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Autrefois, la géographie avait comme utilité de « découvrir le monde ». Non sans ambiguïté, mais les expéditions comme celle de Lapérouse ou Humboldt, voire celle de Charcot ont parfois donné lieu à des livres aux éditions critiques de la Société de géographie expliquant très bien le contexte de ces voyages la plupart du temps aux finalités scientifiques. Aujourd’hui, la même Société de géographie ne se hasardant que peu sur les marges du monde connu et inconnu, s’est transformée en agence de voyage et promène des retraités aisés en croisières : la dernière en date a lieu en ce moment « en Croatie et au Monténégro » à bord de MV La Belle Adriatique (sic). Les navires qui ont sillonné le Douro, les fleuves russes, le Danube, etc, n’ont, pour l’instant pas été l’objet d’une action de la part des ONG environnementales. Mais cela ne saurait tarder...
Certes, les classes moyennes supérieures ne sont pas les plus nocives sur le plan climatique, mais les ultra-riches, fuyant les activistes du climat, se réfugient plus loin sur la planète, où seuls les pingouins pourraient les poursuivre... L’Antarctique est devenue la cible des croisiéristes, telle la Compagnie du Ponant, propriété du milliardaire François Pinault, qui n’hésite pas à vanter son « écoresponsabilité » sur ces navires défiscalisés et hyperpolluants. Jugeons : en cinquante jours, environ 300 personnes émettent une empreinte carbone moyenne de plus de 3500 Français sur une année. Une guide (repentie) avouait que la plupart des passagers ne regardaient même par le paysage pour lequel ils ont payé : « ils jouent à Candy Crush sur leur téléphone, prennent un verre de champagne avec leurs nouveaux amis, parfois dos au paysage ». Jean-François Suhas, qui tente de faire entrer les croisières dans la transition énergétique parle avec les carburants issus des résidus de colonne de distillation (un tiers moins chers que les plus raffinés) de « sang impur de la globalisation ».
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L’ONG Stop Croisières vient de mobiliser un collectif « Sémaphore » à Douarnenez (Finistère) pour bloquer l’arrivée d’un navire de croisière le 6 mai 2023. Une action pour rien ? Non, puisque l’escale du MS Europa du 21 mai a été annulée et le navire suivant, mouillant le 21 juin, a été accueilli par un collectif lorientais dénonçant ces 450 passagers débarquant à 7 heures du matin pour dépenser (ou non) leur argent dans les boutiques du centre de Lorient. L’appel était ainsi rédigé : « Ces bateaux sont des méga-pollueurs, le pétrole non raffiné qu’ils brûlent équivaut aux émissions carbone d’un millions de voitures. Un tel navire peut brûler 100 tonnes de carburants par jour. Tout ça pour servir le tourisme de luxe, qui ne concerne que les plus aisés. Plusieurs collectifs bretons venant de Douarnenez, Quimper, Lorient, Concarneau, se liguent pour lutter en commun contre ce tourisme destructeur et insensé. »
Les communiqués de l’Agence européenne de l’environnement sont pourtant éloquents : le transport maritime est l’un « des moins régulés » au monde. Les entreprises de transport routiers et les particuliers font des efforts pour réduire leur impact, mais pour la mer, on reste dans une jungle juridique. Parce que les pays exportateurs de pétrole, de produits agricoles et miniers protègent leurs entreprises. Même si la par des émissions de gaz à effet de serre continue d’augmenter dans les mers et les océans…
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Pour en savoir plus :
https://www.mediapart.fr/journal/economie/230418/paquebots-de-croisiere-un-succes-noirci-par-la-suie
A Ajaccio, les bateaux sont indésirables
https://stop-croisieres.org/
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