Le monde vu de l'arrosoir
- 2 mars 2021
- Par Géographies en mouvement
- Blog : Le blog de Géographies en mouvement

Simon et L. décampent du quartier Jussieu à Paris pour une maison de la banlieue. A Cachan, ils se cachent de leur proprio qui tient à les faire banquer pour un appartement qu’ils ont fui pour ne pas rester enfermés. De ce 1er avril jusqu’au 30, Simon aquarellise, écrit, griffonne, découpe la presse, colle, assemble tout ce fatras en des doubles pages somptueuses. Ce diaire assemble le jour, la nuit, le dehors, le dedans du monde, les humeurs en couleurs où le bleu efface le sépia qui annonce le gris, le jaune, l’ocre, le vert, le rouge, parfois le tout en fusion, enveloppant des personnages, des arbres, des végétaux aux formes souples, rondes étreignant le visage de L.

Héros de la chronique, le jardin est l’exutoire de toutes les angoisses et les promesses de ce temps inédit. Il entre dans les chambres, le salon, il émerge du geste d’un François d’Assise semeur aux oiseaux, du soin de l’arrosage, d’un dialogue de gestes et d’attentions pour les asters, les soleils, la coriandre, de la « gaze de vrombissement » des abeilles, de la tristesse de voir un cerisier dont « les feuilles sont vérolées d’un parasite insaisissable ».

Soudain, Simon est inspiré par ses poumons auxquels il offre une « hymne » vibrante aux 426 millions de respirations qu’ils ont pratiqué en cinquante huit ans, alimentant le « biniou de la vie » en Bretagne, ventilant la carcasse pendant les nuits sans jamais faire faux bond, pompant l’air nécessaire pour le vélo y compris en milieu hostile, aérant les pensées, soufflant dans les voiles du temps qui passe.


L'apologie de l'arrosoir se demande chez l'éditrice Akinomé
Nous avons déjà parlé des magnifiques livres de Simon, celui sur l'Inde, et la Chine.
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