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Manouk BORZAKIAN (Neuchâtel, Suisse), Gilles FUMEY (Sorbonne Univ./CNRS). Renaud DUTERME (Arlon, Belgique), Nashidil ROUIAI (U. Bordeaux), Marie DOUGNAC (U. La Rochelle)

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Billet de blog 20 avril 2024

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Journée de la Terre 2024. Plus propre, la planète ?

Les incivilités poussent des associations à se mobiliser pour sensibiliser aux questions environnementales et citoyennes. Des ONG tentent de maintenir l'idéal d'un monde plus propre poussant les humains à changer leurs modes de vie. Slow Food appuie les Marchés de la Terre pour lutter contre les plastiques dont les dégâts sanitaires sont considérables. (Gilles Fumey)

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Illustration 1
Contre les incivilités à Paris. © Green Bird

Ils sont une dizaine de jeunes (majorité femmes), armés de sacs poubelles, à arpenter une rue d'une ville ou une plage pour ramasser les déchets abandonnés sur la voie publique. On les croise, membres d'une association comme Green Bird, fondée en 2003 au Japon, mais aussi une foule de collectifs associatifs dans les petites comme les grandes villes ramassent canettes,  emballages, serviettes de papier, mégots, tissus, etc. Encore peu visibles en France, ils se développent dans les quartiers des métropoles, les villes moyennes - dont les édiles n'aiment pas la publicité qu'ils font aux services de voierie défaillants. Ils font partie d'un mouvement émergeant dont Let's do it Foundation qui lutte contre la pollution avec des «nettoyages citoyens». Accréditée par le Programme des Nations unies pour l'environnement, cette ONG a été créée en 2008 en Estonie. Aujourd’hui, elle est présente dans plus de 130 pays, peu en France, mais elle mobilise 30 millions de personnes pour chaque opération dans le monde. La Journée de la Terre 2024 est une initiative parmi d'autres pour mener la bataille. 

Le pire de la collecte vient du plastique dont le secteur alimentaire use et abuse. Pour Eddie Mukiibi, président de Slow Food, une ONG promouvant le «bon, propre et juste», il est «urgent de dénoncer l’abus de plastique dans le secteur alimentaire, de la production à la distribution. Des matériaux très nuisibles à la santé de l’environnement, des humains et des animaux. Il existe des alternatives à cet usage massif, mises en place par les Marchés de la Terre locaux. Nous appelons de toute urgence les personnalités politique et les lobbies à adopter une vision plus large, à mettre de côté les intérêts économiques et à regarder l’avenir du monde, notre avenir».

L'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture des Nations unies (FAO) estime dans son rapport qu'en 2019, au moins 12,5 millions de tonnes de plastique étaient utilisées chaque année dans le monde pour la production agricole, une quantité équivalente à presque 3,5% de la production mondiale de plastique (359 millions de tonnes), alors que l'emballage alimentaire en consomme 37,3 millions de tonnes. Elle estime plus particulièrement que les secteurs de la production agricole et de l'élevage y contribuent à hauteur de 10 millions de tonnes, suivis par la pêche et l'aquaculture, avec 2,1 millions de tonnes et la foresterie avec 0,2 million de tonnes.

Illustration 2
Nkonkonjeru Earth Market © www.fondazioneslowfood.com

Slow Food organise dans le monde entier des Marchés de la Terre, qui sont des paysans vendant directement aux consommateurs, dans une forme d’économie circulaire qui préserve autant les moyens d’existence des paysans que la planète. Les pays riches n’ont pas le monopole de la vertu, loin de là. Ce qui se passe en Turquie, en Colombie, au Mexique et à Porto Rico est édifiant.

En Turquie, le marché de la Terre de Tarsus se veut quasiment zéro plastique depuis son ouverture, explique sa coordinatrice Yasmina Lokmanoglu. «Nous organisons actuellement des séminaires et ateliers sur les dangers du plastique et des objets à usage unique destinés aux clients et producteurs du marché. Nous recherchons également des matériaux de remplacement et tentons de donner l'exemple aux autres marchés de la région et du pays. Les visiteurs sont d'abord surpris, et puis la fois suivante ils viennent avec leur sac en tissu. Le monde est dans l'impasse face au plastique, et nous voulons essayer d'éduquer nos clients.»

Au Marché de la Terre de Bogotá, en Colombie, les producteurs travaillent sur des initiatives de recyclage des sacs depuis 2017, ce qui a mené à la création de l'Arbre à sacs, ou árbol de bolsas. «Les clients rassemblent les sacs en papier, en tissu ou peu importe le matériau, dont ils n'ont plus besoin, les rapportent au marché et les placent sur notre arbre à sacs. L'idée est de faire circuler les sacs existants qui ne sont souvent utilisés que quelques fois et sont encore en parfait état, prêts à être réutilisés» explique Yurani López, coordinatrice du marché.

Le Marché de la Terre de Capital Verde à Mexico concentre ses activités sur la réduction du plastique à usage unique. «La grande majorité de nos producteurs utilisent des emballages en verre lorsque c'est possible et pratiquent la consigne, explique le coordinateur du Marché de la Terre Octavio Navarrete. Généralement, pour réduire l'usage de plastique à usage unique, nous sensibilisons les acheteurs à l'importance d'apporter ses propres sacs réutilisables.»

Le Marché de la Terre d’Aguadilla à Porto Rico mène actuellement une série d'initiatives pour réduire les déchets et pousser au recyclage. «Les producteurs de jus utilisent des bouteilles en verre d'un litre, tandis que les vendeurs d'œufs récupèrent les boites en carton», explique Julitza Nieves, l'une des coordinatrices du marché.

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Pour en savoir plus sur les Marchés de la Terre de Slow Food : https://www.slowfood.com/biodiversity-programs/earth-markets/

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Sur le blog

«Comment nous vivons dans des mondes toxiques» (Gilles Fumey)

«Slow Food, nouvelle génération» (Gilles Fumey)

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