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Billet de blog 5 décembre 2025

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Face à la menace russe, ni guerre ni vassalisation : renforcer la paix sans naïveté

Au-delà de l'Ukraine, selon le dénouement de cette guerre d'agression de la Russie, la menace russe fait parler président et chef d'Etat-Major pour se préparer à la guerre comme « perdre nos enfants ». Il s'agit bien plus, sans naïveté, de renforcer la paix en actant que Trump et Poutine sont cul et chemise dans cette affaire et que l'Europe doit prendre enfin ses responsabilité sans demi-mesure

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Ce débat n'appartient pas plus aux experts (même les vrais) qu'au seul exécutif de ce pays qui voudrait bien décider pour nous tous. Il appartient à tout citoyen capable de se documenter, de réfléchir et d'écrire. J'ajoute que je prends pour chacun·e capable s'il s'en donne la peine. En plus cette question concerne bien tout un chacun en France et en Europe même s'il s'en tamponne le coquillard sans aucune conscience. 


Serions-nous face à un risque de guerre avérée avec la Russie ? A en croire Macron et le chef d’état-major des armées, Fabien Mandon, il faudrait s'y préparer et accepter la mort de nos enfants. Faut-il y voir une précipitation pour masquer la défaillance manifeste des USA de Trump passé dans le camp Russe avec sa rhétorique fallacieuse depuis l'invasion de la Crimée en 2014 et son annexion avec ses petits hommes verts inconnus du sieur Poutine, dictateur de Russie, guerre relancée par l'agression russe le 24 février 2022 ?

Faudrait quand même pas croire que les soldats partiraient la fleur au fusil comme en 14. Les temps ont changé, la guerre n'est plus ce qu'elle était : vraiment finie la distinction entre civils et militaires sauf dans la possession des armes. La guerre n'est plus sur le seul champ de bataille ni même sur LE front. En Ukraine, c'est une ligne de front soit une bande de plusieurs dizaines de kilomètres où les drones tuent tout âme qui vive. La guerre est multidimensionnelle avec de nouvelles armes en particulier drones aériens et marins (invention ukrainienne) mais aussi avec l'Intelligence artificielle qui désigne des cibles et plus encore (comme Netanyahou s'en est fait une spécialité à Gaza et ailleurs), sans parler de l'omniprésence de la surveillance et détection via satellites et avions. Elle concerne tout le territoire par ces lanceurs de longue portée qui peuvent détruire toutes les infrastructures d'un territoire sans considération des vies brisées voire en provocant un maximum de victimes. C'est avant tout une guerre informationnelle qui vise à déstabiliser l'Europe et notre pays, à créer des conflits et des affrontements inter-communautaires à coup de réseaux sociaux, de coups tordus qui font la Une des medias (Cf mains rouges taguées, étoiles de David, cercueils et autres manipulations – lire l'excellent article de Mathieu Suc « Des documents internes au Kremlin montrent l’implication de la Russie dans des opérations en France visant juifs et musulmans), de réécriture de l'Histoire (L'Ukraine créé par Staline est Russe, c'est l'Ukraine qui a agressé la Russie …) et de propagande de tous les temps amplifiée par les « progrès techniques » mis au service des faussaires et imposteurs. Ce dont Goebbels avait rêvé est désormais à la portée des superpuissances dans une surveillance et un fichage généralisé exploitable dès que la cible du traçage est désignée, un vrai chalut qui récolte tout dans ses filets y compris le menu fretin.

La guerre n'est pas seulement hybride mais multidimensionnelle qui concerne tous les aspects des activités et créations humaines.

Renforcer la paix

Nous ne sommes pas face à la guerre mais face à la paix qu'il faut défendre et renforcer en éloignant cette perspective désastreuse. La guerre ? C'est vite dit : regardez le documentaire sur Arte diffusé récemment sans paroles autres que celles des personnes filmées et parfois seulement leurs enregistrements sonores. Là vous verrez comment la guerre ravage toutes les vies, comment elle devient un quotidien à vivre malgré le chagrin, la douleur, les ravages de ce qui faisait vivre au chaud et sans faim dans un pays en paix, avec la mort qui, à tout instant peut frapper sans prévenir où qu'on se trouve. Regardez ce reportage. Il montre sans pathos, sans emphase, sans envolées héroïques, au plus près de populations locales, ce que la tourmente de la guerre est : «  La guerre ordinaire »

Naïveté ?

Si nous refusons la perspective d'une guerre, refusons de la préparer et s'y préparer, ne serions-nous pas naïfs au regard de la menace russe ? Pouvons-nous miser sur la parole du maître du Kremlin, son sens de la modération, ses calculs rationnels des risques ? Nous savons ce qu'il en est : La parole de Poutine est nulle, mensonge après mensonge, comme il nous l'a amplement montré en Tchétchénie, en Géorgie, en Moldavie, après la conquête de la Crimée et différentes déclarations jusqu'à affirmer ne jamais vouloir attaquer l'Ukraine. La suite a confirmé cette déclaration dans la nuit du 24 février 2022 où ne pouvant dormir et sentant arriver cette guerre voulue par Poutine, je me trouvais vers 4h du mat devant la télé. Il a montré amplement combien il se moque d'envoyer des hordes de soldats se faire massacrer face à la résistance ukrainienne. Il se moque de la vie humaine partout et d'abord dans son propre pays.

Peut-on encore croire que les Ukrainiens se battent seulement pour leur pays quand ils se battent aussi pour toute l'Europe afin d'écarter le risque d'autres guerres pour des pays, des territoires que ce va-t-en guerre veut « récupérer » pour retrouver la surface de l'empire soviétique ? Lui, Poutine, comme le caporal Adolf qui n'a pas accepté la défaite arguant du traité de Versailles pour réarmer et finit dans une guerre mondiale. Lui, c'était la fin de l'URSS quand au sein du KGB il se voyait poursuivre ce destin aux dizaines de millions de morts, sans même compter la seconde guerre mondiale où déjà les troupes étaient envoyées à l'assaut, comme à Stalingrad, pour ne jamais reculer avec les armes soviétiques derrière les lignes pour les abattre en cas de recul.

Vainqueur de sa guerre d'agression ?

Poutine ne peut être le vainqueur de cette guerre d'agression contre l'Ukraine démembrée et sacrifiée sauf à donner à d'autres l'envie d'en découdre dans un désordre international assumé, sans encourager la Russie de Poutine – s'il en était besoin – à entreprendre d'autres guerres d'agression. Ce « plan de paix » américain n'en porte que le nom, écrit par Poutine, repris par Trump dans un même combat pour amener l'Ukraine à la capitulation (chapeau à Witkoff qui sert la soupe à Poutine avec ardeur). L'Europe et l'Ukraine totalement ignorées. Pour eux deux, seul compte le business, la propagande mensongère et révisionniste qui inverse valeurs, vocabulaires, histoire, faits, responsabilités avec la négation du droit international pour n'être que le meneur du jeu mondial.

Face à ces deux complices main dans la main, L'Europe doit parler d'une voix ferme et déterminée pour refuser cette capitulation, prendre les décisions qui s'imposent pour acter la rupture historique des USA et de l'Europe et faire face - au-delà des discours – aux conséquences en matière de sécurité du continent, y compris par un armement conséquent et judicieux pour ne pas apparaître faible et prêt à toute servilité.

L'arrêter ?

Poutine ne sait pas s'arrêter tout seul, trop engagé dans une fuite en avant qui, de guerres, de prétentions en empoisonnements dans et hors la Russie s'attache à tuer le/la moindre opposant·e, le /la moindre journaliste indépendant. Il a tué Navalny et Politovskaïa, empoisonné tant d'opposants. Regarder : « Les espions de Poutine » pour en mesurer l'ampleur.

La Russie de Poutine est bien une menace désormais permanente, qu'on le veuille ou non, a fortiori s'il est le vainqueur de cette guerre en Ukraine, pour entreprendre quand il veut, où il veut de nouvelles « opérations militaires spéciales » sans se soucier des répercussions mondiales, des escalades, ni d'abord de sa population et des destructions y compris en Russie. Seul compte pour lui de rester le maître du Kremlin.

En ce sens, Poutine est un fou de Toute-Puissance comme l'était Hitler qui ne s'arrêta que dans les ruines de Berlin. A l'évidence la Russie, par sa géographie, (son immensité) sa population (même si la baisse de sa natalité pose un réel problème), ses armes de destruction massive, n'est pas l'Allemagne au temps du nazisme et une guerre où nous serions entraînés sans aucun concours des USA (comme en 1914 et en 1939) qui abandonne l'Europe pour faire du business avec Poutine et se tourner vers la Chine pour les mêmes raisons mercantiles. Une guerre ne pourrait qu'être des plus hasardeuse et désastreuse (cf la campagne de Russie par Napoléon et celle des nazis en 1942). Il ne peut être donc question de guerre avec la Russie : il s'agit de le contraindre à renoncer à son désir de conquêtes par d'autres moyens. La guerre serait d'ailleurs un échec en soi au terme d'une dissuasion vaincue. Il faut l'arrêter avant qu'il ne soit trop tard, y compris par lâcheté européenne et ses divisions.

Vassalisée et asservie ?

Il ne peut être question non plus que l'Europe soit vassalisée et asservie par la Russie de Poutine qui est, à défaut de guerre, le moyen de gagner ce que la guerre rechercherait. Poutine doit sentir la force et la détermination de l'Europe et de sa population pour ne jamais risquer cette aventure.

L'Europe est seule dans ce monde d'où émerge un axe Pékin-Moscou-Delhi (et Trump qui lâche l'Europe dont il n'a rien à cirer) pour calmer ce jeu éminemment dangereux sans ce fameux « parapluie américain » qui a vécu et ne reviendra plus. Calmer ce jeu c'est non seulement refuser l'avancée vers la guerre mais tout autant cet asservissement aux ordres du Kremlin. Je sais fort bien que certains anti-guerre choisiraient plutôt la vassalisation qui serait pourtant le naufrage de nos démocraties fragiles manipulées depuis Moscou. Pour secouer cette vassalisation ne faudrait-il pas d'ailleurs une guerre ultérieure pas moins désastreuse ?

Nous devons assumer cette menace non par la diatribe d'une guerre future imprudemment agitée par notre président (il aime tant de dire " Nous sommes en guerre" pour se refaire une santé sur le plan intérieur) mais d'abord par réamorcer une cohésion sociale en France et en Europe que Macron (et pas que lui) a gravement détruit en opposant les uns aux autres, journalistes, universitaires, LFI/RN, « terrorisme » à toutes les sauces... par une politique anti-sociale qui ne cesse de favoriser les ultra-riches qui ne feront jamais la guerre mais sauraient bien envoyer les autres, qui ne cesse de plomber les plus vulnérables toujours plus nombreux en sacrifiant services publics et territoires. La cohésion sociale avant même le réarmement est la condition d'une force de dissuasion qui n'est pas d'abord l'arme atomique. Une autre politique est indispensable afin de parvenir à une cohésion sociale dans la justice, le partage et la solidarité ce qui n'est aucunement le cas aujourd'hui. La sécurité c'est d'abord la cohésion de tout peuple et ici de toute l'Europe contre cette menace.

Le soutien indéfectible et réel à l'Ukraine, absolument vital pour toute l'Europe, passe bien par fournir armes et munitions qui peuvent tenir une ligne de front et infliger des pertes sur le territoire russe y compris avec des missiles de longue portée. La paix durable ne peut être qu'une paix juste qui ne donne pas tout ce qu'ordonne Poutine mais seulement ce que l'Ukraine et son président accepte de négocier et avec les Européens qui sont directement concernés. L'utilisation des avoirs russes en Europe (bravo la Belgique capitaliste qui n'en veut pas) est une contrepartie aux dommages infligés par cette guerre d'agression, une contrepartie pour payer ces armes qui ne sont pas gratuites pour l'Ukraine. Le réarmement ou plutôt l'armement qui montre une possible réaction valide face à toute agression, face aujourd'hui à la menace russe, pour regrettable qu'elle soit, est malheureusement nécessaire.

Il ne faudrait pas, surtout pas, procéder de la même manière qui de 1936 à 1939 a fini à Munich pour, soi-disant, préserver la paix et finit par la guerre mondiale l'année suivante ! Qui aurait dit « Ah Les cons » sur la piste du Bourget *? Procéder de cette même manière face aux invasions de Poutine (Transnistrie, Ossétie du nord, Abkasie, Ukraine) finirait par un autre Munich pour hâter une nouvelle guerre si désastreuse !

Je sais bien que personne ne voudra «  mourir pour Dantzig ». On a connu la suite. C'est aussi notre talon d'Achille. Rien ne serait pire que de recommencer cette dramatique fuite en avant qui ne fait que repousser une échéance qui deviendrait inéluctable. C'est maintenant que la paix peut l'emporter. Quand tout est cadenassé, seule une explosion peut libérer, aussi violente soit-elle. Il ne faut jamais en arriver là, à devoir en arriver là.

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* Exclamation attribuée au Président du Conseil Daladier qui l'aurait prononcée en découvrant la foule venue l'acclamer à son arrivée de Munich (septembre 1938) sur l'aéroport du Bourget après avoir signé les accords de Munich avec Hitler (et Chamberlain).

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