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Billet de blog 23 novembre 2025

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Charger le capitalisme libertarien : non à la guerre!

Ils ne sont pas si nombreux ceux qui, venant de la finance dénoncent l’économie casino dans laquelle le capitalisme libertarien met le monde. Marc Chesney s’indigne du despotisme d’oligarques cyniques et sans scrupules obsédés par leur richesse et le pouvoir qu’elle leur donne. Un pouvoir qui pourrait plonger le monde dans une nouvelle guerre. (Gilles Fumey)

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Attention, la charge est puissante. Venu de la finance qu’il enseignait à l’université de Zürich (Suisse), Marc Chesney sort le bazooka. La finance casino est dans son viseur. Et dans l’intervention qu’il fait au festival L’autre livre qui se tient à la mairie du 5e arrondissement de Paris, il s’indigne qu’un chef d’état-major des Armées au Congrès des maires de France puisse affirmer que la France doit «accepter de perdre ses enfants». Indignation morale d’abord mais aussi indignation parce que pour lui, la guerre qui menace l’Europe est le fruit d’une économie globalisée – comme elle le fut lors de la Première Guerre mondiale. Une économie aujourd’hui digitalisée, financiarisée qui «a permis de mettre en place un système accéléré d’accumulation et de concentration des richesses, jusqu’alors inconnu dans l’Histoire». Citant Musk, Bezos et Zuckerberg dont les «butins» sont de l’ordre de 200 à 300 milliards de dollars en 2025.

Les liens avec la guerre ne sont pas forcément perçus par les citoyens, noyés dans la novlangue véhiculée par l’oligarchie. George Orwell l’avait analysé dans son roman 1984[1] comme un moyen de «limiter la pensée». Aujourd’hui, le monde est conduit par un extrémisme libertarien qui vise à privatiser l’éducation, la justice, la police et l’armée. «Le réchauffement climatique, la destruction du vivant et sa marchandisation inhérente représentent un business lucratif». Barclays, Citigroup et BNP Paribas et une flopée d’autres établissements comme Goldmann Sachs, Group/Natixis, Crédit Agricole, etc., offrent des crédits de forage d’hydrocarbures dans l’océan Arctique à Shell, Gazprom et TotalEnergies.

Le lien avec les guerres actuelles ? Pour Marc Chesney, «tout est lié. Les armes sont financées par les banques centrales qui veillent sur les multinationales, elle sont portées par l’IA, par des entreprises telles Palentir, Google, AirBnb, etc. qui participent de manière indirecte à ce massacre à grande échelle». Car la guerre est consubstantielle au capitalisme dans sa version libertarienne. Produire des armes pour détruire et engranger des profits, telle est l’impasse dans laquelle une poignée d’individus «réunis en conciliabules à Ramstein, Davos ou ailleurs joue au poker la vie de millions d’individus en pariant, par exemple, sur la réaction de Poutine aux décisions de livraisons d’armes à l’Ukraine». Chesney vilipende les médias qui inondent de propagande guerrière : «Comment concevoir qu’il soit justifié de risquer l’existence de populations entières pour que le Donbass soit ukrainien ou russe» ?

Que faire face à des économistes «dans leur bulle, incapables de penser un autre monde possible» ? Bien comprendre que «le système économique prédateur dans lequel se meut l’humanité est incité à souiller et détruire la nature pour subvenir à ses besoins par le travail salarié». Chesney propose de bloquer les transactions sur les marchés financiers et d’effacer les traces informatiques de celles déjà en cours, de refuser les réductions des budgets publics, de ne pas reconnaître les dettes publiques, a fortiori s’il s’agit de financer la guerre, d’arrêter la production et le transport de pesticides pour empêcher la destruction de la nature, de limiter dans les aéroports les vols à des missions exceptionnelles, stopper la production et l’utilisation de biens de luxe (supercylindrées, jets privés, superyachts «accaparés par des egos surdimensionnés». Finalement, socialiser la production «en citant Sophie Vahnich[2], rompre notre isolement pour penser ensemble afin de produire une intelligence collective révolutionnaire, susceptible de faire bifurquer l’Histoire».

Stop ! Pour faire régresser le sentiment d’impuissance qui nous assaille face aux catastrophes. Une charge qui tonne et qui sonne !

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[1] Paru en 1949.

[2] La Révolution des sentiments. Comment faire une cité. 1789-1794, Seuil, 2024.

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Pour écouter et voir Marc Chesney

Alarme contre la finance casino et la marchandisation du vivant

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