A la fin de la 2ème guerre mondiale
Les conférences et accords de Téhéran (1 décembre 1943), de Yalta (11 février 1945) puis après la fin de la guerre, de Postdam (2 août 1945) ont organisé la réorganisation de l'Europe après la défaite des puissances de l'Axe. L'URSS sortie non seulement vainqueur de la seconde guerre mondiale permettant d'oublier le pacte germano-soviétique, alliance de la Russie communiste et de l'Allemagne nazie, mais encore occupant une large partie de l'Europe centrale par l'Armée Rouge bien avant l'avancée des troupes anglo-américaines à l'ouest.
« La promesse d'élections libres dans les États européens libérés », conclusion de l'accord de Yalta n'a pas résisté à l'asservissement de la Pologne, de la Bulgarie, de la Tchécoslovaquie, de la Hongrie, de la Bulgarie, de la Roumanie, de l'Albanie, Lituanie, Estonie, Lettonie voulue par la Russie de Staline pour créer ce glacis d'états-tampons, de pays-frères asservis à la sauce soviétique, mirage tragique d'un monde heureux pour le peuple et sans lui (ex : le coup d'État de Prague du 25 février 1948).
La fin de l'URSS
La méthode guerre/occupation/annexion/gouvernements fantoches et aux ordres est la matrice de l'URSS. Après la chute du mur de Berlin, la fin de l'URSS grâce d'abord à l'intelligence de Mikhaïl Gorbatchev dans un moment historique décisif a rebattu les cartes. Le Russie n'a pas pu maintenir ses démocraties populaires emportées par une déferlante populaire. Avec l'accès à l'indépendance de 15 états non-russes, elle a réuni dix des ex-Républiques soviétiques dans la Communauté des Etats indépendants (CEI).
A la suite de la guerre d'Ossétie du Sud, la Géorgie amputée en est sortie en 2009.
L'Ukraine en est sortie en 2018. Poutine avait-il ce plan d'agression dès cette date ?
Le pacte de Varsovie avait vécu. L'Otan s'est maintenue et a intégré de nouveaux pays à l'est à leur demande comme l'Union européenne s'est élargie avec de nouveaux membres. Faute d'une politique de défense européenne au sein de l'UE, l'OTAN a perduré jusqu'à Trump qui voulait en geler le financement pour le laisser aux européens.
Dans l'horreur et le mépris une équivalence de sang
A l'invasion de l'Afghanistan et son cuisant échec, de l'Irak et la naissance de Daech sur ses décombres et maintes expéditions guerrières (Panama, Somalie...) répond la boucherie de Tchétchénie, une guerre épouvantable qui détruisit Grozny et installa le barbare Kadirof aujourd'hui en Ukraine, les crimes de guerre en Syrie au côté du dictateur Assad, les groupes Wagner de mercenaires sans contrôle qui mettent en couple réglée (pour le moment) Mali et Centre-Afrique, les empoisonnements à l'étranger, les assassinats des journalistes...

Qui se souvient encore d'Anna Politkovskaïa, journaliste russe et militante des droits de l'Homme tuée le 7 octobre 2006 à Moscou et tant d'autres meurtres et arrestations comme Navalny exilé, affaibli, après être sorti d'un empoisonnement poutinien. Poutine est ce dirigeant de Russie qui s'enrichit et enrichit les oligarques c'est-à-dire les mafias russes, qui, par répression policière sans faille refuse toute information et contestation en répondant par propagande et mensonges, arrestations, relégations ou disparitions.
Dans l'horreur et les prétextes mensongers, ces grandes puissances se valent, comme la troisième, avec chacune son scénario préférée pour arriver à leurs fins meurtrières. S'est-il senti humilié en 1993 comme Hitler le fut en 1918 ? L'humiliation ressentie n'est qu'un ressort, un prétexte, un poison qui donne l'excuse aux méga-dictateurs sanguinaires pour justifier toutes les barbaries. N'avons-nous pas toutes et tous ressenti·es dans nos vies des humiliations ? Sommes-nous devenues pour autant des monstres assoiffés de sang, de vengeance et de haine ?
Vladimir Poutine veut restaurer un empire russe dans des frontières élargies (sait-il lui-même jusqu'où aller, où s'arrêter, peut-être selon l'occasion qui lui sera laissé pour avaler plus encore) pour que la Russie redevienne cette grande puissance militaire crainte ou menaçante qui équilibrait en Europe la terreur dans la crainte du point final par l'apocalypse nucléaire. En ce sens il veut réorganiser l'Europe à sa périphérie non pour la sécurité de la Russie, prétexte à toutes les demandes mais pour exclure la menace d'une ceinture démocratique - même imparfaite on s'y fait - qui peut miner son pouvoir absolu. Il veut garder le pouvoir absolu, être craint et se rêve en leader mondial à l'égal des deux super-puissances. Peu importe le coût pour son peuple et l'économie de la Russie aux mains des gangs auquel participent ceux qui en Europe démocratique de l'Ouest ferment les yeux pour du profit qui n'a pas d'odeur surtout pas celle des morts et des asservi·es.
L'OTAN responsable quand Poutine massacre ?
Voilà que certain·es, aux deux extrêmes de l'échiquier politique qui se rejoignent trouvent que Poutine a des excuses et aurait été en quelque sorte, poussé à intervenir. : vous comprenez l'élargissement de l'OTAN... la promesse de ne pas élargir (non tenue mais aussi non écrite alors les promesses verbales...). Certes, certes …. Moi je n'ai aucune confiance en un dictateur de cet acabit pour respecter quelque promesse que ce soit, l'Histoire le dit assez, quand ce qui compte est le seul rapport de force obtenu par la guerre.
De là à faire de la guerre de Poutine la résultante de ces « raisons », c'est inverser promptement la responsabilité de cette agression meurtrière qui nous conduira on ne sait où. C'est un regard sur le passé qui pollue le présent et marque la persistance d'un anti-américanisme dogmatique et idéologique (garant verbalement d'un anti-capitalisme de principe) porté dès la fin de la guerre, dans les années 50 et 60 par le slogan « US Go home » piloté par le PCUS, ravivé par l'affaire des missiles de croisières Pershing/SS20 au milieu des années 80. C'est un dogmatisme qui minimise la responsabilité du dictateur russe et de fait atténue sa responsabilité dans les massacres passées et à venir. Bonjour pour les victimes.
L'OTAN aujourd'hui est remise en selle par Poutine qui la rapproche de ses frontières, beau résultat quand il voulait l'éloigner ! En l'absence d'une défense européenne assumée par les européens, dans la nouvelle configuration géostratégique qu'a ouvert cette guerre "incroyable" sur le sol européen, c'est encore malgré ses défauts et sa gouvernance US la seule possibilité de dissuader Poutine d'autres guerres un peu trop loin. Hélas ou pas c'est ainsi, quand aucun pays européen seul ne peut réaliser cette dissuasion.
Certes, comprendre comment nous en sommes arrivés là n'est ni mineur ni un détail mais attribuer la responsabilité de cette agression aux « occidentaux » en se nourrissant d'anti-américanisme bon marché quand cette agression, cette guerre déclenchée par la seule Russie n'est même pas terminée est indécent et obscène. A mes yeux, c'est la manifestation d'une impuissance ressentie face à cette tragédie qui nous secoue tou·tes profondément en invoquant des « explications » inopérantes pour la recherche d'une solution diplomatique sauf à vouloir répondre aux exigences de « dénazification et génocide » de Poutine qui ne se contentera plus de l'annexion acceptée de la seule Crimée et du Dombass « indépendant ».
Acculé ou Europe faible, Poutine est dangereux
Qu'il se sente acculé, Poutine est dangereux surtout dans cette phase d'avancée guerrière que menace l'escalade interne (en Ukraine) et externe (en Europe et armes non conventionnelle finales). Qu'il sente une faiblesse par abandon de l'Ukraine à son terrible sort ou par une diplomatie qui céderait devant ses exigences obtenues par la guerre, le rend tout autant dangereux. C'est entre ses deux récifs que doit naviguer une solution diplomatique au plus vite. Négocier est un vœu pieu quand l'agresseur veut gagner sa guerre et met le paquet. Pour mettre fin à cette guerre, à cette offensive avant qu'elle ne se transforme en guerre des partisans, il ne peut y avoir accord qui accepte l'annexion de la Crimée ni de Dombass indépendant même si un processus de paix dans la durée est nécessaire.
On ne remodèle plus les frontières par la force ou un accord de Postdam non respecté.