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Après les sapins de Noël au bilan environnemental catastrophique, les fleurs de la Saint-Valentin portent un bien douteux message d’amour : elles sont contaminées jusqu’à 46 résidus de pesticides différents. Roses, chrysanthèmes et gerberas qui sont les stars du jour chez les fleuristes ont été examinées en laboratoire. Des quinze bouquets issus de ventes en ligne ou de la grande distribution, on peut conclure qu’aucun n’est propre. Chaque gerbe peut contenir en moyenne près de 12 résidus de spiroxamine, carbendazime, thiaclopride, thiophanate-méthyl, difénoconazole... repérés par UFC-Que choisir. La très grande majorité de ces molécules sont interdites dans l’Union européenne. Toxiques pour la santé humaine (mutagène, cancérigène, perturbateur endocrinien, toxique pour la reproduction) et l’environnement, certaines sont interdites comme le carbendiazime depuis dix ans. Et en 2025, elles sont encore plus d’une trentaine présentes dans les deux-tiers des gerbes qu’on offre ce 14 février.
Comment en est-on arrivé là ? L’origine extra-communautaire des quatre cinquièmes des fleurs venant d’Afrique subsaharienne (Ethiopie, Kenya) et d’Amérique latine (Colombie, Equateur) explique la pénétration de plantes cultivées sans véritable contrôle chimique. L’Union européenne n’a pas fixé de règles pour l’entrée de ces végétaux sur le marché intérieur. Elle n’a pas non plus fixé de limite légale maximale de résidus de pesticides pour les fleurs. Ce n’est pas faute d’avoir été avertie par les organisations environnementales comme Pesticide Action Network qui agissent pour demander un contrôle sanitaire aux frontières.
Il a fallu la reconnaissance par la justice en octobre 2024 de la contamination d’une fleuriste par des pesticides durant une grossesse pour établir le lien entre la manipulation de fleurs contaminées et le cancer de son enfant, décédée à l’âge de douze ans le 12 mars 2022. Depuis ce jugement, le ministère de l’agriculture et l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) étudie les mécanismes d’exposition aux pesticides. Du coup, l’Anses plaide pour que l’étude soit menée aussi sur les acheteurs de fleurs. Rendu des conclusions : en 2027. D’ici là...
D’ici là, UFC-Que choisir exige l’étiquetage de l’origine des fleurs. Sans garantie sur la qualité de l’information, puisque des roses contaminées ont pu être repérées par l’association et pourtant étiquetées du label « Fair trade ». Lequel, pour sa défense, ne signale que les pesticides «hautement toxiques». Du reste, les horticulteurs français utilisent aussi des pesticides comme l’a montré l’analyse citée plus haut.
Reste quelques pratiques vertueuses comme celles en vigueur chez certains fleuristes indépendants dont les boutiques sont en ligne sur le site de Sessile. L’agence de la transition écologique et l’Institut technique horticole imaginent un outil calculant l’impact environnemental (bilan carbone et biodiversité) et sanitaire des bouquets. Une autre initiative est le Collectif de la fleur française, association au service de la fleur locale et de saison, alliée avec d’autres groupes comme Floret Flowers (Etats-Unis), Belgian Slow Flower et Slow Flower Italy du mouvement international Slow Food.
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À lire/voir
La rose assèche les lacs d'Ethiopie (Monde Diplomatique)
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Sur le blog
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