La fermeture avant 2026 annoncée le 5 novembre des sites Michelin de Vannes (Morbihan) et Cholet (Maine et Loire), en catimini va mettre à la porte 1254 salariés et, au-delà, plonger ces villes et leurs régions proches (sous-traitants, commerces locaux...) dans d'autres licenciements et baisse d'activité bien difficile à combler dans un contexte de nouveaux plans sociaux et du retour du chômage, comme le serait Clermont-Ferrand si le groupe mettait la clé sous la porte après avoir bien dégraissé les effectifs : Clermont a compté jusqu'à 30 000 bibs. Aujourd'hui il en reste moins de 10 000 mais le groupe a essaimé ses sites de production aux quatre coins du monde doublant ceux français.
De Vannes, ils sont partis par car à 60 dès 2h30 dans la nuit pour 8 heures de route. Le retour prévu tard dans la nuit. De Cholet, trois cars pour 130 personnes sont partis dès 5h du matin pour rejoindre Clermont-Ferrand ce mercredi 13 novembre dans la fraîcheur de l'automne venue, place du 1er Mai où les barnums flamboyants de la CGT les attendaient avec boissons chaudes et ce qu'il faut pour se sustenter à l'arrivée. Le rassemblement était prévu à 12h avant de partir place des Carmes toute proche devant le siège central de Michelin. On attendra celles et ceux de Cholet un peu plus tard. Les bibs clermontois sont venus aussi non seulement par solidarité mais parce que la décision de Michelin peut impacter à tout moment tous les sites de production malgré un "salaire décent".
Durant deux heures au moins place du 1er mai, les échanges verbaux sont nombreux entre bibs et bien d'autres participants syndicalistes, politiques venus de Bourges, du Puy, de Lorient, d'Issoire et d'autres sites de production ou pas. La colère, l'indignation, la combativité s'expriment dans les discussions mais aussi la réalité d'un combat difficile face au mur de la finance qui se moque des dégâts sociaux.
La vidéo qui suit à travers trois expressions - celle d'un retraite ancien Michelin, d'un bib non-syndiqué et d'un syndicaliste CGT illustre cet état d'esprit et cette émotion devant cette annonce-choc.
Le sentiment qui domine tous les autres est celui d'être traité avec mépris sans aucun égard avec les réussites par l'effort de tous depuis des années avec un double langage permanent voulu avec un affichage social bidon. Il se traduit par un écœurement massif et un besoin d'être restauré dans une dignité bafouée de bibs fiers de leur entreprise et de leur travail collectif autant que de la qualité produite. Bien avant les déclarations devant le siège central place des Carmes, Christophe, délégué syndical CGT à Vannes le traduit en peu de mots sans langue de bois.
Si la journée est organisée par la CGT, la section syndicale CFDT Michelin emmené par Pierre Papon, délégué syndical est bien présente avec sa couleur orange. Des politiques sont venus avec leurs élu·es LFI et PCF. La députée clermontoise Marianne Maximi est là avec Mathilde Panot, la présidente du groupe à l'Assemblée Nationale. André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme et président du groupe PCF à l'Assemblée Nationale a délégué son suppléant Julien Brugerolles. Boris Bouchet, conseiller régional et municipal PCF à Riom également. Quelques drapeaux F.O et L.O.
Au cours de ces possibilités d'échanges, nous avons rencontré Sabrina du Comité CGT des chômeurs-précaires et privés d'emploi qui ouvre l'horizon sur ces invisibles trop souvent oublié·es qui donnent ici une leçon de dynamisme comme j'ai pu le constater de mes yeux sur le toit d'un camion avec la dynamique Cindy elle aussi handicapée mais avec quelle pêche !
Pierre Garnodier, le secrétaire national de ce comité CGT des chômeurs-précaires et privés d'emploi est venu aussi et nous parle :
Vous avez entendu ou lu que quinze suicides - au moins - ont eu lieu cette dernière année à la société Orange. Etrange ! Nous avons rencontré deux personnes venant de Bourges qui ont quelque chose à en dire :
Arrive par les escaliers pour cause de travaux sur une partie de la place pourtant déjà restaurée, le cortège s'est avancé jusqu'à l'entrée du siège dans lequel une quinzaine de CRS attendaient des entrées éventuelles qui n'ont pas eu lieu. Des slogans criés, crachés avec une intense énergie, des fumigènes colorés en rouge en nombre ont donné quelques beaux clichés aux multiples journalistes et télés présents faute de débordements qui auraient fait la Une de maints journaux télévisés qui en sont friands. Les déclarations se sont succédées, parfois bien longues mais pertinentes, syndicalistes d'abord, politiques ensuite. Bref, manif réussie mais pas vraiment le nombre attendu. La mobilisation devrait se poursuivre pour faire pression sur cette direction entre refus des fermetures et plan social favorable en indemnité, reclassement et reconversion. Les bibs ne veulent pas être pris pour des billes par une entreprise qui n'est plus Michelin même si elle en porte le nom.
Vous souhaitez certainement comprendre comment Michelin arrive à fermer ses deux sites de production avec 3,5 milliards de bénéfice, après le vernis social sur les salaires décents. Les raisons avancées par Florent Menegaux, président du groupe Michelin, sont bien connues, reprises en choeur par bien des medias sur la concurrence internationale sans en vérifier la pertinence : la baisse des achats de véhicules et la concurrence internationale low cost. Plus sérieusement, la responsabilité de cette direction est des plus engagée par l'organisation d'une concurrence interne au groupe, par le choix d'une politique industrielle haut de gamme et le refus du low cost, enfin et surtout pour toujours mieux verser de dividendes aux actionnaires dont les principaux sont les fonds de pension états-uniens avec Black Rock au premier plan connu pour sa prédation et son poids dans la réforme des retraites Macron. Les déclarations devant le siège central de Michelin révèlent les vraies raisons de ces fermetures après celles de La Roche sur Yon, Poitiers...Ces dernières suppressions, les raisons invoquées intemporelles et générales laissent penser que d'autres suppressions-couperet pourraient intervenir quand ce cénacle les estimera utiles pour plus de dividendes.
Pour comprendre et démonter ce discours patronal, unilatéralement distribué sur les ondes grand public, enregistrements et vidéos qui suivent révèlent bien des faits, quelques chiffres et des arguments forts à entendre et partager pour que le XXIème siècle social qui s'annonce sans droits ni emplois stables ne deviennent pas réalité.