Les zones humides sont protégées par une convention signée par 168 pays dont la France, et Mme Royal introduit ainsi son plan national d'action en faveur des milieux humides : « Marais, tourbières, prairies humides, étangs, lagunes, mangroves, vasières [...] leur rôle écologique est reconnu de tous et leur fragilité est aujourd’hui incontestée.
En France, près d’une espèce d’oiseaux menacée sur deux dépend de la préservation des milieux humides. Ce qui est moins reconnu, c’est l’ensemble des services que ces milieux humides et leurs fonctionnalités apportent à l’être humain, pour la production agricole ou piscicole, pour l’épuration des eaux, pour la lutte contre le risque d'inondation, pour la valorisation touristique [...] l’action publique s’organise pour en soutenir la préservation et l’utilisation durable ».
Néanmoins Mme Royal a refusé le moratoire demandé par les défenseurs du Testet (à 10 km de Gaillac) pour arrêter la coupe des arbres centenaires commencée le 1er septembre dans l'illégalité, les recours juridiques n'étant pas épuisés. Elle a diligenté 2 experts ! Pourtant le dossier d’enquête publique conclut : « la déclaration d’utilité publique doit rester subordonnée à l’avis favorable du CNPN saisi de la demande de dérogation relative à la destruction d’espèces faunistiques et floristiques protégées ». Le CNPN (Conseil National pour la Protection de la Nature) a par deux fois refusé la destruction de la zone humide et les illusoires mesures de compensation. Les choses devraient donc être claires.
Au 16 octobre, trois personnes étaient en grève de la faim depuis 50 et 44 jours pour obtenir la tenue d'un débat public dans l'indifférence complète des édiles.
Trente hectares de zone humide et de forêt où vivaient cent espèces protégées dont 5 menacées sont en train d'être détruites pour édifier le barrage de Sivens. Le chantier évalué à 8,5 millions € est financé intégralement par des fonds publics. Il servira 22 cultivateurs intensifs de maïs, lesquels sont déjà équipés de réserves d'eau. Il ferait aussi partie d'un plan grandiose de dizaines de barrages dédiés au refroidissement des centrales nucléaires. Nous pourrons ainsi nous enorgueillir d'avoir des maïs OGM et radioactifs ! Anéantir une merveilleuse zone humide en partie pour perpétuer l'industrie nucléaire, dont on se rendra compte un jour mais apparemment trop tard qu'elle porte en gestation les plus grands des crimes contre l'humanité et contre tout ce qui vit, quelle absurdité.
Notons de plus que les retenues d'eau y compris en climat tempéré émettent, du fait de l’accumulation de matière organique au pied des barrages, quantité de méthane, gaz gros contributeur à l'effet de serre.
Des défenseurs de la vie occupent le site depuis 1 an pour empêcher le massacre. Ils campaient sur place, avaient construit des cabanes et habitaient des arbres, enracinant leur présence pacifique, organisés en collectifs pour défendre les arbres et une forme de vie humaine digne et réfléchie. Mais le 1er septembre l'abattage commence sous la protection des gardes mobiles, tandis que les résistants se font gazer sans modération et traquer comme des nuisibles. Jour après jour ils essuient des tirs de flashball, de grenades assourdissantes, des coups avec blessures aux yeux, nez ou doigts cassés, ils sont insultés, piétinés, menacés de mort, leurs voitures aussi sont bastonnées, des affaires personnelles ont été brûlées, dont papiers d'identité, cartes, clefs etc. Cela rappelle le traitement infligé ignominieusement aux Roms ! Elle est loin, la démocratie participative ! Comment et pourquoi ces barbaries si la France est un État de droit comme cela se dit ? Comment et pourquoi les forces dites de l'ordre sont-elles mandatées hors la loi ? Pourquoi les agressions contre les zadistes sont elles encouragées au lieu d'être empêchées ? Pourquoi les conflits d'intérêt des décideurs ne sont-ils pas examinés ?
M. Cabot est élu du Conseil Général du Tarn. Il y a présenté le projet de barrage, a proposé quelles sommes lui allouer, fait désigner la CACG maître d'œuvre du projet, la seule CACG réalisant les études de faisabilité ! Il est administrateur de l'entreprise. Elle construit des barrages, gère la distribution d'eau d'irrigation et vend le matériel ad hoc. Plus les barrages sont gros, plus les agriculteurs dépendent de systèmes d’irrigation, plus la CACG prospère et plus M. Cabot touche en parts de bénéfices. Et il est vice-président de la commission des interventions à l’Agence de l’EauAdour Garonne, qui reçoit des millions d'€ de quote-part sur les factures des abonnés à son réseau de distribution d'eau, puis subventionne en l'occurrence la CACG.
Un élu ne devrait pas être à la fois promoteur, décideur et bénéficiaire. (Rémunéré pour ses 3 postes).
Les violations de la démocratie et la dévastation du Testet montrent encore une fois le côté laid et perverti de notre société qui marche sur la tête. Il importe que nous nous mobilisions en masse pour défendre les terres dont nous vivons, et pour reprendre nos vies en mains.
Un grand rassemblement est prévu au Testet ce samedi 25 octobre à midi.
Gdalia Roulin, lundi 20 octobre 2014.