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Billet de blog 25 juin 2023

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Quand l’inter-LGBT détruit la fierté LGBT

Comme beaucoup attristé et choqué par l’organisation de la marche des fiertés. Une fausse politique qui dépolitise la marche, détruit la fierté LGBT - comme si on devait avoir honte d’être LGBT, qu’il fallait se racheter cette identité par la correspondance à des formes politiques conventionnelles.

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Comme beaucoup attristé et choqué par l’organisation de la marche des fiertés de ce 24 juin à Paris.

Une fausse politique qui dépolitise la marche, détruit la fierté LGBT - comme si on devait avoir honte d’être LGBT, qu’il fallait se racheter cette identité par la correspondance à des formes politiques conventionnelles. 

Si, quand j'avais 16 ans et que je me suis rendu à ma première marche, celle-ci avait ressemblé à un traditionnel défilé elle n'aurait jamais pu produire l'effet de libération et d'enthousiasme qu'elle a provoqué sur moi et sur tant d'autres après. 

Effet produit précisément par son aspect excitant, festif, vivant, sexuel.
Cest cette multiplicité de corps heureux et dansants qui produit une sorte de suspension momentané de l'ordre et de l'évidence hétérosexuels dans l'espace public qui est radicalement politique.

Pour la pride, c'est de cette manière qu'elle est puissante.. et inclusive. La faire ressembler à une marche comme les autres sélectionne un public déjà sélectionné et produit des effets d'exclusion sur celles et ceux qui ont le plus besoin, ce jour là, d'un jour d'affirmation.

Cette pride n'était pas plus politique comme on le répète parfois mais moins politique, moins radicale, moins perturbante. Elle correspondait juste mieux à la définition de la politique propre à l'habitus spécifique de certains groupes militants et/ou professionnalisés qui confondent faire de la politique et reproduire toujours les même rituels connus et reconnus, accomplissant ainsi une forme d'impérialisme et d'homogénéisation des modes de lutte, au détriment de leurs spécificités et de leurs singularités...

Croire qu’une marche est plus politique parce qu’elle est plus ennuyeuse est une perception totalement conservatrice. 

L’absence de chars produit une invisibilisation totale de tous les groupes, de toutes les communautés qui affichaient leur existence à cette occasion. Elle a conduit à la disparition de l'affirmation de toutes les communautés dans leurs diversités, leurs désirs, leurs expressions. C'était comme si l'on voulait homogénéiser et cacher toutes les formes de vies LGBT qui dérangent - et qu'on accomplissait le destin réactionnaire de les effacer du paysage. 

Pourquoi quinze personnes décident pour nous tous de ce qu’est la pride ???

Peut-être faudra-t-il un jour organiser un stonewall contre l’Inter LGBT pour réaffirmer la visibilité et la fierté LGBT,  dont  ils semblent de plus en plus empêcher l’affirmation.

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