Contre l'extrême-droite avant ou après 2027 pour reconquérir l'opinion

Nous sommes maintenant à quelques encablures d'une présidentielle – qu'elle intervienne en 2027 ou avant – qui peut voir le RN arriver au pouvoir ou à défaut participer à une alliance électorale comme cela existe dans plusieurs pays européens. Une possibilité qui fleure le probable, inimaginable voilà quelques dix ou  vingt ans quand ce parti et son idéologie de haine et de rejets n'a pas changé, seulement sa présentation et sa rhétorique : l'extrême-droite ne change jamais d'idéologie qui est celle du rejet, de la violence et de mort avec un simple habillage - pour le moment - pour le masquer. Le plafond de verre n'est plus sur l'extrême-droite mais bel et bien sur une gauche qui non seulement se divise mais se déchire.

Pas de panique ou de désespoir, c'est pas encore gagné pour ce parti qui, sous couvert de dédiabolisation et de dénis, ouvrirait la porte à une nouvelle période noire de notre Histoire, liquidatrice des libertés mais ouverte sur les répressions et les reculs sociaux en tous genres pour le bénéfice des financiers. Bien sûr le RN nie, mais pour qui connait l'histoire de ce parti, l'Histoire de France et d'Europe, pas d'illusions à entretenir ou s'auto-entretenir sauf à se ranger du côté de cette idéologie raciste, xénophobe et répressive par innocence ou par calcul (ou encore par opportunités).

En 2002, suite à l'arrivée surprise au second tour de la présidentielle du candidat Front National, ancien tortionnaire en Algérie, suivie par une manifestation-monstre qui n'a pas été renouvelé quand MLP est arrivée au second tour en 2017 et, accroissant encore son score, en 2022, l'idéologie de l'extrême-droite de toujours travaille l'opinion publique pour inverser la culture progressiste - peut-on encore dire « de gauche » ? - en culture régressive soit celle qui condamne les étrangers comme délinquants et profiteurs (quand ils ne sont que de pauvres bougres - qui dit qu'à l'avenir nous ne le serons pas ? - à fuir des conditions de vie où leur vie et celles des familles sont menacées), boucs émissaires de tous les temps pour camoufler les turpitudes des classes dirigeantes politiques et économiques, remplaçant « le juif » par « l'arabe » comme tête à couper ou à expulser comme le fait le roi Trump en son royaume USA qu'il prend pour l'Amérique toute entière : étranger ? A la porte et à coups de pieds au cul ! Rien à cirer des noyades en Méditerranée et l'esclavage en Lybie à qui on file tant de ronds pour les garder !

Ne nous y trompons pas, ce travail idéologique a commencé sérieusement a porté ses fruits pourris voilà 50 ans quand au milieu des années 70, Jean-Marie Le Pen a laissé tomber son bandeau et son image de borgne pour impulser ce poison idéologique et culturel qui veut que toute différence et égalité soit une niaiserie, stérile et coupable, anti-France de toujours (le refrain classique de l'ED).

Courir derrière

Les forces anti-extrême-droite (parmi lesquelles les anti-fascistes) ont couru après cette contre-révolution idéologique qui a fini par triompher dans la population (malgré une minorité qui ne l'accepte pas) si chacun·e veut bien regarder sans se boucher les yeux et le nez pour ne pas voir et sentir le réel. Nous sommes face à une idéologie qui condamne notre pays à se figer dans une tradition fantasmée (comme le fut celle de Pétain ou de l'OAS) d'une France fantasmée qui n'a jamais été réellement et heureusement que multiculturelle (La Renaissance est venu d'où ? L'apport des travailleurs polonais, italiens, espagnols... à qui a-t-il servi ?) Aujourd'hui, sans ces « étrangers », ces lépreux d'aujourd'hui, que serait l'agriculture au temps des récoltes et vendanges, qui pourtant vivent souvent dans des conditions indignes ? Qui construit et répare nos maisons, nos ponts, nos immeubles de standing, qu'il pleuve ou qu'il vente, quand nos jeunes « d'ici » ne veulent plus travailler pour des clopinettes et dans ces conditions indignes ? Que serait l'hôpital sans ces médecins venus d'ailleurs ? Ces curés devenues missionnaires en France à rebours de l'Histoire des missionnaires du blanc vers le noir. (Vous vous en moquez, moi aussi mais c'est juste un rappel du renversement des situations d'autrefois). Et la liste est encore plus longue ! C'est pareil dans les services aux personnes, au travail de nettoyage etc... Qui veut encore faire ce travail parmi ces franchouillards ?

Bref, l'idéologie d'extrême-droite a pénétré toujours plus loin et plus profond dans les consciences comme une sorte de vérités simples et évidentes quand elle n'est que bourrage de crâne, faux-semblants et mensonges ripolinés.

Quoi qu'il arrive en 2027 ou avant...

Que cette extrême-droite accède au pouvoir en 2027 ou avant ou n'y accède pas, qu'elle y accède dans une coalition droite-extrême-droite qui se prépare avec le ralliement des grands patrons ultra-riches milliardaires (comme Bernard Arnaud et Pierre-Edouard Stérin...) de LR et d'autres parvenus, il nous faut reconstruire une alternative culturelle à ce déferlement de haines et d'inversion des valeurs et du vocabulaire. Cette fois, toutes les forces de gauche, politiques, syndicales associatives devraient pouvoir rallier en un seul élan uni les forces progressistes pour une nouvelle reconquête culturelle afin de rendre ce paysage clair quand tout s'emmêle et se perd dans un brouillard épais d'un confusionnisme ambiant et de déliquescence politique. Un combat de longue haleine qui prendra du temps comme l'E.D a mis 50 ans avant de noyer les mentalités dans un salmigondis délétère et haineux de replis sur soi et sur ses fantasmes du passé. Oui, par tous les bouts, cette idéologie s'est ingéniée à bouleverser nos mentalités du Puy du Fou et sa fausse histoire encensée, aux réseaux sociaux, télé et journaux-poubelles qui déversent leurs insanités sur des faits travestis à qui n'a pas d'autres références ! Le « Canon français » et ses banquets géants est son dernier avatar qui, sous couvert de repas plantureux et fort chers, enfonce les oeillères du cocardier régressif pour en rajouter une couche.

Oui, maintenant comme après une éventuelle conquête du pouvoir par cette idéologie, nous devons et devrions lutter contre ce péril mortel pour nos démocraties vacillantes et menacées, nous préparer à tout faire pour ne pas les voir au pouvoir mais aussi à le combattre encore dans une adversité renouvelée et bien plus difficile s'ils y parvenaient. Notre gauche, nos organisations n'ont pas su, n'ont pas pu contrecarrer cette déferlante réactionnaire mais le combat se poursuivra quoi qu'il advienne car l'Histoire n'est jamais finie.

Durant les manifs de ces dernières années, des slogans bien claquants contre l'extrême-droite étaient hurlés en choeur, radicalement vains mais défouloirs "utiles" faute de mieux tandis que l'extrême-droite continuait à progresser dans les têtes et dans les suffrages malgré certains succès locaux comme ici à Clermont-Ferrand voilà quelques années. Il nous faut renverser la vapeur pour regagner l'opinion à la cause du progrès social, culturel, politique et européen. Quand verra-t-on enfin, par exemple, une large campagne pour dire que l'immigration en France est non seulement une chance d'aujourd'hui et d'hier et le restera encore demain en raison de la baisse de natalité en France qui rejoint les pays que nous ne pensions pas rejoindre dans cette baisse qui remettra notre modèle social en cause par ceux et celles qui déjà veulent l'abattre.

Pour la première fois depuis 1945, « La France devrait afficher en 2025 un solde naturel négatif, avec un nombre de décès supérieur à celui des naissances. ».(Le Monde « La France doit se préparer au défi démographique » 4-12-25 ). De cette baisse durable de la démographie s'ensuivra une régression sociale plus grande encore ou un rééquilibrage des valeurs à commencer par la protection sociale vilipendée de toutes parts.

Une réunion publique du LCED 63, collectif de lutte contre les extrêmes-droites du Puy-de-Dôme, a eu lieu ce samedi 6 décembre à Clermont-Ferrand pour faire le point de la situation locale Elle propose son nouveau matériel et un nouveau slogan qui en dit long sur l'évolution de cette résistance face au péril qui est là. D'autres peuvent s'en inspirer : Il n'y a pas pire que l'extrême-droite. L'anti-macronisme a incité pourtant certain·es à voter RN.

Il y aussi, et c'est pas le plus simple, à balayer devant chaque porte dite de gauche, journaux, partis, associations, collectifs qui parlent de solidarités quand elle en manque ce que je constate au fil de mes propres billets ostracisés, quand elle parle de solidarités et la réserve souvent au microcosme militant quand elle ne rechigne pas à instrumentaliser des situations pour dénoncer néanmoins cette entourloupe quand la droite s'en sert souvent et s'en sert si bien.

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 * La photo ci-dessus et les bandeaux jaunes insérés sont les recto et verso du document LECD63