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Billet de blog 4 mars 2025

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De feuillages aux fronts sur les décombres de la barbarie qui est là

Le monde a changé entre mon départ le 10 janvier et le retour le 26 février. En accéléré selon ce que je vois et comprends de la barbarie qui est là. Elle rend plus encore nécessaire les combats pour ce qui reste de possible hors de toute résignation. Le temps est venu de la Résistance et de l'attention aux autres hors de toute radicalité des mots qui ne changent rien.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

S'éloigner durant quelques sept semaines de France pour un lointain pays montre à quel point la crête des vagues anime la vie publique et bien souvent les Unes des journaux, pas tous, un peu comme si le quotidien de l'information, des discussions publiques, de l'actualité était le cambouis et l'huile usagée inévitable du moteur "actualités". Ce zoom arrière ne fait pas que déplacer le regard pour embrasser une zone plus large mais le décentre des questionnements habituels et falots sur le sexe des anges, souvent présenté comme rupture ou tournant du siècle. L'information continue 24h sur 24 a profondément changé la manière de traiter l'actualité en en faisant un continuum sans fin où chaque instant compte et doit être vu, dans un nivellement consternant : tout est important = tout est banal. Sont donc brassés les sujets-météores pour ne rien traiter d'autres c'est-à-dire le courant marin des tendances lourdes qui pèsent sur le présent et plus encore dans l'avenir proche et lointain. Celui-là peut attendre pour faire des vagues le spectacle de l'information, show permanent entre scandales de pacotille pour ignorer les autres et émerveillement béat pour ignorer les lueurs matinales où bruissent les sons de la vie qui s'éveille : histoire de mieux manipuler entre deux publicités quand le quotidien de tant est de trimer sous des ordres imbéciles et brutaux pour ne vivre qu'au jour le jour si ce n'est pas survivre. Avec la complicité tranquille de tous et toutes, le téléphone portable toujours en main dès le plus jeune âge, emporte ce qui reste d'humanité, de communauté, de cultures authentiques, de liens partout dans le monde, capte l'attention à tout instant pour ignorer un proche, pourtant bien présent là, qui regarde et parle, pour ne plus faire confiance qu'à la seule source des mêmes que soi.

J'ai amorcé ce voyage avant que Bayrou ne soit enfin rattrapé par son silence et son déni obstiné (les politiques, à de rares exceptions près, ne connaissent que le déni comme défense) sur les violences à Béttharam, avant que le fanfaron narcissique et brutal n'accède à la Maison blanche précédé de déclarations fracassantes et de soutien aux plus extrémistes européens (AFD, Farage...), celles qui fracasse notre humanité pour la loi de la jungle.

Lire 15-02-25 Mathide Mathieu "Affaire Bétharram, réforme de la justice : la République contre ses enfants"

Infanticides et violences faites aux enfants

A peine le procès de Mazan terminé et sa kyrielle d'accusés finalement condamnés - un procès hors norme de violeurs ordinaires - grâce au courage de Gisèle ex-Pellico s'est profilé celui de cet ex-chirurgien Le Scouarnec dans l'énormité de ses 299 viols d'enfants et d'adolescentes sous couvert de la blouse blanche du soignant.

21-12-24 Michaël Hajdenberg « Viols de Mazan : le vécu des journalistes »

Médiapart ne s'est pas trompé qui a mis en Une les violences faites aux enfants, niées, cachées comme admises par notre société qui laisse faire dans un silence complice, irresponsable et si commun, laisse détruire ces jeunes vies dès le plus jeune âge comme si devenir plus grand effaçait ces fêlures, ces failles, ces fractures de leur psychisme violenté.

Edition spéciale du 2 février sur MDP : « Infanticides : ces morts qui nous regardent » en particulier l'article de Mathilde Mathieu : « Un an d’infanticides : les ressorts d’une violence immuable »

Le cœur de la cause des femmes est la cause des enfants : quelles que soient nos fragilités, les plus fragiles d'entre nous, ce sont ces enfants qui doivent vivre, s'ils ne meurent avant, avec des bottes de plomb. Combien de vies gâchées qui demandaient à vivre ? Combien de vies d'adultes gâchées dès leurs jeunes années ? L'horreur saisit devant l'énormité de cette violence faite aux enfants.

Fascisme – Nazisme – Trumpisme

Au vingtième siècle, il y eut Mussolini et le fascisme. Post-fasciste Gorgia Melloni ? Fascisme insidieux qui avance et pollue,... Il y eut Hitler et le nazisme dont nous savons ce qu'il laissa comme héritage à l'Histoire et en Europe. Au XXIème siècle, désormais dans la même filiation idéologique, Trump et le Trumpisme, est ce nouveau nom du nazisme cette fois installé à Washington ! Hallucinant !

Lire : sous le titre « Trump II - L'heure du chaos » le 20-02-25 François Bougon : « Trump : un mois, un seul, et un pays déjà en voie de dévastation »

Bien sûr il y en eut d'autres, du génocide arménien au génocide cambodgien, du génocide Rwandais à tous les génocides qui ne font pas les Unes, juste un entrefilet, parce que trop loin, trop cher pour en faire un récit, trop dérangeant si ce n'est trop de complicités passives dans notre pays ; Staline, Mao, Pol Pot, Pinochet et tous les autres pourris de l'Histoire ; des massacres de population sur toute la surface du globe.
Le XXIème siècle a bien commencé lui aussi avec ces populations asiatiques martyrisées, en Chine, au Tibet, ces minorités pourchassées et volontiers tuées... Depuis tant de mois, sous nos yeux avec les images, les analyses et les témoignages qui l'atteste, le génocide des palestiniens du territoire de Gaza et la colonisation forcenée en Cisjordanie et son cortèges de tueries avec la complicité et le soutien actif des USA de Biden à Trump. Le sort du monde se joue aussi à Gaza. Je voudrais bien ne pas penser "s'est déjà joué à Gaza" quand la déportation après les massacres et la destruction systématique est à l'ordre du jour !

Lire : 3-02-25 Invités MDP « Pas d’espoir de paix durable sans justice : des juristes du monde entier se mobilisent pour que le crime de génocide soit reconnu »

Lire : 23-02-25 Jean-Pierre Filliu « Sauver Gaza pour sauver l’Europe »

Trump c'est Hitler d'avant la guerre

Trump c'est Hitler d'avant la guerre, Staline des purges et des déportations. Devons-nous attendre un 2045 (comme cent ans avant) et la victoire pour voir en lui ce digne successeur et son héritage calamiteux ? Il veut déporter tous les palestiniens de Gaza, déporter tous les clandestins des USA mais aussi d'autres pourtant réellement insérés, conquérir le Groënland, le canal de Panama, faire du Canada un nouvel état pour la bannière étoilée, punir les LGBTQIA+ d'être ce qu'ils sont, les femmes de n'être pas soumises et au foyer, interdites d'avortement. En faut-il davantage pour le dire nazi ? Certes les jeunes générations ne verront pas cette filiation qui est celle de l'enfer : la brutalité du traitement infligé à Zélensky et médiatisé est ce que j'imagine de Munich 1938 devant Chamberlain et Daladier … sans les caméras.

Lire 5-02-25 Edwy Plenel « Trump-Musk : l’empire de l’apartheid »

Après bien des années d'incertitude à ce sujet, les USA de Trump ne sont plus les alliés de l'Europe mais sont devenus clairement les alliés de la Russie de Poutine comme son premier mandat l'avait déjà bien tracé, voulant humilier dans un traquenard prémédité son président devant dire humblement qu'il est responsable de cette guerre d'agression menée par la Russie.

Lire  18-02-25 Edwy Plenel « Trump-Poutine : le pacte des oligarques »

L'OTAN n'existe plus que par les européens qui doivent dans l'urgence assurer une défense européenne face aux armées de Poutine et refuser une paix sur le dos de l'Ukraine revenue dans l'orbite poutinienne. Plus vite dit que fait, avec quels moyens et pour quelle stratégie de défense ?
Les armes nucléaires des USA pouvaient être à la hauteur de la dissuasion face à Poutine. Les armes nucléaires françaises même avec l'éventualité de l'arme nucléaire UK (dont les missiles sont maintenus aux USA et sujette à son autorisation) est à l'évidence une dissuasion de plus bas niveau. L'arme atomique est une arme de dissuasion. Elle n'est qu'une arme de dissuasion. Elle décourage l'attaque par les dégâts en retour immédiat. Elle n'est pas une arme de guerre, pas une arme tout simplement si ce n'est par la seule dissuasion, c'est-à-dire avant l'affrontement, avant la guerre et non pour la stopper sauf à risquer réellement l'apocalypse et une salve atomique de grande ampleur. Tout emploi serait un échec et une fin. La vitrification attendue n'est pas soutenable et ne souffre d'aucune incertitude quant à ses conséquences. L'emploi de l'arme atomique serait l'emploi dément dans une situation désespéré, marquant la fin de l'Histoire de l'Europe et probablement au-delà.

La sécurité de l'Europe

La sécurité de l'Europe, sauf retournement hypothétique et coûteux de Trump, toujours sujet à virages dangereux ne peut venir que des armes dites conventionnelles ce qui engage la mobilisation de sommes gigantesques et sur une longue durée. Le financement ? Les avoirs russes gelés doivent y pourvoir jusqu'au dernier centime si nécessaire sinon c'est le budget national qui, in fine, épongera cet armement sur le dos des français (pas des plus riches), des retraités, des épargnants etc... La Russie doit payer via ces avoirs oligarchiques.

Lire 3-03-25 « États-Unis et guerre en Ukraine : les Européens dans une réalité parallèle »

Les contempteurs de l'OTAN doivent se décider si la vieille haine recuite refroidit. Il faut choisir : soit la défense européenne et un budget conséquent, redoutable, sur une longue durée, soit la guerre et la vassalisation de l'Europe sous Poutine. Son successeur n'y renoncerait pas si cette dernière était acquise. L'aveuglement peut conduire à ne pas voir dans la Russie de Poutine un agresseur au-delà de l'Ukraine mais c'est un mirage. Plus que jamais la justice fiscale, la nécessité budgétaire et sociale doit engager les milliards des plus riches planétaires avant que ceux-ci, tel Musk et la clique de la Silicon Valley gouvernent la moitié du monde en accord avec l'autre moitié idéologiquement opposé mais d'accord pour le business et ce partage planétaire qui asservirait.

Lire 20-02-25 Patricia Neves « Elon Musk, tout-puissant et au service de ses intérêts » 

L'Ukraine laissée à l'abandon ?

Et l'Ukraine ? Trump se moque de l'Ukraine et combat l'Europe (ce président nazi n'existe que par la prédation et la flatterie). Il veut rien moins que, comme Poutine, remplacer son président, Volodimir Zelensky, par une potiche aux ordres du maître du Kremlin (comme ce fut le cas en Tchétchénie avec Khadirov et sa tentative de manipulation en Géorgie). Il aurait alors sa paix des cimetières et de l'annexion par les armes pour dealer avec Poutine sur le dos de l'Ukraine russifiée.
La sécurité de l'Europe passe par l'Ukraine et ce, depuis l'annexion de la Crimée : l'Ukraine vaincue et annexée, au prix de massacres encore plus désastreux, serait un formidable tremplin pour Poutine de poursuivre sur sa lancée en attaquant d'autres territoires, maintenant ou dans quelques années. Moldavie, Géorgie, états baltes etc sont en première ligne. Si notre lâcheté ou notre impuissance se confirmait alors, il n'y aurait plus qu'à partager l'Europe en deux camps séparés par un nouveau rideau de fer à moins qu'un 2039 (comme le fut 1939) sonne le tocsin et le réveil oh combien douloureux des emmurés idéologiques de droite et de gauche qui préparent les collaborateurs-trices de demain d'une extrême-droite triomphante.

Trumpisme, tropisme pour les extrêmes-droites européennes

Toutes les extrêmes-droites européennes (au moins) rejoignent le trumpisme. Courir après celui qui gagne et fera gagner est leur credo. Le FN  (rebaptisé RN)est mis devant un dilemme : soit épouser le trumpisme comme Le Pen père épousa l'OAS et ne pas parvenir au pouvoir en 2027 ou rester en dehors de cette aspiration et risquer de voir des Zemmour, Ciotti et d'autres dans leurs starters, passer devant et rafler la mise dans une politique raciste, ségrégationniste et discriminatoire, collé au trumpisme qui ne finira pas forcément avec Trump. Au demeurant, une politique extrémiste du même acabit en plus présentable peut être menée par une droite dure déjà au pouvoir avec Retailleau, Darmanin etc...

17-02-25 Sophia Besch et Tara Varma « L’agenda MAGA vise à transformer l’Europe en un marché vassalisé »

Quel combat pour ne pas se laisser aller à la résignation ?

Parvenu à ce point de pourrissement du monde entre trois puissances, USA, Chine, Russie, au diapason de la barbarie et la situation politique en France toujours plus à l'extrême-droite, je crains que des victoires partielles n'arrachent pas notre pays (et le monde) à ce retour de la brutalité nazie qui aura sont lot de transfuges à l'expression aujourd'hui virulente dans sa radicalité de salon et de clavier. Il est possible et courageux, sans céder aux sirènes de l'intolérance sous prétexte de radicalité verbale, de ralentir, de contester cette barbarie sans céder au désespoir ou à la résignation hors de propos. Toutes les alternatives locales ou régionales, tant qu'elles ne sont pas interdites ou entravées sont à développer et poursuivre leur chemin. Gagner du temps et contester est toujours se donner la possibilité d'évolutions positives majeures imprévisibles. A minima, le combat d'une société plus juste et solidaire, plus attentive à l'autre (que je n'ai vu pour ma part en pratique que très rarement au niveau local) qu'à la radicalité théorique sera toujours d'affirmer la justice sociale, la nécessité de l'humanisme et de la démocratie véritable, des enjeux et des moyens d'instaurer ce nouveau monde. Ce sont les flammes à tenir pour que ce combat ne cesse jamais quelles que soient les péripéties de cet ordre nouveau. Il est nécessaire d'organiser dès maintenant les réseaux de résistance qui devront se constituer pour qu'enfin un autre monde naisse « un jour de palme, un jour de feuillages au front » sur les décombres de ce monde barbare qui réussit à menacer l'avenir, qu'un autre monde soit enfin possible, un jour que je ne verrai pas.

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