Dernière minute : Nous apprenions qu'un militant et une militante se sont enchaîné(e)s à des arbres dans la matinée ce 7 septembre, dans le secteur de la Source de l'Hôpital à Vichy. Vers 12h30, ils ont fini par être délogés suite à des manoeuvres d'intimidation policière.
Lire le déroulé sur : Sauvons.org et pur l'abbatage forcené Adieu, les amis
Ce matin 4 septembre, l'arrachage des marronniers de l'allée principale a débuté, signe d'une crainte d'arrêt en rendant irréversible la situation.
Voici deux vidéo sur youtube qui montre l'écocide vichyssois précipité : https://youtu.be/cOO6Jjjq0yI et https://youtu.be/yCGLepQZPX8
Après l'an dernier comme nous le vivrons chaque année ou presque, nous venons de vivre deux mois de sécheresse, avec un déficit hydrique majeur, de canicules répétées, de risque d'incendies majeurs (ailleurs méga-feux incontrôlables) d'inondations, de vent et de grêle. Nous ? En France, en Europe et dans le monde. Les hautes températures affaiblissent les organismes vivants, pas que l'être humain, tue en surnombre. Partout, les populations cherchent à la campagne et dans les villes asphyxiées ce qu'il reste de fraîcheur. Nous savons tous et toutes maintenant que c'est bien ces arbres feuillus qui par leur évapotranspiration apportent une fraîcheur bienfaitrice et souvent salvatrice.
Nos villes bétonnées et d'abord les quartiers périphériques souffrent de cette bétonnisation à outrance où le vert (arbres, plantes et sol) a été chassé depuis des dizaines d'années pour des surfaces horizontales et verticales qui absorbent la chaleur le jour et la restituent la nuit. Les ombrages des arbres feuillus sont l'alternative collective qui va nous permettre de respirer dans ces périodes de plus en plus étendues en temps, en durée, en surface où la chaleur écrase, climatisation naturelle, économique et respectueuse du vivant. La clim perso, pourtant nécessaire à bien des situations de personnes particulièrement vulnérables, n'est pas une bonne solution collective. Elle augmente la chaleur dans les environnements, exige une production toujours croissante d'électricité, produit des déchets électriques qui s'accumulent, demande des matériaux extraits du sol et disperse du gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
Quelle chance de posséder dans sa ville un ou des parcs arborés qui apportent une fraîcheur régénérante. Qui pourrait imaginer qu'au nom d'un permis d'aménager, pourtant bien nécessaire, de grands arbres sains centenaires portant leur canopée alignée et protectrice à plus de 18 mètres de hauteur sur des centaines de mètres à la disposition de ses habitants seraient abattus pour un projet du XXème siècle bétonnant qui nous a conduit à des villes surchauffées ?
VICHY capitale de l'arrachage d'arbres grandioses et centenaires

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C'est pourtant et malheureusement le cas à Vichy, cité thermale de l'Allier connue pour ses nombreuses essences, ses eaux où l'Histoire a façonné la ville et ses espaces verts, ses parcs, patrimoine à préserver. Pour restaurer le Parc des Sources, véritable cœur et poumon de la ville, le projet veut couper arbres sains ou déclarés malades par dizaines voire centaines alors que leur ombrage large et dense apporte aux vichyssois·es une fraîcheur bienvenue, un parc dont la biodiversité est une chance avec trente-sept espèces protégées qui ne le seront plus par le coup de grâce d'une dérogation accordée par la Préfecture le 27 juillet 2023.*
Lire aussi Médiacoop, 6 février 2023, Antoine legrand : À Vichy, un collectif pour sauver les arbres du Parc des Sources.
Cent quatre-vingt grands arbres, marronniers et platanes, doivent être abattus dans un premier temps pour élargir l'alignement principal de 8,50 à 14 mètres afin d'ouvrir la perspective vers le théâtre rénové ouvrant surtout le ciel au soleil, privant ses habitants de cette fraîcheur qu'ils connaissent aujourd'hui et attendent aux temps chauds comme aux autres.
Pétition pour sauver les arbres du Parc des Sources de Vichy
Cagnotte en ligne : https://fr.ulule.com/sauvons-le-parc-des-sources-de-vichy/
Ce samedi 2 septembre, à l'appel de citoyen·nes engagé·es et de Vichy Climat Environnement qui luttent depuis des mois sinon des années contre l'abattage de ces arbres pour empêcher ce « massacre à la tronçonneuse », un rassemblement-protestation a été organisé pour expliquer, convaincre et amener l'arrêt des travaux que la Préfète de l'Allier a autorisé. « L’évènement a lieu le jour anniversaire de la déclaration de Jacques Chirac : « Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs. » Nous déplorons que, 21 ans après, les porteurs de ce projet continuent à regarder ailleurs. »
Lire aussi : Démonstration de force au Parc des Sources

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Planter oui mais d'abord garder cette chance d'arbres protecteurs
Georges Feterman, auteur, naturaliste, président de l’association A.R.B.R.E.S. était présent à cette manifestation. ARBRES a vocation à préserver et faire connaître les arbres les plus remarquables de France. Il nous a déclaré :
« Voilà quelques années, nous avons attribué notre label « Arbres remarquables de France » pour les arbres du parc du bord de l'Allier. Là on a été appelé au secours par l'association de défense des arbres de ce parc de la source. Effectivement en arrivant ici on voit qu'on a affaire à ce qu'on peut appeler un ensemble arboré remarquable c'est à dire un ensemble de marronniers et de platanes qui ne demandent qu'une chose c'est de continuer leur carrière de beaux arbres, des arbres qui ont au moins 150 ans et qui méritent d'être préservés. On connaît les arguments, toujours valables plus encore ici en centre ville : l'argument climatique et l'argument de la biodiversité puisqu'il y a bon nombre d'oiseaux qui trouvent abri dans cet ensemble de marronniers et de platanes. Nous disons donc aux décideurs : c'est bien de planter des arbres, vous avez des projets, tout le monde en a en ce moment de planter des centaines et des centaines d'arbres, mais commencez par préserver les arbres existants et là vous avez un ensemble « magique » au cœur de la ville. Tous les arguments vont dans le sens d'aménager les lieux si nécessaire, mais de préserver les arbres en question. Comme je le dis partout, gardez-les. Gardez ces arbres... C'est une chance d'avoir des arbres comme cela au cœur d'une ville. Tout plaide pour conserver les arbres en question. »

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Anaïs Widiez, conseillère régionale Génération Ecologie de la région AURA était également là pour apporter son soutien avec ces mots : «L’urgence climatique, elle est là parce qu’on est dans une logique de destruction, de ne pas considérer le vivant dans nos calculs de PIB, etc. On ne comptabilise pas les services rendus par la nature et on ne comptabilise pas non plus ce que l’on s’enlève à nous-mêmes lorsqu’on détruit la biodiversité, lorsqu’on abîme le climat... On nous parle de compensation mais je crois qu' on ne sait pas quantifier les services rendus, on nous parle de compensation mais on ne sait pas quantifier. On peut mesurer quelques degrés, on l'a beaucoup fait à Lyon, vous avez des différences quand on a revégétalisé, on peut compter des espèces mais on ne sait pas quantifier vraiment les services rendus par un arbre, tout ça ne rentre pas dans des bilans comptables. Il y a une question de rapport à la nature, est-ce que ce sont des biens meublés qu'on pousse ? On en enlève un, on en met un ici... ça marche pas comme ça en fait, c'est vraiment le rapport au vivant qu'il faut revoir. »
Le GNSA (Groupe National de Surveillance des Arbres) fer de lance de la contestation était là. Julien Lachièze a précisé sur le chemin encore ouvert au centre de l'allée :
« Vous avez deux rangées de marronniers devant moi jusqu'au Hall des sources et également derrière moi jusqu'à l'Opéra. Ils faut imaginer qu'elles n'y seraient plus si la mairie arrive au bout de son projet. Les conséquences, déjà là on voit. On est à l'ombre dans un véritable îlot de fraîcheur. C'est tout simplement ce qu'on va perdre parce qu'ils vont abattre et ils ne vont pas replanter au même endroit ; ils vont replanter plus large avec de bien plus jeunes arbres. Du coup on aura tout le soleil qui va venir directement sur nous au cœur du parc dans cette allée emblématique. ..Ils veulent abattre pour dégager la vue sur l'Opéra. « abattre pour dégager la vue sur l'Opéra » je cite. C'est vraiment scandaleux parce que tout à l'heure les différents intervenants on très bien parlé des bienfaits, des services rendus par la nature, et on le constate, des services rendus par ces alignements d'arbres ? C'est carrément tous ces alignements qui sauteraient et c'est un point du projet qui nous a vraiment beaucoup choqué...ils sont tous en bon état de santé ; ils ne sont pas malades contrairement à ce qui a été répandu c'est pas vrai ! Cet abattage, c'est assumé, c'est pour des raisons esthétiques. On n'est pas contre à ce qu'ils refassent le parc, les galeries-promenoirs, les kiosques, les sols aussi parce que les personnes à mobilité réduite on a conscience que ça peut être compliqué mais les arbres abattus non ! ».

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France Nature Environnement Allier, partie prenante de cette lutte contre l'arrachage étaient là aussi avec sa présidente Fabienne Thiéry et Michèle Petit, vice-présidente :
D'autres militants, politiques, associatifs ou syndicaux étaient là aussi. Après les interventions, une déambulation autour des travaux s'est initiée avec moult précisions apportées par Julien GNSA-Allier et Jean-Paul.

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Lire aussi : FR3 Auvergne : Les arbres de la discorde à Vichy dans l’Allier, on vous explique pourquoi
Abattre dans un premier temps le double rang de marronniers
La double allée de marronniers qui mène au Théâtre sera abattue pour laisser une ouverture de 14 mètres (au lieu des 8,50m actuelle) propre à dégager la vue sur ce théâtre … et dégager la canopée des marronniers pour laisser entrer le soleil et chauffer cette allée et ceux dessous. Il est prévu de compenser. On abat les grands arbres pour les remplacer par de petits qui vont mettre des dizaines d'années, si tout se passe bien (c'est pas gagné d'avance avec sécheresse et maladie) pour seulement approcher la hauteur de ces arbres centenaires et offrir enfin un nouveau couvert frais (sauf celui définitivement perdu au centre de l'allée principale et autour du kiosque à musique). Il sera donc planté une rangée de petits marronniers en place de l'allée actuelle pour compenser mais dans quelques années, il faudra couper d'autres arbres sains et hauts (la deuxième double rangée) pour laisser la place à la croissance de ces jeunes pousses !

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Tous les arbres à abattre ne sont pas dans cette seule allée principale pour l'élargir et construire 11 jets d'eau en référence aux 11 villes inscrites à l'Unesco au nord du parvis des congrès, mais aussi ceux de la rangée d'arbres ceinturant le kiosque à musique et ceux ceinturant le parc bordant le promenoir.

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Accuser l'arbre pour l'abattre
Seraient-ils malades ? Certes, un temps cette rhétorique qui fait penser à la rage du chien qu'on veut abattre a été tenue ; faudrait d'abord distinguer arbres malades d'arbres dangereux. Ceux qui l'étaient ont été abattus. Ceux qui restent sont dans un état au moins correct. C'est ce qu'a dit l'expertise de l'Office National des Forêts en avril 20, office largement compétent en la matière et pas susceptible de conflits d'intérêt avec la ville de Vichy qui a conclu : « Le patrimoine arboré diagnostiqué est composé de 657 sujets essentiellement adultes, laissés en port libre. L'état sanitaire de ce patrimoine est globalement bon : 93% des arbres diagnostiqués sont dans un état physiologique correct. Ceci s'explique par le suivi et les interventions réguliers réalisés par le gestionnaire, les arbres les plus déficients sur le plan physiologiques et mécanique étant régulièrement supprimés. »
Le diagnostic APE publie des chiffres d'abattage variables selon la page jetant un « discrédit sur la cohérence de cette étude ».
Certains arbres dits malades seront conservés, d'autres abattus. Au total, des centaines d'arbres sains seront abattus qui redessineront un nouveau parc. Exit le parc qui sera remodelé de fond en comble et le demeurera longtemps après ces décisions qu'elles qu'en soient les conséquences pour les citoyen·nes et autres vivants. Une occasion ratée de promouvoir un projet qui engage l'avenir et pour longtemps, avec la population et ces citoyen·nes prêt·es à prendre leur responsabilité. La politique de grands travaux par la seule volonté d'une personne n'a pas encore vécu.
Les 13 arbres malades ont été supprimés en octobre 2022. Ceux qui restent sont bons pour le service. Les abattages supplémentaires dans le parc des sources s'ajouteront aux 180.

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Quelles conséquences néfastes possibles ou probables des travaux ?
- Un tract signé par le GNSA distribué pendant la manifestation publique précise bien que le chantier peut être la source de la contamination du « chancre coloré du platane » par le matériel, les outils, les bottes s'ils n'étaient pas désinfectés sérieusement comme prévu dans l'article 8 de l'arrêté du 22 décembre 2015 qui organise la lutte obligatoire des « organismes nuisibles aux végétaux ou aux produits végétaux ». Ces dispositions ne sont pas pour le moment prévues et peuvent contaminer le Parc des Sources et, par suite, menacent tous les platanes de la ville à plus ou moins long terme. Une spore par m3 de terre suffit à contaminer un platane qui contaminera alors ses voisins par contact racinaire (et non par insectes).
- Les racines des arbres proches sont en contact. L'arrachage d'arbres proches peut endommager gravement le système racinaires des arbres voisins et entraîner leur dépérissement à plus ou moins long terme, exigeant leur arrachage ultérieur.
La diagnostic APE se montre prudent sur la suite : « De graves modifications de leur environnement pourraient cependant avoir des conséquences irréversibles sur leur espérance de vie.» P.8
Il est clair que les travaux d'envergure qui sont actés prennent le risque de déstabiliser et de fragiliser l'ensemble de cet espace arboré avec de possible conséquences graves et irréversibles sur l'ensemble des arbres et la bio-diversité du Parc voire de la ville.
Un exemple édifiant de non-respect de la loi
approuvé par le représentant de l'état dans le département
C'est le titre d'un autre tract GNSA distribué pendant cette manifestation qui aborde la question juridique en distinguant la « déclaration » d'une demande d'autorisation en vertu de l'article L.350-3 et articles R350-1 à 31 pour allées d'arbres et d'alignements bordant les voies à la circulation :
« On ne sait pas à la lecture des documents approuvés par le Maître d'ouvrage et à ceux mis à l'enquête quel sort sera réservé aux allées d'arbres et alignements d'arbres du parc, ni ce qui relèvera du régime de la déclaration, ni ce qui relève de la demande d'autorisation ni ce qui constitue les plantations compensatoires.La lecture des différents documents ne permet pas de comprendre précisément ce qui sera coupé et pourquoi, ce qui sera replanté et pourquoi. D'une page à l'autre, les chiffres diffèrent... ».
Il conclut : « En aucun cas, un permis d'aménager totalement muet sur la problématique des allées d'arbres et des alignements et des compensations dans le respect du L350-3 ne peut correspondre aux dossiers exigés par la loi et la première action de la Préfecture aurait dû être un rejet pur et simple de la demande de la Mairie en application de l'article R350-29 avec demande d'un vrai dossier complet... »
Il ajoute enfin [cet arrêté préfectoral du 27 juillet 2023] « donne in fine l'autorisation de faire ce qu'on veut des allées d'arbres et alignements protégés du Parc des Sources. A quoi servent les lois et les décrets d'application ? »
Un référé suspension n’est pas parvenu à enrayer un projet d’abattage de 180 arbres sains dans le parc des sources, classé patrimoine mondial de l’UNESCO.
Un recours contentieux est déposé auprès du tribunal administratif de Clermont-Ferrand pour contester l'arrêté préfectoral. Nous apprenons par ailleurs que les travaux se précipitent.
Ce matin l'arrachage des marronniers de l'allée principale a débuté, signe d'une crainte d'arrêt en rendant irréversible la situation.
Comme le proclamait une pancarte : "Aux arbres citoyens !"

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* Les espèces recensées dans l'arrêté préfectoral sont : Choucas des tours, Grimpereau des jardins, Martinet noir, Mésange à longue queue, Mésange bleue, Mésange charbonnière, Moineau domestique, Pinson des arbres, Sitelle torchepot, Verdier d’Europe, Barbastelle d’Europe, Grand Murin (ou petit murin), Murin de petite taille (Daubenton et/ou Natterer), Noctule commune, Noctule de Leisler, Oreillard gris, Pipistrelle commune,Pipistrelle de Kuhl, Pipistrelle soprane (cité par Arrêté préfectoral 27 juillet, P.7)

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