Malgré les calamités à tous niveaux générées par l'industrie des gaz de schiste, elle reste en expansion dans le monde au mépris des populations, comme celles d'Amérique du Nord ou celles du sud algérien, où la zone aride concernée trouve son eau dans une nappe phréatique de 50 à 60.000 milliards de m³, l'une des plus grandes de la planète étendue sous 3 pays, exposée aux pollutions à cause des forages. Sa contamination et l'épuisement de certaines nappes est une question de vie ou de mort pour les habitants.
Et que croyez-vous qu'il arrive en cas de sécheresse? Au Colorado par exemple, les ressources hydrauliques vendues aux enchères ont été attribuées aux sociétés de forages, plus riches, de préférence aux agriculteurs !
Passons sur l'énorme perte de biomasse due à cette industrie, les séismes, les poisons violents répandus en quantités monstrueuses. Des explosions, des incendies, des fuites dès la première année et des déversements de substances toxiques accidentelles ou criminelles ont eu lieu au Colorado, en Pennsylvanie, en Ohio, en Colombie britannique et en Virginie Occidentale. Les forages de gaz de schistes empoisonnent l'eau, l'air, la terre et tout ce qui vit. Les toxiques injectés remontent dans le sol et ont stérilisé des régions entières. Aux alentours l'air est chimiquement vicié d'une liste de substances hallucinante, cancérigènes, tératogènes, nocives pour les systèmes cardiaque, respiratoire, endocrinien, nerveux (89 % des produits chimiques volatils attaquent le cerveau et le système nerveux), pathogènes pour le foie, les yeux, la peau, bref ce sont des poisons mortels pour les hommes, les animaux, les plantes… à quoi s'ajoute la radioactivité : uranium et radon radioactifs et métaux lourds sont remontés aux USA, avec des concentrations de radon 7 fois supérieures à la moyenne nationale dans les maisons situées près des zones d'extraction.
Et la complaisance des autorités est patente : la surveillance est minime.
L'OMS évaluait récemment à 7millions/an les morts prématurées à cause de la pollution de l’air.
Cette industrie n'a pas même l'excuse d'être bénéfique au climat. Les émanations dépassent tout ce que l'on oserait imaginer. Jusqu'à 9 % des gaz s'échappent dans l’atmosphère lors des reflux etc. D'ailleurs les molécules de CH4 (méthane) sont 5.000 fois plus petites que les porosités des tubages en ciment. Et nul ciment ne résiste aux séismes fussent-ils « mini ». On a observé en Pennsylvanie des pertes de CH4 100 à 1.000 fois plus élevées que les prévisions de l’EPA (l'agence de protection américaine) dont des fuites de 34 g de CH4/seconde.
L'étude de l'Université Cornell aux USA, dirigée par M. Ingraffea, indiquait en 2011 un bilan d'émission de gaz à effet de serre supérieur au charbon ! Selon une étude de l'IRIS (Institut de recherche et d’informations socio-économiques) au Québec, les gaz à effet de serre émis par l'industrie des gaz de schistes représentent une hausse de 5 % des émissions au Québec.
Or en 2013 le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) a corrigé son évaluation du potentiel de réchauffement planétaire (PRP) du CH4. Chiffré à 25 en 2007, il l'estime en 2013 de 75 à 87 fois celui du CO² sur 20 à 30ans, 96 fois aux dernières réévaluations.
L'Institut d'Astrophysique et de Géophysique de l'Université de Liège a étudié l'éthane (données recueillies à 3.580 m d'altitude en Suisse), gaz facilement traçable dont l'émission provient uniquement de l'industrie extractive. « A notre plus grande surprise, nous avons constaté que depuis 2009, ces émissions augmentaient de 5 % par an alors que dans les deux décennies précédentes elles diminuaient annuellement de 1 % ». Ce gaz qui provenait de l'hémisphère nord est apparu corollairement au boom du gaz de schiste et venait donc des USA. C'est un précurseur de l'ozone des basses couches atmosphériques, oxydant des plantes, irritant, provoquant chez l'homme l'inflammation des voies respiratoires.
Alors que les traités européens et de libre-échange érigent la « concurrence libre et non faussée » en dogme nous interdisant de remettre en cause la domination des transnationales entrepreneuriales et financières, le FMI lui-même calcule que les seules entreprises adonnées aux gaz de schistes sont subventionnées en coût réel 4 800 milliards €/an : 9 millions €/minute, soit 6,5 % du PIB mondial, plus que le total des dépenses de santé de tous les pays du monde !
On sait cependant que l'énergie produite par les gaz de schistes en réalité consomme plus d'énergie qu'elle n'en produit. Stupéfiant ! Le rendement pour l'huile de schiste est de 2 voire 1 unité d'énergie produite pour 1 ou 2 unités consommées dans la production (Etude de l'IRIS (2011). Pourquoi engager des milliards, avec la certitude d'empoisonner tout ce qui nous permet de vivre, si ces gigantesques destructions ne débouchent que sur une perte énergétique, quoiqu'on nous vante tant et plus l'indépendance énergétique en contrepartie de la ruine de l'écosystème ? Pourquoi ? Parce que cela rapporte de gras dividendes à quelques-uns, de sales gosses prêts comme Néron à mettre le feu pour jouir un court instant dans leur bulle.
Les hauts rendements ne dépassent pas 1 an ou 2, tandis que les poisons restent. En UE, si le TAFTA est signé, nous verrons les exploiteurs de gaz de schistes reprendre en force une offensive qui ne s'est jamais vraiment calmée. Pourtant le seul avantage des gaz de schistes, je dis bien le seul, c'est de prolonger la fortune financière des grands pétroliers, trop habitués à ruiner les milieux naturels sans que cela nuise à leur portefeuille ni à leur rang social.
Aux USA, 70 % du gaz de schistes sert au chauffage des habitations. À une époque où l'on sait construire des maisons à énergie positive !
La société s'en remet aux ultra-riches, de gré ou de force, pour prendre les décisions politiques, celles qui engagent les conditions de vie de tout un chacun. C'est un point clef, car c'est de ce fait que les choix aberrants que nous constatons tous les jours sont validés (et c'est un autre scandale habituel de constater que les plus pauvres sont aussi ceux qui sont réduits à supporter les plus mauvaises conditions sanitaires, sans avoir jamais voix au chapitre). C'est ce rapport de force qu'il faut changer, et il semble évident que sur des bases sensées, une assemblée réellement démocratique choisira d'installer des sources d'énergie propres, en tenant d'abord compte de ce qui permet de vivre en santé, plutôt que de s'inféoder aux désirs insatiables des « grands groupes » de fabriquer pour eux-mêmes toujours plus de rentabilité et de s'accrocher à leur position dominante coûte que coûte. Dans une société saine le respect des éléments vitaux devrait être une priorité absolue, il devrait être interdit de polluer, alors que dans notre civilisation pervertie nous devons nous battre « dans la sueur et les larmes » pour faire entendre le simple bon sens contre des intérêts certes puissants mais parfaitement artificiels et particuliers
Par exemple, au lieu d'enterrer le dernier rapport de l'ADEME qui démontre la possibilité de plusieurs scénarios au choix pour produire l'électricité en France à partir de sources exclusivement renouvelables, nous devrions nous attacher à utiliser ces données, à améliorer encore le projet et réaliser les installations nécessaires, qui peuvent parfaitement commencer localement sans renoncer aux décisions générales indispensables.
Alors que la menace du réchauffement climatique et de ses effets exponentiellement cataclysmiques n'est plus scientifiquement mise en doute, on peut déjà affirmer que la COP 21 ne s'attaquera même pas au problème, puisque dans le pré-accord atteint difficilement, il n'est aucunement question des énergies fossiles, encore moins donc de stopper leur extraction, ce qui serait la seule bonne chose à faire dans ce domaine et sans traîner. Il n'y a rien à attendre de nos « responsables » trop bien formatés dans les sphères du pouvoir. En 20 ans de négociations, les émissions mondiales ont cru de 60 % !
A chacun de prendre ses responsabilités. Politiquement. C'est-à-dire en s'inscrivant dans la vie sociale et les perspectives collectives.
Gdalia Roulin, 27 octobre 2015.