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Billet de blog 6 octobre 2025

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Comprendre et agir pour sortir du chaos, choisir la vie plutôt que désespérer

La démission de Lecornu me semble rendre plus encore utile – s'il l'est – ce billet pour contribuer aussi peu que ce soit à la sortie réelle de ce chaos et la confusion régnante qui ne se limite pas à cette situation, par un changement profond d'attitude et de perspectives pour tenter de faire face à l'enjeu suprême qui est plus consistant que jamais

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Avec la démission de Lecornu dès la formation de son gouvernement ingouvernable et sans aucune perspective et comme l'indique Médiapart, Macron ajoute le KO au chaos. Il rend plus encore utile – s'il l'est – ce billet pour contribuer aussi peu que ce soit à la sortie réelle de ce chaos et la confusion régnante qui ne se limite pas à cette situation, par un changement profond d'attitude et de perspectives.


Qu'est-ce qui relie événements et attitudes aussi diverses soient-elles ?

- Le génocide des palestiniens à Gaza et la spoliation criminelle en Cisjordanie.

- La guerre en Russie déclenchée et poursuivie par le dictateur de Russie qui massacre population et combattants pour annexer un territoire.

- L'oubli de la situation au Tibet et celle des Ouïghours en Chine.

- La passivité teintée d'intérêts pour le coltan en RDC et sa guerre interne.

- Les bombardements de cinq états souverains par l'état-criminel Israël dirigé par un néo-Nazi.

- Le dérèglement climatique et l'effondrement de la bio-diversité, soit la rapide disparition du vivant.

- Les pollutions en tous genres dans l'air, dans l'eau, sur la peau (autour des vignobles du bordelais, autour des mines du Niger, au sortir des pots d'échappement).

- L'économie capitaliste qui enrichit toujours plus les plus riches (milliardaires), appauvrit les autres, détruit les services publics au premier rang desquels la santé et l'école.

- La situation géopolitique mondiale dominée par deux dictatures ces grands états du monde Chine et Russie en passe d'être complétée par les USA de Trump, sans mésestimer les « petits états » type Argentine, Hongrie... et tant d'autres qui sont peu à peu submergés par la vague d'extrême-droite.

- La haine et le rejet qui sévissent partout pour disqualifier quiconque ose présenter une opinion qui n'est pas exactement la même que la sienne.

- La discorde qui sévit dans le milieu politique accentuant les clivages pour devenir hégémonique et enterrer les débats, au-delà des divergences exacerbées pour de minables raisons d'appareil et d'échéances électorales.

Cette façon de militant·es d'instrumentaliser trop souvent des luttes pour promouvoir une organisation, cette façon de rester indifférent à maintes souffrances pour ne privilégier que celles qui « arrangent » nos idéologies, jusqu'à ces excès si dommageables quand menace la contre-révolution, propos qui globalisent en opposant « Les Hommes » et « Les Femmes » en unités séparées et homogènes, en justifiant toutes les insultes non réversibles (ex : « Je hais les hommes » en titre d'un ouvrage) ou montant en épingle la moindre remarque au même titre que viols et pédocriminalité. La subjectivité a ses limites ou tout peut devenir agression et enfumer un nécessaire changement.

- ….

L'enjeu premier pour comprendre et agir

Toutes ces attitudes, ces événements mettent en cause l'humanité de l'autre, la possibilité d'un dialogue où chacun a à entendre quelque chose pour être entendu lui-même, la construction même d'un avenir plus juste en refusant d'entendre que nos attitudes, notre vocabulaire conditionnent aussi et pour beaucoup, dès maintenant, cette construction qui devient ainsi hautement problématique. Il ne s'agit pas de changer l'Homme (ni femme, ni homme, ni autre) mais de saisir que chacun peut se poser quelques questions sur lui-même, son attitude, sa façon de dire et d'accepter les différences plutôt que le proclamer.

L'enjeu majeur et unique de cette période de notre Histoire Mondiale autant qu'européenne ou nationale, de toute action revendicative, de combats pour plus de justice, de libertés et d'égalité est tout simplement poursuivre vaille que vaille dans un monde civilisé (même largement imparfait mais respectueux un minimum du droit - même plus ou moins juste -) ou de s'enfoncer et pour longtemps dans un monde dominé par la loi de la jungle, celle du plus fort qui peut tout à son aise massacrer ou asservir telle ou telle population pour asseoir sa domination sans partage, aux antipodes de la fragile démocratie dont nous sommes encore collectivement les garants et les comptables.

Quels chemin prend cette descente aux enfers ?

Peu à peu, en acceptant par lassitude, défaitisme, résignation, pour préserver sa sacro-sainte sensibilité que rien ne doit heurter, pour ne pas perdre une heure de sommeil et tout autre raison qui ne sont que prétextes à ne pas bouger, pour mettre sa tête dans le sable, pour vivre sa vie tranquille à l'écart des turpitudes du monde, peu à peu gagne du terrain que l'Autre peut être oublié, laissé de côté quand ce n'est pas soi qui lui porte des coups. La passivité est vite complicité à ne rien faire et rien demander en agissant.

Ainsi peu à peu, on s'habitue à ne plus voir en l'Autre cet autre que soi, pourtant si semblable, à reconnaître et ressentir sa souffrance qui finit par ne plus nous toucher par de seuls éclairs mis en scène par des médias-requins soigneusement sélectionnés pour enrôler par l'émotion ponctuelle dans des combats médiocres ou carrément belliqueux.

  • A se lasser du sort de l'Ukraine et de sa population nuit et jour bombardée par missiles et drones, massacrés dès que l'occasion se présente par une Russie que certain·es en France soutiennent envers et contre le réel de leurs forfaits.
  • A se lasser du sort du peuple palestinien et du génocide en cours où tout est fait pour le tuer ou chasser de ses terres à Gaza et en Cisjordanie. La complicité est de laisser cet état criminel qui crache sur le droit international créé pourtant grâce à l'ONU pour se déculpabiliser de la Shoah et se débarrasser du « problème juif » où tous les gouvernements alliés n'ont rien dit durant la guerre quand même ils savaient.
  • A se solidariser avec Gaza en rejetant le soutien à l'Ukraine (vous comprenez l'OTAN …) , à ne se solidariser qu'avec l'Ukraine mais laisser faire les massacres à Gaza ; en ne rompant pas les liens qui unissent l'Europe et Israël, France pareil (aide militaire, accord commerciaux et bancaires...).
  • A laisser pourrir toutes les causes "perdues", Tibet (Merci musée Guimet), Ouïghours, Congo Kinshasa et tant d'autres théâtres de meurtres de masse, de vie volées et violées...

... Ce monde, bâti en 1945 sur les décombres d'une guerre aux horreurs sans pareil, court le risque de sombrer à nouveau dans des horreurs planétaires plus dévastatrices encore.

Qui ne voit les dégâts déjà sur les jeunes générations, qui font plus que douter sur leur avenir collectif ?*

Le fondement de la descente aux enfers

Le fondement même de cette descente aux enfers était déjà dans cette formule porteuse de toutes les exclusions du fasciste et tortionnaire Le Pen père «  Je préfère ma famille à mes amis, mes amis à mes voisins, mes voisins à mes compatriotes, mes compatriotes aux Européens. »

Aujourd'hui ce refrain résonne dans l’actualité avec la même virulence simplette à hiérarchiser la solidarité par le vocable « D'abord » : Les Français d'abord, L'Amérique first... Ce « D'abord » en réalité dit « laissons tomber les autres quelles que soient leurs situations, leurs souffrances, elles ne nous concernent pas ». Soit solidarité avec qui me plait et les autres peuvent crever.
Le populisme ambiant, nouveau nom du néo-nazisme, prend sa source dans cette séparation de la solidarité entre les uns dont on peut se sentir solidaire (ceux de son camp) et les autres pour lesquels nous en serions totalement dispensés sauf à être submergé de naïveté et qui peuvent disparaître. Qui est vraiment le naïf ?

Aujourd'hui, plus que jamais, nous ne pouvons plus être solidaires pour une cause sans l'être pour toutes, face aux haines, exactions et aux violences de ce monde car toutes convergent vers le même désastre à court terme : l'anéantissement de toute humanité qui est celle d'accéder à la souffrance de l'autre. Alors les massacres se dérouleraient sans émouvoir quiconque et sans compter le nombre... comme on nettoie la poussière.

Il y a bien continuité dans la descente aux enfers avec cette solidarité sélective qui exclut ; Elle laisse se perpétrer et poursuivre les massacres, les exactions, les oppressions où que ce soit avec la perte progressive d'accéder à la souffrance de l'autre qui est le fondement même de notre humanité que nous pensions inaltérable.

Il n'est pas trop tard avant qu'il le soit

Nous avons encore peu de temps pour le comprendre et d'abord dans la population militante (politique, syndicale, associative...) et celle, bien plus large, qui accède à cette souffrance. Elle semble bien se rétrécir. Nous ne sommes qu'au début du cauchemar, Pour ne pas y sombrer, il est temps de se réveiller des égotismes, des divergences exacerbées, des querelles de boutiquiers qui désespèrent et sèment la confusion quand comprendre et agir est urgent. Est-ce un vœu « pieux » ou un pieu pour nos espoirs ? Toute dynamique met du temps incurver sa courbe. Il peut être trop tard.

Vraiment, où est la naïveté c'est-à-dire la conscience ?

* Lire "Néonazis, pédocriminels, masculinistes et nihilistes : enquête sur ces communautés de jeunes hommes fascinés par le mal et l’ultraviolence" du 29 septembre.

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