frais du fonctionnement de l’office chargé des privatisations iront exclusivement au remboursement de la dette grecque : les créanciers de la Grèce empocheront tous les bénéfices.

De plus, l' État grec privatise ses entreprises excédentaires, celles qui font rentrer de l’argent dans ses caisses. Le peuple grec paiera, et les créanciers feront coup double. L'État français est au premier rang de la curée. Croyez-vous vraiment que ce sera au bénéfice du peuple français, ou au bénéfice de GDF-Suez, Alstom, Bouyghes et Cies… ?

                                Gdalia Roulin, mardi 18 juin 2013.

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