"Tuer une femme c’est criminel pas passionnel... il faut en finir avec la romance, on ne tue pas parce qu’on aime trop !"
Entre chien et loup au parc Lecoq, sous un temps à la pluie latente aux coups de vent brutaux, ce 14 janvier de Saint-Valentin. Pas d'amoureux sur banc public qui se bécotent allègrement insouciants mais un banc rouge sang pour rappeler la longue liste des féminicides du quinquennat Macron qui était censé être celui du droit des femmes, « grande cause nationale ». Un banc rouge installé pour rappeler la mémoire de ces femmes assassinées par un compagnon, mari, ou ex-conjoint. Un évènement annuel depuis plusieurs années à l'appel du "collectif Noustoutes63", "Osez le féminisme63","My girl’s street63" et cette année avec "l’association Laura B 22 ans" de Saint-Chamas.
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Au sol de part et d'autre de l'allée, un impressionnant parterre de cartons et plastifiés qui énoncent un à un le prénom, l'âge et les circonstances de ces assassinats. Impossible de passer à côté d'une émotion qui prend, d'une colère devant ce gâchis, devant cette multitude posée là pour ne pas oublier, pour donner un prénom à celles qui n'étaient pas un nombre, un numéro sur une liste, mais des personnes qui voulaient vivre une autre vie et qui en sont mortes.
Un bien petit groupe pour cet événement qui appelle au souvenir vivant et à la lutte opiniâtre.
"Lisa, 45 ans assassinée le 02.01.22 : son ex-conjoint l’a étranglée, c’est leur fille qui a prévenu les secours. Son corps a été retrouvé dans le coffre de la voiture du fils. Lisa était maman de 4 enfants... Elsa-Marie, 29 ans enceinte de 5 mois et sa petite fille Sihem, de 2ans et demi le 08.01.22 : Il a poignardé sa compagne et leur petite fille. Il a également poignardé sa propre sœur, qui a sauté du 2ème étage pour lui échapper et ne pas mourir !... Nana, 22 ans, le 22.01.2022 : son ex-conjoint l’a abattue. Iels s’étaient séparés en décembre 2021. Il avait déjà été condamné pour des faits de violences et possédaient des armes non déclarées... Amanda, 28 ans tuée le 29.01.2022 : Son conjoint qui est policier l’a tuée. Activement recherché l’homme était déjà connu pour des faits de violences conjugales. La police était déjà intervenue à plusieurs reprises au domicile du couple ! En 2019 après une plainte déposée par son ex-compagne ce policier avait bénéficié d’une alternative aux poursuites. Il avait seulement eu l’obligation de faire un stage de sensibilisation aux violences conjugales. Son arme de service ne lui a pas été retirée!..."
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"Le foyer est l’endroit le plus dangereux pour les femmes et les enfants."
Quelques-unes, si peu, qui donnent à entendre au-delà des chiffres inévitablement froids et anonymes qu'il faut bien citer malgré tout pour montrer l'ampleur de ce fléau de société quand la République espagnole avec ses mesures a fait chuter de plus de moitié les féminicides dans ce pays latin réputé macho. La France à la traîne, un passif du président. Lire à ce propos : "L'Espagne a vraiment une longueur d'avance sur nous"
2017 : 144 féminicides
2018 : 126 féminicides
2019 : 154 féminicides et 20 infanticides
2020 : 103 féminicides et 8 infanticides
2021 : 113 féminicides et 7 infanticides
En 2022, déjà 10 féminicides et 1 infanticide.
soit au 14 février 650 féminicides et 36 infanticides en 3 ans
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Six cent cinquante femmes assassinées de toutes les manières des plus atroces au plus sanglantes, de tous âges même si les plus jeunes sont les plus nombreuses. Je n'aime guère ce terme de "femmage" nouveau mot genré. Dans "hommage" je n'ai jamais entendu "homme" mais qui peut contester ce terme devant cette hécatombe ? Qui peut chercher la paille du mot dans la poutre ininterrompue des meurtres tous plus horribles les uns que les autres, sans omettre ces enfants traumatisé·es à vie, victimes de cette folie assassine ?
"Le féminisme n’a jamais tué personne. Le machisme tue tous les jours." Benoîte Groult
"Une femme n’est JAMAIS responsable des violences qu’elle subit... Prenons et faisons prendre conscience que cette violence est systémique. En France 1 femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son compagnon ou Ex".
Une déclaration est lue par chacune des associations. Elles posent avec force des questions cruciales et immédiates tout en revendiquant plus de justice : "La convention d’Istanbul a été ratifiée par la France depuis 2014 !!! Qu’attendent-ils pour l’appliquer ? Pourquoi les ordonnances de protection ne sont elles pas plus largement données aux femmes victimes de violences ?". Féminicide : "Pourquoi n’est-il toujours pas inscrit dans le code pénal ?"
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A propos de Darmanin, ministre de l'intérieur et de Dupont-Moretti, ministre de la Justice, elles disent : "Ce sont deux contre-symboles de la lutte contre les violences machistes ! Quel message nous envoie t-il ? Ils nous méprisent !"
En matière d'action judiciaire, elles pointent les mesures insuffisantes ou les plus graves de conséquences : "On demande le consentement aux hommes violents s’ils souhaitent porter le bracelet électronique ! On marche sur la tête ! Stop au sursis comme réponse pénale, c’est le permis de recommencer. La 1ere fois c’est gratuit ! 80% des plaintes classées sans suite stop à l’impunité ! 65 % des femmes victimes de féminicides avait déposer plaintes" et concluent :"Les femmes parlent mais ne sont pas protégées !"
Un coup de vent brusque fait voler les feuilles au sol. Comment ne pas voir le symbole de ces existences envolées, volées à leur avenir ? Durant la déclaration, une volée d'oiseaux criards s'abat sur le bosquet tout près, rendant l'audition difficile. Un autre symbole du bruit qui couvre plaintes et revendications. Elles veulent le milliard pour lutter contre ces féminicides systémiques mais non fatals, pour lutter contre les violences conjugales, soit le montant promis par l'Espagne en 2017 pour cinq ans.
L'appel de ces organisations féministes préconise la perpétuité réelle pour les auteurs de féminicide, soit une automaticité de la peine devenue incompressible et sans période de sûreté.
Une autre approche est énoncé ici clairement : « Mon abolitionnisme se situe dans un mouvement révolutionnaire »
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Les citations entre guillemets et italique sont tirées de textes de ces organisations soit l'appel appelant à manifester et la déclaration lue lors de cet évènement.