N-D des Landes, d'abord, c'est beau. Un endroit où il ferait bon vivre et respirer. Une terre de bocages entourés de haies magnifiques épargnées par le remembrement, une terre argileuse humide, aux cours d'eau préservés, à la biodiversité exceptionnelle, où pâturent des troupeaux de vaches. C'est le principal bassin laitier de Loire-Atlantique.
Si l'aéroport se construisait, 42 à 47 exploitations seraient détruites totalement, plus de 2000 hectares de bonnes terres fertiles qui seraient mieux utilisées à nourrir sainement la ville à partir d'une production locale. Imaginer la possibilité d'un désastre pareil crève le cœur.
Le projet de méga-aéroport est vieux de 40 à 50 ans, d'une époque où certains croyaient qu'en l'an 2000 tout le monde ferait son marché en avion ! Puis, toujours à la pointe du progrès productiviste, on a pensé que cet aéroport (et ses infrastructures énormes) ferait de Nantes la plaque tournante entre l'Amérique et l'Europe, tête de pont pour une importante flotte de Concordes... Exit le Concorde.
Nantes a déjà un aéroport très loin d'être à saturation. Il couvre 320 hectares, et reçoit 3 millions de passagers par an.
Celui de Gatwick couvre 270 hectares pour 35 millions de passagers par an.
Celui de San Diego couvre 270 hectares pour 17 millions de passagers par an.
Celui de Genève couvre 340 hectares et compte 11 millions de passagers par an.
A quoi pourrait bien servir un nouvel aéroport de prestige à Nantes ?
Certes il rapporterait quelques milliards à Vinci, l'un des 3 géants du BTP mondial, et il permettrait de bétonner complètement l'île de Nantes. Ce serait un vrai conte de fées : la gentrification de Nantes. D'ailleurs un hôtel de super-luxe 4 étoiles vient d'ouvrir dans les murs de l'ancien palais de Justice de la ville, généreusement concédé par le Conseil Général à une filiale d'AXA pour les 80 ans à venir. La Jet-set peut débarquer.
Joli, non ? Même si cet aéroport s'avère aussi inutile que celui de Ciudad Real (Espagne), construit en 2008, faillitaire en 2010 avec 290 millions € de dettes ; ou que celui de Mirabel au Canada, en surface le plus grand du monde, mais pour le trafic le 42ème du Canada ! Rappelons aussi celui d'Heathrow, dont la Cour Suprême d'Angleterre a refusé l'extension car non « carbone-compatible ». Et à N-D des Landes ? Il est grand temps que les effets de nos pollutions sur le climat nous décident à beaucoup plus de sagesse…
D'ailleurs, du fait de la législation sur les zones humides, le projet de bétonnage de N-D des Landes ne devrait jamais avoir le droit de se concrétiser.
Ce projet n'a rien de démocratique. D'abord nous n'avons en aucun cas pu donner notre avis. Pire encore, le gouvernement « socialiste » (sic !) maintient depuis plus de 40 jours à N-D des Landes une armée de CRS, qui avait déjà coûté 1 million € avant le 17 novembre, lesquels usent de flash-ball, grenades au poivre, grenades assourdissantes et lacrymos, crèvent des pneus de tracteurs, et font des blessés parfois sérieux, pour expulser à la veille de l'hiver des jeunes qui vivaient sur place et cultivaient leurs légumes en bio.
Ces « robocops », nous ne les avons pas aperçu le 17 novembre, quand nous étions 50.000 manifestants et 400 tracteurs, sans compter les autres manifestants un peu partout en France. Mais vendredi 23 novembre à l'aube, les « zadistes » qui dormaient dans les maisons de bois reconstruites le 17, sur un terrain privé non expulsable, avec l'accord du propriétaire, étaient réveillés à coups de gaz lacrymogènes et évacués brutalement, les CRS s'attachant à tout démolir.
C'est pourquoi ce même vendredi des manifestations de solidarité furent décidées, et celle de St-Affrique commença à 16 heures, et un projet fut mis en place d'occuper la Mairie jusqu'au lendemain, afin que toute la population soit informée.
Le Maire (PS) fit enfermer à clefs les camarades qui étaient à l'étage, tandis que nous étions bloqués dehors. A 2h ½ du matin, 13 cars de CRS bouclaient la place. Au lieu d'ouvrir la porte à clef, les CRS démolirent la porte de la salle du haut à coups de hache, avant d'envoyer leurs lacrymos et de tirer les camarades un par un au centre de la place, pour une « vérification d'identité » brutale, ponctuée d'insultes et de coups. Deux jeunes hommes furent emmenés en garde à vue jusqu'au samedi soir sans raison apparente.
Si la place avait été noire d'électeurs solidaires de N-D des Landes, M. le Maire aurait sans doute préféré nous tenir un beau discours du haut du balcon, au lieu de mettre la ville en état de siège contre des gens amoureux du bien-vivre ?
A Nantes même, les manifestants ont goûté du canon à eau !
Non seulement on veut nous imposer le fait du prince, mais on agresse des manifestants pacifiques. Bravo !
Les 70 Maires et élus des communes bretonnes qui se sont enchaînés aux grilles de leur Préfecture ce dimanche 25 novembre pour qu'on les entende enfin, témoignent bien du genre de démocratie à l'œuvre aujourd'hui !
Eh bien non ! Nous ne laisserons pas tuer la terre pour les caprices et l'idéologie d'hommes de pouvoir, qui persistent à nous emmener dans le mur, et nous ne nous laisserons pas endormir par des commissions ad hoc !
Gdalia Roulin, lundi 26 novembre 2012.