M. Fillon veut baisser de 110 milliards le budget public en 5 ans, en réduisant les montants de l'ensemble des budgets publics. Éliminer 500.000 personnes dans les trois fonctions publiques (d'État, territoriale et hospitalière) pendant le quinquennat. Passer de 35 à 39 h. dans le secteur public. Car il veut un nouveau code du travail, supprimer la durée légale du travail qui serait négociée dans chaque entreprise « sans contrainte », et « pour que ces négociations se passent correctement il vaut mieux que la référence soit à 39 h. plutôt qu'à 35 ». Il le dit : « Le passage de 35 à 39 h. représente l'équivalent d'à peu près 600.000 emplois », supprimés. Le « 1 sur 2 » qu'il a pratiqué pendant 5 ans en tant que premier ministre de M. Sarkozy est absurde, dit-il maintenant. « D'abord ça ne fait pas 500.000. Et il y a des secteurs de l'action publique qu'il faut progressivement éteindre ou transférer au secteur privé, et d'autres pour lesquels on a plutôt besoin de renforcement ». Il s'agit de renflouer non pas l'Éducation Nationale ou la Santé mais la magistrature et les forces armées, et de détruire massivement les emplois créés par les collectivités locales en regard des tâches supplémentaires qui leur ont été transférées. Ce qui semble justifié, doit-il reconnaître, mais « ne peut pas être défendu dans la mesure où il faut baisser la dépense publique ».
Mais son projet se traduira d'abord par une augmentation de la dette du pays les trois premières années, car c'est « une priorité absolue qui doit être réglée dans le mois de juillet 2017 » de changer les règles fiscales en France vis-à-vis du capital. « Les gouvernements successifs ont tout fait pour mettre à terre les capitalistes français » affirme-t-il. « On les a taxés, montrés du doigt, vilipendés, et ils sont partis, pour un grand nombre d'entre eux ». « Je me suis engagé depuis des mois et des mois sur une première chose : la suppression immédiate de l'ISF ». Pourquoi si vite ? « Tout simplement parce que c'est difficile, c'est pas populaire et si c'est pas fait tout de suite ça sera jamais fait ». MM. Fillon et Sarkozy le voulaient déjà en 2007, mais vu l'impopularité de la mesure ils avaient « inventé le passage à 50 % du bouclier fiscal ». En 2017 le ministre des finances, choisi à l'avance, devra avoir « son texte de loi dans la poche et le mettre en œuvre dès les premières heures de la nouvelle législature ».
M. Fillon veut prendre ce qu'il appelle « des mesures de diminution de la dépense sociale » : il passera l'âge légal de la retraite à 65 ans sans délai, ajoutant qu'il aurait aimé pouvoir le faire depuis des années, fera « des économies importantes » sur l'assurance chômage qu'il réformera radicalement, créera « une allocation unique regroupant toutes les allocations sociales existantes » afin « de faire des économies de gestion considérables », « lutter contre la fraude » et « plafonner les allocations ».
Sur le logement il allégera aussi la fiscalité, abrogera la loi ALUR et l'encadrement des loyers. Quant au logement social « trop accessible », il baissera le plafond de ressources permettant d'y accéder et l'allocation logement n'existera plus, incluse dans la prestation unique individualisée. Il s'agit de « libérer le marché immobilier », de « simplifier les procédures » et « normes qui pèsent sur la construction de logements »...
Sur la Santé il veut « une politique de convergence tarifaire entre le public et le privé » et « supprimer le tiers payant ».
Concernant les retraites, M. Fillon prônait le départ à 67 ans dès 2012. Après avoir mené la réforme de 2003 augmentant la durée de cotisation malgré 4 millions d'opposants dans la rue (c'est lui qui donne ce chiffre aujourd'hui), en 2017 il réformera le système radicalement. Les régimes de retraite public et privés seront tous alignés sur le moins disant, les systèmes par capitalisation seront promus, la retraite par points ayant sa faveur car « ça permet de baisser chaque année le montant des points et donc de diminuer le niveau des pensions ».
Les jeunes ? M. Fillon connaît le prix d'un Smicard : toujours trop cher, mais diminuer le SMIC serait trop impopulaire, alors généraliser l'apprentissage permettra « à l'entreprise de recruter des jeunes en alternance à des niveaux de salaire plus bas ». « Le contrat de travail des apprentis beaucoup trop contraignant pour l'entreprise et dont le coût est trop élevé » sera modifié. Et les lycées professionnels et CFA sortiront de l'Éducation Nationale pour être placés sous l'autorité conjointe des Régions et des Branches professionnelles.
« Le système syndical a lui aussi besoin de craquer » et « les délégués syndicaux seront tous obligés de travailler au moins 50 % de leur temps ».
Bref M. Fillon le résume lui-même : « Moi ce que je veux, c'est que le 1er juillet les 2 ou 3 ministres chargés des réformes, l'Économie et les Finances, le Travail pour l'essentiel, arrivent avec des textes prêts et, dans une forme de blitzkrieg (guerre éclair hitlérienne) fassent passer devant le Parlement en utilisant tous les moyens que donne la Constitution de la Ve République : les ordonnances, les votes bloqués, le 49.3, enfin tout ce qui est nécessaire, en l'espace de 2 mois sans interruption estivale, les 6 ou 7 réformes fondamentales qui vont changer le climat de l'économie et le climat du travail dans notre pays» ». « Si on fait tout ça »précise-t-il « on crée un choc qui à mon sens rend très très difficile la réaction sociale que vous craignez ». Puis il organisera « un référendum en septembre qui permet de maintenir la tension électorale, rendant très difficile la contestation sociale pendant cette période... ». Outre 2 questions incitant au vote oui, la question principale visera à inscrire dans la Constitution le principe d'égalité des régimes sociaux, afin de rendre obligatoire leur convergence et d'abattre le régime général.
Gdalia Roulin, lundi 19 décembre 2016.