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Billet de blog 10 juin 2025

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La jeunesse exposée à la violence de nos propos et de nos haines

Nos jeunes ont besoin d'un climat apaisé pour se construire apaisé. Leur violence nous tend le miroir de la violence de notre société.

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Une jeune femme est morte ce matin, poignardé par un gamin de 14 ans. Pauvre femme, pauvre gamin !

Bien sûr c'est l'horreur et la consternation mais... pas la surprise. Le 25 mai dernier, le magazine de France 2 « Envoyé spécial » diffusait un reportage édifiant "Coups de couteaux chez les ados", un reportage sur ces gamins emportant couteaux à l'école pour agresser ou... se défendre.

Bien sûr la colère gagne avec son cortège de recettes faciles qui, par la seule répression toujours plus incisive entend juguler cette violence « DES » jeunes, nouveaux sauvageons dans nos villes comme s'ils étaient bêtes ou hordes sauvages.

Bien sûr les politiques s'engouffrent (d'abord les alliés du gouvernement) dans l'instant, sous le couvert de l'émotion dans les « solutions «  de court terme où il ne s'agit que de réprimer davantage, et de contrôler. Des « solutions » il n'y a que le court terme de déclarations qui font face à l'émotion passagère quand il pourrait être bien autrement et d'abord de dire que ce n'est pas dans l'émotion que des dispositions politiques peuvent se prendre avec une chance non négligeable d'être efficace non dans les chiffres mais dans l'objectif sociétal qu'elles s'assignent.

Il ne m'appartient pas même si j'en quelques idées d'énumérer avec quelques arguments des mesures susceptibles de prévenir cette violence que certains voient comme une vague...

Je voudrais seulement dire que l'expression de bien des jeunes, à la maison, en ville, à l'école, en société sont un symptôme de la violence croissante de notre société où l'exposition aux risques est permanente. A cet âge de l'adolescence, la perméabilité à l'éthos du temps, à ses errements, à ses possibilités entendues comme sans limite (téléphone portable et réseaux sociaux) est maximale.

Il est toujours possible pour les faussaires de désigner les boucs émissaires de nos dérèglements « adultes », toujours possible d'activer les réflexes coloniaux d'antan via racisme, antisémitisme, haine de l'étranger et de groupes humains...

Il faudrait traverser l'orage émotionnel si compréhensible pour mettre en œuvre une politique amenant une baisse des tensions dans la société qui font disjoncter certains jeunes, probablement les plus fragiles, les plus amochés, les plus instables, les plus discrédités même si rien ne le laisse présager en apparence.

Dans quelle société vivons-nous ?

Regardons-nous - nous les soi-disant adultes- dans quelle société nous vivons maintenant ? Les trafics en tout genre, la corruption déniée, le mensonge comme vérité proclamée y compris au parlement, l'ultra-richesse comme blanc-seing à ne pas toucher, les procédures-baillons employées partout pour faire taire ceux et celles qui ne veulent que dire les faits, la culpabilité et la peur comme moyen de tenir un peuple courroucé, le mépris des petits, des riens, des sans-voix, le ripolinage travestissant en vert les dégradations manifestes archi-prouvées qui détruit éco-systèmes et vivant préparant un futur de dérèglements et de répression armée hors de la démocratie même imparfaite...

Je ne veux dire qu'une seule chose dans la responsabilité de nous tous et toutes qui sacrifient nos enfants : ce climat de guerre civile entretenue par un vocabulaire extrême où le « barbare » cotoîe le « sauvage » où « les parents » quoiqu'ils fassent (même seul) sont désignés à la vindicte comme irresponsables. Guerre civile ? Quand tout opposant, toute critique sont poursuivis comme terroriste ou comme incitation à la haine ou aux troubles publics par des poursuites qui ne visent qu'à faire taire, faire taire pour ne pas entendre la clameur du vrai insupportable.

Cette violence verbale vérifiable y compris dans les commentaires sur ce site comme ailleurs appellent une surenchère verbale qui finit dans la haine, l'accusation, la mise en cause, le procès d'intention, bref la violence permanente et de tous bords, à gauche comme à droite, dans les forces obscurantistes comme progressistes (ici même en commentaires) comme si la fraternité n'avait plus de sens, n'était plus un lien qui peut nous unir par-delà nos différences.

Nos jeunes ont besoin d'un climat apaisé pour se construire apaisé. Notre responsabilité est là avant même une saine politique qui veut agir dans la durée et avec des moyens continus. Leur violence nous tend le miroir de la violence de notre société. 

Pourquoi dirai-je maintenant « à défaut de ce changement » qui nous concerne tous (et peut-être moi-même). Chacun de nous le sait, "à défaut" c'est encore rejeter sur la jeunesse nos fautes politiques, nos facilités de langage, les lâchetés de tous bords.

Je me sens si proche de ces révoltes, de ces jeunes criminels malgré l'âge, en vivant ce que je vis où chacun·e, sitôt le rideau tiré, le billet écrit pour qui que ce soit ne veut plus rien savoir ici ni rien dire y compris en un moment pris à discuter à la terrasse d'un café, tendre la main qui fait lien. Mais je sais moi, que je suis au bout de ma vie et çà change tout.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.