Le FN est passé de 6.0I8.914 voix au 1er tour à 6.820.431 voix au 2e tour des régionales, montrant l'augmentation progressive de ses suffrages (2.223.800 voix aux régionales de 2010 sur 43.642.325 inscrits) quoiqu'ils soient très loin de représenter la majorité des électeurs inscrits. On va nous jouer encore une fois conventionnellement les cancres en math en nous donnant des proportions en fonction des votes exprimés et non par rapport aux électeurs inscrits (45.299.289 au 1er tour, 5.455 de moins au 2e), et on va comparer les réussites chiffrées des uns et des autres sur ces bases fausses qui biaisent les débats, en donnant l'impression que par ex. le FN aura remporté 27,73 % des voix alors qu'il en totalise 13,29 %. Ce qui permet d'annoncer des victoires plus ou moins éclatantes alors que 52 % des électeurs (au 1er tour) ne sont pas convaincus par les candidatures et s'abstiennent, ou votent en nombre « blancs ou nuls » : 901.055 blancs et nuls au 1er tour puis 1.287.798 au 2e tour !
L'audience des UMP et PS habituellement reconduits « aux affaires » (expression à la mode pour dire que les politiques font davantage office de VRP en chef que de dirigeants politiques au sens noble de l'organisation de la vie collective) a nettement reculé. Nous avions eu M. Sarkozy président, maintenant M. Hollande mène la même politique de droite dure, et visiblement la grande majorité des Français n'apprécie pas. Les partis de gauche n'emportent pas la conviction non plus. Normal quand, outre la marginalisation opérée par les médias, malgré un travail très sérieux et intéressant sur le programme, les pratiques électoralistes demeurent les mêmes, avec des politiques d'appareils à appareils, d'éligibles à éligibles par-dessus la tête des citoyens et des alliances plus que douteuses sous prétexte d'évincer le FN, en lieu et place des vraies perspectives constructives dont nous avons besoin.
Tous les commentaires qui se focalisent sur la question : « le FN passera-t-il on non ? » participent du chantage poussant chaque électeur à se prononcer pour l'un des partis dits républicains et qui pourtant le sont de moins en moins. Car nous en sommes à la banalisation d'un état d'exception grâce auquel ont été perquisitionnés et arrêtés des défenseurs du climat pendant la fameuse COP 21 dont il ne sort que des proclamations de bonnes intentions, alors que les bouleversements climatiques constituent l'un des dangers les plus dévastateurs qui menace l'espèce humaine, les animaux et les plantes dans les années à venir, et cela sous un gouvernement issu des rangs du socialisme mais qui n'a plus que des faux-semblants à voir avec le socialisme, sa générosité et son aspiration à la justice sociale et à la liberté. Il faudrait donc continuer à voter pour les bons apôtres dont nous ne voulons plus, pour éviter pire certes, et qui prétendent dans la foulée nous « représenter » en poursuivant leur politique délétère !
Qui se soucie de ce que 52 % d'électeurs n'ont pas pu exprimer, puisque les institutions ne prévoient rien pour cela ? On en est à trouver normal que la moitié des citoyens ne puissent rien dire, et chacun sait qu'une bonne part de ceux qui, dit-on, se sont « exprimés » ne l'ont guère fait par réelle adhésion aux choix offerts, mais qu'ils ont voté « utile » d'emblée. Et le seul bilan tiré sera de savoir qui aura emporté telle ou telle région, et d'évaluer la « montée » du FN qui est en effet une ascension vers le pouvoir indépendamment du développement de son audience réelle qui n'est que trop répandue à force de complaisance et propagande.
En dépit du rejet des politiques incarnées par MM. Sarkozy, Hollande et consorts à l'échelle nationale et dans leurs déclinaisons à l'échelle régionales, et malgré le fait que 84,94 % des Français (2e tour) n'ont absolument pas choisi de confier leur avenir au FN, rien de neuf n'a évidemment pu sortir de cette séquence électorale. En 2017 la même problématique se posera de façon encore plus déterminante, la stratégie du PS comme de l'UMP va être de nous forcer la main comme on vient de le voir et comme en 2002, car au 2ème tour nous aurons (sauf imprévu) le choix entre ces partis indésirables ou le FN, qui pourtant mobilise contre lui ceux qui refusent de voir complètement sombrer ce qui reste de démocratie et de valeurs humanistes en France. A l'évidence notre système institutionnel fonctionne de façon perverse, puisqu'il ne permet de voter que pour des options qu'en réalité nous rejetons.
Si nous voulons avoir vraiment plus de justice et de bien-être social, il va falloir créer du nouveau. Il est grand temps de se demander non pas qui gagne au jeu de poker menteur et va décider pour tous à l'encontre de nos avis, mais de prendre nos responsabilités d'adultes en reprécisant ce que nous voulons vivre ensemble et comment réorganiser la société et partager le pouvoir (y compris économique) selon nos choix, sur la base du respect de l'égalité des droits et des libertés de chaque personne, et du respect de notre écosystème. Il ne doit pas s'agir de donner des blanc-seings à des élus, mais de décider du contenu de ce que nous voulons voir appliqué, après avoir pris le temps de nous informer correctement et de peser le pour et le contre. Ainsi voter reprendrait son sens. Ainsi les partis n'auraient plus d'utilité sous leur forme actuelle, pour autant qu'ils en aient une encore, et les regroupements ne seraient plus dévoyés par les logiques électoralistes, et le FN perdrait son audience en tant que tel. Et c'est là que la grandiloquente formule « serviteur de la nation » deviendrait véridique, désignant ceux qui seraient mandatés, et de préférence tirés au sort et révocables, pour mettre en œuvre les décisions prises ensemble.
Pour commencer en effet il serait juste et bon de nous donner, non par délégués interposés mais par nous-mêmes en assemblées générales, une nouvelle constitution qui instaure un cadre vraiment démocratiquequi, loin d'aggraver l'aspect monarchique de celle qui nous régit, donne au contraire le pouvoir au peuple directement avec le moins d'intermédiaires possibles. C'est d'une toute autre organisation sociale dont nous avons besoin. Une organisation qui établisse l'égalité et la solidarité de tous les citoyens entre eux, pour notre plus grand bien-être à tous.
Gdalia Roulin, lundi 14 décembre 2015.