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Aujourd'hui, un livre raconte une extraordinaire odyssée scientifique qui pourrait changer le cours du monde. Il pourrait être dédié à tous ceux qui prennent l’avion sans obligation, juste pour leur agrément. Il leur permettrait d’imaginer l’importance des questions énergétiques actuelles et de réfléchir à leurs actes, plutôt que de se soumettre à leurs rêves ou aux diktats de la publicité. Car ce voyage (en chambre) avec Energy Observer écrit par Gilles Luneau qui a suivi une équipée scientifique exceptionnelle vaut bien vaut bien ceux des explorateurs partis reconnaître et cartographier la Terre au 18e siècle. Aujourd’hui, l’enjeu est de sauver la planète d’un désastre provoqué par le court-circuit que nous infligeons au carbone terrestre.
Voici donc un voilier de légende, Enza New Zeland, qui se métamorphose en navire expérimental, Energy Observer, et devient une plateforme de recherche fonctionnant grâce à un mix énergétique renouvelable. Photovoltaïque, éolien, hydrolien, hydrogène extrait de l’eau de mer : telles sont les sources énergétiques de ce catamaran unique au monde puisant ses forces dans le soleil, le vent et l’eau océanique.

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Energy Observer a bouclé une odyssée de totale circumnavigation terrestre pendant sept années au cours desquelles il a parcouru 68 000 milles nautiques. Soit cinquante pays visités en cent une escales au cours desquelles le capitaine Victorien Erussard et son équipage de 21 marins, ingénieurs, scientifiques et journalistes ainsi qu’une foule de soutiens terrestres sont allés à la rencontre de pionniers de la transition énergétique actuelle. Gilles Luneau a prêté sa plume pour le récit de ce journal de bord d’une aventure scientifique hors-normes (et réussie), qu’on peut comparer à l'exceptionnel voyage américain d’Alexandre de Humboldt (1799-1804).
Se défaire de la drogue dure du pétrole
Entre état des lieux des défis énergétiques mondiaux et témoignages scientifiques sur cet avenir possible d’une autre planète, ce livre est une mine de renseignements. Sait-on que la seule énergie marine (vent, houle, vagues, courants) permettrait de produire une électricité abondante, avec un potentiel renouvelable à 20 TWh, soit la consommation électrique mondiale actuelle? Le pétrole agit sur nos dirigeants et industriels comme une drogue dure dont il faut fermer les vannes.
Il faut écouter Victorien Erussard : « L’aventure de l’Energy Observer est née de ma passion pour la mer, mêlée à une culpabilité croissante » devant la gabegie énergétique des bateaux de commerce et des navires de pêche. L’idée était de montrer des systèmes et réseaux énergétiques à développer « à grande échelle en harmonie avec la nature», sachant que «80% de l’énergie mondiale provient des ressources fossiles». Avec 68 000 milles marins parcourus, soit trois fois le tour de la Terre, l’équipage a pu rencontrer, notamment, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, une somme considérable d’ingénieurs et d’étudiants partageant la vision d’une planète moins carbonée.

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Avec treize films documentaires et plus de 500 vidéos sur YouTube, Energy Observer est aussi un média qui se veut plaidoyer. 350 000 visiteurs sont montés à bord pour comprendre les enjeux de cette mission hors-normes. Le récit haletant nous emmène en Méditerranée où l’on fait le plein de soleil, en Europe du Nord pour comprendre les enjeux posés par la biomasse et le gaz naturel, dans l’Atlantique pour comprendre comment l’océan est un moteur du climat, dans le Pacifique pour savoir ce qu’est l’énergie marine, en Asie pour découvrir les batteries de transition, en Afrique la géothermie, en Amérique du Sud l’éolien et l’hydraulique, en Amérique du Nord l’hydrogène et les e-fuels, en France le nucléaire.
Chaque étape est l’occasion d’un récit plein d’émotions, telle cette halte aux Galapagos, où les «poissons semblent prendre les navigateurs pour leurs lointains cousins, où les otaries roupillent sur les bancs, les iguanes arpentant les quais, les eaux fourmillant de raies et de requins.[...] Un monde d’avant le chronomètre et la machine». Cet aparté donne une idée du voyage unique auquel nous sommes invités. Unique, avec des photos à couper le souffle, voisinant avec des infographies qui donnent un air de carnet de voyage, avec ce que ça comporte de détours, d’enjambées, de surprises. Qui aurait pensé que le rocher sinistre de Sainte-Hélène où s’est morfondu Napoléon après avoir mené la guerre en Europe, a pu être une étape convoitée avec Jamestown, escale sur la route des Indes avant l’ouverture de Suez avec sept cents bateaux mouillant chaque année, apportant son lot de graines et de plants ?
Energy Observer laisse espérer un avenir qui pourrait nous faire échapper à l'apocalypse dessinée par le GIEC.

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