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L’ONG Utopia 56, très active, pour un accueil digne des réfugiés, dénonce cet appel des Etats qui aimeraient prendre des décisions sans les voir contestées par la CEDH. Concrètement, craint l’ONG, c’est exposer davantage des personnes au renvoi vers d’autres pays, où elles pourraient être exposées à des persécutions et un danger de mort. Où serait le respect de la dignité en Europe si on ne faisait pas rempart à la barbarie ?
Ces pays ignorent qu’en Espagne, on a calculé que l’immigration est à l’origine de 70% des emplois créés, la Banque centrale européenne estimant à 80% la croissance espagnole due à l’impact des travailleurs étrangers. Du coup, le parlement de Madrid régularise pour la 7e fois depuis 1986 et la première depuis 2005, jusqu’à 470 000 personnes (en excluant ceux qui ont un casier judiciaire). En 2024, 458 000 personnes étaient immigrés légaux dans ce pays.
Mieux, ce projet de régularisation ne vient pas du gouvernement espagnol, mais d’une initiative législative populaire lancée en 2022. Ainsi, les citoyens espagnols peuvent soumettre un texte au Congrès s’ils ont réuni un demi-million de signatures, un processus aidé cette fois-ci par 900 organisations qui n’ont eu aucun mal à les obtenir. Pour ces militants espagnols, il fallait corriger une terrible injustice : des centaines de milliers d’étrangers participent à la vie du pays sans avoir le minimum de droits fondamentaux. Certes, l’Espagne y est encouragée par un très faible indice synthétique de fécondité, l’un des plus bas de l’UE. Ne vaut-il pas mieux reconnaître l’apport des étrangers par l’emploi plutôt que le déclin ? Même le Parti populaire espagnol, pourtant à droite, a été sensible à cet appel qu’on doit autant au patronat Espagnol qu’à une importante ONG qu’est Caritas.
Cet exemple est cité pour montrer que la lettre ouverte des Etats qui veulent se fermer n’est fondée sur aucun argument économique, en laissant de côté les questions humanitaires liées à la guerre, au dérèglement climatique, à la pauvreté.
Durant ces dix dernières années, malgré des millions d’euros injectés dans la répression et les tentatives de dissuasion, les personnes exilées continuent de chercher refuge en Europe. Les rêves d’étanchéité des frontières sont des chimères de l'extrême droite, qui auront couté la vie plus de 30 000 personnes en Méditerranée. Soutenons des associations comme Utopia 56, qui refusent d’accepter cette vision d’une Europe forteresse repoussant les personnes étrangères à ces frontières. « Nous luttons chaque jour, pour un accueil digne et solidaire, partout. »
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Sur le blog
«Pourquoi la haine des migrants et des immigrés?» (Gilles Fumey)
«La bonne affaire des frontières» (Renaud Duterme)
«Le business meurtrier des frontières» (Manouk Borzakian)
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