Formaté à l'ENA comme tous les carriéristes représentant de fausses alternances au pouvoir entre PS et diverses droites extrêmes, alternant lui aussi poste au sommet de l'administration financière et de banquier d'affaire chez Rothschild (dont il devient associé gérant multimillionnaire en 2 ans, ce qui ne sera évidemment jamais l'apanage de tout le monde) M. Macron a été l'inspirateur attitré de la politique économique de M. Hollande, continuant celle de M. Sarkozy, et suivant les directives d'austérité de l'UE, que son programme actuel vise à appliquer sans état d'âme. Il reprend le verbiage sur « l'équilibre » des finances publiques et la liberté du marché et se déclare pro-CETA, traité qu'il aurait voulu voir valider sans passer par les parlements nationaux.
Il fut rapporteur de la commission Attali (2007). En 2010 il coordonne pour M. Hollande des travaux d'économie. Secrétaire général adjoint de l'Élysée (chef du pôle économie et finances) dès 2012, puis ministre de l'économie en 2014, il a impulsé toute la politique de dépouillement des droits des travailleurs et de gonflement des dividendes subventionnés par l’État, qui a démultiplié l'enrichissement monstrueux de ceux-ci sur le dos des plus pauvres, tandis que le nombre de chômeurs de catégorie A augmentait d'1 million sous ce quinquennat. Les CICE et Pacte de Responsabilité, il en est pleinement coresponsable. Sa loi Macron en 2015 enclenche la déréglementation des licenciements collectifs, du travail de nuit et du dimanche et des droits des salariés… Sans prévoir aucune régulation de la finance.
En 2016 le projet de loi Macron 2 devient loi El Khomri, M. Macron acceptant de s'effacer à condition que le licenciement soit encore facilité et les indemnités prud'homales plafonnées. Et selon lui le gouvernement aurait « fait beaucoup de choses à moitié »… Lui supprimerait complètement la hiérarchie des normes par exemple, mais rassurez-vous, avec pédagogie !
Cet affairiste serait un modèle ? Alors qu'il prépare d'autres sacrifices et précarités sous des enrobages aguichants, tels ces besoins de libération, de créativité transformés en esclavage auto-entrepreneurial, les « indépendants » ayant « plus besoin de clients que d'employeurs » mais payant néanmoins redevance privée à Uber !
Il fit souvent montre de duplicité et n'est pas clair au niveau de ses prises d'intérêts. Une sous-évaluation de son patrimoine le faisait échapper à l'ISF. Dans son ministère il utilisa seul en 8 mois 80 % de l'enveloppe annuelle de frais de représentation, soit 120.000 € pour recevoir à dîner non pas des SDF, mais des personnalités capables d'aider son ascension.
Il privatisa, entre autres, les aéroports régionaux, tenta de garder secret l’accord entre État et sociétés d'autoroutes au bénéfice de celles-ci en 2015, et mit en place les cars Macron au détriment de la SNCF et de l'écologie. Concernant Alstom dont dépend l'indépendance de la France en matière de transition énergétique, de transports collectifs et de sécurité militaire, il refusa d'utiliser un décret permettant à l’État de s’opposer à sa prise de contrôle par un groupe étranger. Même complaisance concernant Arcelor-Mittal, Écopla...
Son programme est un catalogue d'intentions pieuses sans mode d'emploi pour aboutir. Sa « réforme » de la Sécu favorisera les assurances privées. Son slogan « pour chacun, 1€ cotisé donnera le même droit à la retraite » masque la mise à bas du système par répartition et l'alignement sur le moins-disant pour toutes les retraites, sur un mode inégalitaire et aléatoire car la valeur du point varie d'une année à l'autre – et tous n'auront pas les moyens d'acheter des points en suffisance.
Il veutsupprimer 120.000 postes de fonctionnaires, abolir le statut de la fonction publique.
Il prétend concilier principe de précaution et « principe d’innovation », prétexte à s’aligner sur les exigences des lobbies industriels. C'est lui, malgré son démenti, qui avait autorisé l'exploitation industrielle des sables à Lannion.
Il qualifie aveuglément le nucléaire de « choix d'avenir » !
En 2015 il lâchait en interview : « Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent [...] cet absent est la figure du roi…. ». Avis aux amateurs. L'abandon du système simili-monarchique qui nous empoisonne ne viendra pas de lui.
Celui qui prétend incarner la modernité a déjà un lourd passé au service constant de la caste des milliardaires où il s'est intégré. Comme une bulle financière, et tout aussi potentiellement toxique, M. Macron a été porté au premier plan par les plus gros lobbies financiers du pays. Toutes les recettes marketing ont été mises en œuvre pour qu'il sorte du chapeau. Sa participation au gouvernement ne risquait guère de le rendre populaire, mais la poignée de milliardaires qui contrôlent 90 % de la presse le met en vitrine ad nauseam, donnant ainsi l'illusion d'une popularité. Certes, il passe pour sérieux aux yeux des idéologues au pouvoir, puisqu'il promeut leurs options. S'il entend se faire élire par acclamation sur sa bonne mine, avec pour tout programme des formules qui parlent aux électeurs de ce qu'ils ont envie d'entendre, il est pourtant facile de savoir quelle sera sa politique en regardant ses positionnements et actes tout au long de son parcours.
Habilement présenté comme un outsider rival du président, personnalisant à outrance sa candidature comme si l'âge était un programme politique, tout s'ordonne pour le placer « au centre ».
Il ne recule devant aucune technique manipulatoire : ses vidéos zooment sur des jeunes « fans » survoltés, téléguidés en meeting sur leurs smartphones avec l'application Telegram : « On va mettre le feu » « Lâchez des BRAVOS, des IL A RAISON, du spontané » !! « AMBIANCE AU MAX JUSQU'À LA FIN !!!! je veux du « Macron Président » et du « On va gagner ! » surjouant un enthousiasme délirant pour manipuler l'émotion des spectateurs et susciter par empathie l'adhésion, dont on se demande en vain sur quel contenu elle pourrait rationnellement se fonder. Pour ceux qui résistent à l'emprise mimétique, ces images sont démoralisantes, s'ils ne remarquent pas les plans floutés d'assistants aux meetings beaucoup plus moroses.
« La politique est affaire de passions, d'affects, de sentiments et de ressentiments bien plus que de rationalité et de programme. Voilà les moteurs qui meuvent les électeurs ». Surtout lorsqu'on s'adresse à « des gens intelligents mais peu informés et peu formés au sens militant du terme... ». Il faut « partir des gens, de leurs perceptions, de leurs besoins, de leur quotidien comme base de la stratégie politique ». « Nos enquêtes et nos outils statistiques nous permettent de travailler »... Ces mots de M. D Barba, conseiller de M. Macri (riche héritier d'un magnat de la construction et de l'automobile) récemment élu président de l'Argentine, pourraient être signés des stratèges communicants de M. Macron.
En conclusion de son projet, ça ne s'invente pas, M. Macron veut nous faire marcher ! Et avoir procuration !
Gdalia Roulin, lundi 13 mars 2017.