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Manouk BORZAKIAN (Neuchâtel, Suisse), Gilles FUMEY (Sorbonne Univ./CNRS). Renaud DUTERME (Arlon, Belgique), Nashidil ROUIAI (U. Bordeaux), Marie DOUGNAC (U. La Rochelle)

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Billet de blog 1 juillet 2023

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Entre terre et ciel

Il y a des humains qui ont gardé les capacités à se mouvoir comme les espèces arboricoles dont nous descendons, si l’on en croit Darwin. (Gilles Fumey)

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Illustration 1
Amazonian Vertigo, le film d'Evrard Wendenbaum qui retrace l'expédition au Salto Angel de Stéphanie Bodet et Arnaud Petit

Stéphanie Bodet et Arnaud Petit partagent leur passion de grimper depuis longtemps. A la verticale de soi (Guérin, 2016) et Habiter le monde (L’Arpenteur, 2019) ou Escalade, initiation, plaisir et progression (2018) sont des livres qui les ont fait connaître. Les voici à nouveau accrochés à de « nouvelles parois de légende » (Glénat) sur tous les continents, mais majoritairement en France. « Trente années d’escalade, le fuit d’une vie » écrit Arnaud.

Qu’est-ce qui pousse les humains à se confronter au monde physique de cette manière ? Autant de réponses que de pratiquants. Alain Robert, 60 ans, aime raconter comment il a découvert le solo intégral, autrement dit l’escalade sans corde, à mains nues, aussi bien sur les montagnes et les falaises que sur les buildings où il entretient son goût de l’interdit. Alors qu’il était un gamin introverti « qui avait peur de tout mais rêvait d’être courageux, comme Zorro, Robin des bois ou d’Artagnan ».

Sa peur du vide (dans les gorges du Tarn) est domestiquée très tôt lorsqu’il escalade pour la première fois les balcons d’un immeuble de sept étages à Valence (Drôme). Chez les scouts, il ouvre des voies avec ses potes, lit Rebuffat qui lui apprend ce que sont neige, glace et roc, se lance en solitaire jusqu’à titiller le fil entre la vie et la mort. Sans corde, Alain Robert vise la « pureté » du lien avec la montagne. Ses parents ne viennent pas le voir grimper les buildings (on les comprend) mais ses enfants oui. Notamment une voie appelée Pot Pot dans le Verdon, gravie en 1996, « l’une des plus dures de sa vie ». A mains nues sur la façade du City Group Center à Chicago, il se met hors-la-loi, craignant qu’un flic lui tire dessus pendant l’escalade. Les prisons qu’il a connues, les bastonnades des policiers au Japon ou en Malaisie, rien ne l’arrête sur les 170 gratte-ciel qu’il a défiés, pas même les pompiers à Francfort. Jusqu’à la chute de l’automne 1982 à vingt mètres de haut, avec fractures du crâne et des poignets, coma… le poussant à changer de stratégie sans abandonner l’escalade « suprême », en solo. A une exception près, les 828 mètres du Burj Khalifa à Dubaï, vaincus à la corde.

Alain Robert fait passer des messages politiques avec banderoles contre le passe sanitaire du Covid, la réforme des retraites, pour l’indépendance du Népal. Car pour lui, le capitalisme est « un système de merde ». Certains grimpeurs voient le monde ainsi.

Illustration 2
Punta d'u Corbu (Corse)

Si vous partagez cette vision du monde, Stéphanie Bodet et Arnaud Petit ont décrit plus d’une centaine d’itinéraires, dont d’«incontournables» murs français dans le Massif du Mont Blanc, le Vercors, le Verdon, les Calanques et la Corse, les Pyrénées. Et si vous ne voulez pas quitter votre chaise longue pour escalader « l’Infini Péril de la Volupté » dans les tenailles de Montbrison (massif des Ecrins), vous pouvez suivre Tristan Roguiez sur une photo du final (dénivelé 300 mètres). Ou contempler le Punta d’u Corbu (photo ci-dessus), à Bavella (Corse), dont Symon Welfringer photographié ici affectionne par-dessus tout les tafoni de Delicatessen.

Illustration 3
Parmakkaya (Finger Rock), 280 m de dénivelé

Qu’ils soient nommés Eldorado (au Grimsel, dans les Alpes bernoises), Campanile Basso (Dolomites), Heiliger Geist (dans les Météores) qui nous renvoie à la mémorable scène de James Bond, Parmakkaya (Turquie), Barrah Canyon (Jordanie), Wadi Tiwi (Oman), Totem Pole (Tasmanie) avec un retour en tyrolienne, Fleur de Lotus (Logan Mountains, Canada), Ancient Art (photo ci-dessous, USA), El Gigante (Mexique) ou sur le Pain de Sucre (Rio de Janeiro, Brésil), tous témoignent d’une admiration humaine pour la forme qui frise la folie, témoigne de la manière avec laquelle la Terre ensorcelle certains humains. Des aventuriers qui témoignent d’une humanité qui ne s’aime que dans le dépassement.

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Illustration 4
Stollen Chimney (Fischer Towers, USA)

Le "spiderman" français Alain Robert grimpe la Tour First avec un journaliste de BFMTV

Pour en savoir plus :

Grimper et courir sur les sommets (Gilles Fumey)

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Illustration 5

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