Le naufrage du premier tour
2002, 2017, et maintenant 2022, « les » gauches sont éliminées tous et toutes au premier tour avec un laminage sans précédent de toutes les candidatures au profit du seul nom de Jean-Luc Mélenchon qui recueille le fruit d'une dynamique de campagne avec le vote utile qui le porte à 22%. La stratégie du candidat Mélenchon échoue à se qualifier au second tour même avec un écart très réduit (1,5 points d'écart avec MLP seconde). Cette stratégie qui échoue est la conséquence de l'intransigeance d'une candidature unique tout en réclamant le ralliement pur et simple.
Le second tour se répètent comme en 2017, avec cette fois une Marine Le Pen en position de force avec 23% des voix et, pour la première fois, des réserves de voix conséquentes chez Zemmour, Dupont-Aignan, Pécresse laissant craindre une victoire de ce camp anti-républicain. La mobilisation-barrage reste dès lors la seule possible pour ce second tour.
Les premiers responsables de cette élimination annoncée et déniée constamment pour raison de campagne sont d'abord ces gauches dispersées dont chaque leader à l'instar de Jean-Luc Mélenchon se sont lancés dans la course présidentielle non pour chercher la victoire mais pour se classer afin d'imposer ses vues aux législatives et se trouver en position de force pour tenter une recomposition/reconstruction (désormais problématique bien que nécessaire) de LA gauche qui n'a jamais été que plurielle, diverses et parcourues de contradictions pour redevenir une alternative crédible et vainqueur. Ce 10 avril, le verdict des électeurs est sans appel : toutes les candidatures autres que JLM servies par un vote utile ou efficace qui ne l'est finalement pas pour le second tour, sont en dessous de 5%, ne bénéficient donc pas du remboursement prévu par la loi. Le PS est désormais ratatiné, naufragée, détruit par ses renoncements et trahisons successives déniées, sans projet, sans idées novatrices ou transformatrices autre qu'accompagner la dérive du capitalisme mondialisé avec un supplément social, virgule sur un texte écrit par d'autres. Hollande a bien contribué à ce naufrage avec ses acolytes qui voudrait encore renflouer le navire !
Jean-Luc Mélenchon bien que bénéficiant sous son nom d'une formidable dynamique pour le porter au deuxième tour, bien au-delà d'un soutien à sa personne et son projet, perd cette élection dès le premier tour pour la troisième fois. Il devra partir comme bien d'autres et laisser se reconstruire ce qui peut l'être encore pour bloquer l'accès au pouvoir du fascisme franchouillard qui menace dès maintenant et plus encore dans cinq ans avec une offre de candidatures renouvelée. Comme à son habitude, LFI (rebaptisé UP) et Mélenchon pourront annexer ces 22% pour clamer victoire, validité exclusive de son projet AEC et tenter l'hégémonie à gauche dès ces législatives. Ce ne serait qu'annexion indue ; ces voix - dont la mienne - ne lui appartiennent pas. Elles disent la formidable volonté du peuple de gauche - pourcentage cumulé réduit à son étiage - pour l'union afin de barrer la route à l'extrême-droite. Cette stratégie d'hégémonie amènerait un échec retentissant au mépris de la volonté et de l'intérêt de ce même peuple lui-même.
Tous ces partis dits de gauche ou d'extrême-gauche sont co-responsables de cette situation lamentable et particulièrement dangereuse. Ils parlent de « peuple » et de «défense du peuple ». Ils n'ont agi que pour leurs intérêts boutiquiers refusant la condition nécessaire à gagner : une unité de candidature par-delà les divergences réelles. Tous n'en ont jamais voulu du début à la fin au premier rang desquels JLM. C'est une écrasante responsabilité quand le fascisme franchouillard est à la porte qui bénéficie d'une réserve de voix conséquente à droite et à l'extrême-droite, si encore des électeurs de Mélenchon ne passent pas d'un vote à gauche à un vote Le Pen entre ces deux tours tant la détestation de Macron peut embrumer la décision de vote.
Ici à Clermont-Ferrand, le Collectif 63 de Lutte contre les extrêmes-droites pointe bien ce danger et tente de le circonscrire sous le titre « Les extrêmes droites sont un danger pour la démocratie » : « Ce dimanche, au premier tour de l'élection présidentielle, les candidats et candidate des extrêmes droites ont obtenu ensemble plus de 30 % des suffrages exprimés, score jamais atteint depuis la guerre. Le Collectif de lutte contre les extrêmes droites du Puy de dôme (LCED 63), avec la vingtaine d'organisations syndicales, politiques, associatives et coopératives qui le constituent, appelle tous ceux et toutes celles qui défendent les valeurs d'égalité et de solidarité à la mobilisation. Mobilisation dans les urnes : pas une seule voix ne doit aller au deuxième tour à la candidate d'extrême droite. Mobilisation dans les entreprises, sur les lieux de travail et d’études : l'extrême droite ne fera qu’empirer les politiques antisociales actuelles, en divisant les travailleurs et les travailleuses : mobilisons, informons, convainquons. Mobilisation dans les quartiers, dans la rue : ne les abandonnons pas aux extrêmes droites, à leur propagande, à leurs violences, manifestons publiquement notre volonté de développer une société juste, égalitaire et solidaire. »
Le péril du second tour
Pour l'heure la bataille du second tour est lancée pour une issues incertaine quoique favorable a priori à Macron. Un deuxième tour et tout de suite après, les élections législatives en juin.
Par sa politique répressive et violente, par l'imposition de toutes ces lois liberticides successives, par cette politique au service des plus riches, anti-sociales, bref par un ultralibéralisme autoritaire que le quoi qu'il en côute de la pandémie a camouflé un temps, Macron a fait la courte-échelle permanente aux thèses et aux thèmes de l'extrême-droite particulièrement sur la politique migratoire et l'expulsion qui tranche totalement avec l'accueil des réfugiés Ukrainiens avec. Il a fait la courte-échelle avec, au premier chef, ses ministres Blanquer, Castaner, Darmanin qui ont tenu sans discontinuer des propos extrémistes et polémiques dont chacun se souvient. Macron a eu cette politique où le débat ne sert que sa décision souveraine et arbitraire, débat remplacé par des comités et conseil de tous poils, court-circuitant et l'Assemblé Nationale et le conseil des ministres. ! Il l'a fait pendant cinq ans et il continuera, s'il est élu, pendant cinq ans de plus, en attaquant notre système de retraites pour une réforme totalement injuste, le code du travail, la privatisation des services publics, hôpital, école etc. Il continuera cette courte-échelle à la fascisation qui gangrène notre population et notre pays. Faut-il voter Macron pour qu'arrivent au pouvoir dans cinq ans emmené par sa politique régressive et répressive, ces fascistes franchouillards, héritiers d'un siècle, qui menacent la République, la démocratie, la France et sa population. Faut-il s'imposer ce vote quand ces partis de gauche se sont discrédités - et pour longtemps - incapable de prendre la mesure de cette menace et le moyen essentiel et premier pour y remédier ? Ce vote pour ne pas croire à la recomposition/reconstruction d'une gauche réellement alternative et mobilisatrice derrière un mouvement divers mais uni pour que jamais ne revienne au pouvoir ce système barbare et tueur ?
Zemmour ou Marine Le Pen sont les deux faces de cette bête immonde qu'est le fascisme franchouillard qui veut revenir au pouvoir, qui a engendré la collaboration et l'OAS, racisme et répression violente qui n'hésite pas, selon les circonstances, à frapper, réprimer et tuer au mépris de toute valeur humaine s'il accédait au pouvoir avec un pouvoir qu'il ne manquerait pas de pervertir comme Orban, soutien de Poutine, pour ne plus le laisser à quiconque en trafiquant le droit.
Les digues contre l'extrême-droite
Les digues contre l'arrivée au pouvoir de cette engeance extrémiste et raciste doivent une fois de plus monter plus haut encore, menacées par ce flot extrémiste croissant, toujours plus fort. Près de 35% d'électeurs ! Ils et elles, candidats de gauche – sauf JLM - appellent donc explicitement à voter avec le bulletin Macron en désespoir de cause après avoir refusé la candidature unique qui aurait pu porté son ou sa candidate au second tour. Faudrait-il croire que désormais seul le vote utile permet un score élevé même insuffisant donc inefficace pour parvenir au second tour ? Triste perspective qui demande maintenant un courage politique et une responsabilité élevée, qui a bien fait défaut jusque là dans un déni sans faille, pour reconstruire sans volonté hégémonique une alternative solide qui dans cinq ans devra parvenir au pouvoir faute de laisser le champ libre à une candidature de l'extrême-droite dans une offre de candidat·es renouvelée, ce qui n'était pas le cas cette fois.
Les gauches – pour moi c'est la gauche sans quoi il n'y a nulle gauche mais des chapelles à leur service – quel que soit le vainqueur de l'élection présidentielle doivent enfin s'unir dans chaque circonscription pour les élections législatives et ainsi refuser au vainqueur une majorité mais le confronter à une opposition forte et unie qui devra mettre en échec une politique délétère et régressive pour gagner dans cinq ans et enfin mettre en oeuvre une alternative démocratique et sociale qui ne peut plus attendre.