Tandis que se poursuit à l'assemblée Nationale la discussion sur ce projet de loi si longtemps attendu ouvrant, enfin, peut-être, au bout d'un chemin législatif incertain, une mort choisie, parmi d'autres, me parvient un message de cette infatigable combattante qui donne accès, sans mesurer sa fatigue, son temps et sa peine, un message de cette grande dame Claudette Pierret. A côté de la frontière belge elle facilite depuis des années ces personnes en fin de vie à bénéficier de la loi belge sur la fin de vie quand la France, ce pays désormais en retard sur les droits humains après s'être targué d'être le pays des droits de l'homme quand ce ne fut que le pays de la déclaration des Droits de l'homme devenus droits humains comme Robert Badinter le rectifait avec justesse.
Enfin ! Enfin ! Enfin ? Verrons-nous une loi enfin équilibrée qui donne toutes garanties de ne pas avoir à légiférer encore et encore comme avec ces lois précédentes encensées par beaucoup (et combattues par les plus réactionnaires du pays) qui ne veulent pas du droit à mourir quand bien même profondément la mort aujourd'hui est si différente d'autrefois avec ces moyens médicaux qui permettent de prolonger ce qui reste de vie même végétative quand bien même la personne bien diminuée n'en veut plus, n'en voulait plus !
Comme si la France ne pouvait pas regarder ailleurs juste au-delà de ses frontières et pas si loin pour comprendre ce que d'autres ont compris avant nos législateurs, députée·es et sénateurs engoncés dans leur moralisme de façade pour refuser à l'écrasante majorité de la population comme TOUS les sondages l'attestent depuis leur origine sur ce sujet ! Comme si la France ne pouvait pas s'inspirer des lois ailleurs, des pratiques ailleurs pour à la fois permettre ce choix qui n'implique pas inévitablement des dérives annoncées pour faire peur et restreindre toujours et encore le droit !
J'ai ouvert ce blog le 26 février 2015 sur un billet pour cette liberté finale du droit à mourir. J'ai maintes fois publié à ce sujet sans rien voir venir … Pourrais-je seulement bénéficier encore dans cette vieillesse qui m'a bien affaiblie, de cette loi future si elle ne ferme pas les possibles avant de les avoir ouverts.
Faut-il donc souffrir et encore souffrir – tous les médocs ne soulagent pas toutes les douleurs notamment pyschiques – de savoir que ces maladies chroniques, à terme invalidantes vous feront suffoquer, vous paralyseront etc... pour n'avoir qu'un soupirail de loi qui ouvre autant qu'il ferme ? Il faut encadrer sans nul doute mais ouvrir à tous les cas de ces personnes au bout du rouleau et avant une phase terminale que bien des personnes veulent fuir, voter la possibilité d'en finir et sans allonger des délais indéfini trop long au temps qui détruit le corps, la pensée, la dignité de celui ou celle qui la voit dans cette fin enfin par ses propres moyens ou avec une aide !
Claudette Pierret a envoyé une lettre à tous les 577 députés pour leur permettre d'entendre quelque écho de sa connaissance concrète de la fin de vie. Chacun, chacune a la possibilité d'inscrire un doit nouveau réclamé depuis des décennies, actées par maints pays pour que notre pays malgér ses déchirements adopte une loi qui restera dans l'Histoire de ce pays non par un basculement timide et peureux mais une varie loi qui mettent fin à cette émigration vers la Belgique ou la Suisse comme des pratiques clandestines ou individuells dans notre pays.
Un message dense et clair de Claudette Pierret
Voici cette lettre envoyé à chacun des députés du pays qui met les pendules à l'heure pour cette loi et rejette les accusations mensongères concernant la loi et la pratique belge :
«L’éclairage que je vous apporte ici n’est pas celui d’un théologien, d’un théoricien ou d’un philosophe (quoi que chacun a bien sa philosophie personnelle concernant sa propre vie dont la fin fait intégralement partie) mais celui d’une personne qui est au plus près des malades qui sont en demande d’écoute et du respect de leur ultime volonté et ultime liberté. ».
« Mesdames et Messieurs les Député(es)
Je m’appelle Claudette PIERRET, j’habite à 7 km de la frontière belge, un pays qui a dépénalisé l’aide à mourir en 2002, cela fait donc 23 ans. J’ai 77 ans. Je suis engagée dans ce combat depuis 38 ans (!) et depuis 13 ans, ma position géographique aidant, et ma rencontre avec des médecins belges extraordinaires (dans l’ordre : Dr Yves de Locht, Dr Marc Reisinger, Professeur Distelmans), j’ai pu aider bénévolement des malades Français à aller mieux mourir en Belgique et en Suisse puisque cette possibilité nous est refusée dans notre pays.
Les débats ont commencé à l’Assemblée Nationale il y a 8 jours et j’aimerais vous parler de la réalité des malades au quotidien afin que vous puissiez voter, en toute connaissance de cause et en votre âme et conscience, sur la proposition de loi sur laquelle vous discutez en ce moment, vous éclairer ici sur les vérités et sur les mensonges qui sont colportés à propos de la loi belge. Visiblement, il y des Député(e)s qui ne la connaissent pas, et sa pratique non plus quand j’entends ce qui peut être dit comme choses fausses.
En P.J. vous trouverez le texte prononcé par Simone Veil lors du vote pour l’IVG. Je l’ai remanié pour l’adapter à ce qu’elle aurait pu dire sur l’Aide Médicale à Mourir. Ce sont deux combats de société qu’il convient de traiter avec la même humanité. Vous trouverez, en P.J. et sous ce texte, toutes les informations indispensables à connaitre avant de voter.
Que les regards de cette planche de photos vous guident dans votre vote parce qu’à cause des opposants à l’AMM (Aide Médicale à Mourir), ces malades se sont tous exilés pour aller mieux mourir en Belgique, et ceux-là ne sont pas les seuls. A leur demande, je les ai accompagné(e)s dans les démarches à suivre.
Tous sont partis sereins et apaisés avec un seul mot à la bouche : MERCI (voir remerciements en P.J.) ! Merci aux médecins belges et à moi aussi.
Vous n’êtes certes pas responsables de l’origine de leurs maladies et de leurs souffrances mais en votant contre le droit à l’Aide Médicale à Mourir, vous deviendrez responsables des souffrances qu’ils seront encore obligés d’endurer contre leur gré, et vous serez responsables de leur exil long, douloureux et onéreux vers l’étranger. Vous serez aussi responsables des euthanasies clandestines qui continueront d’avoir lieu dans notre pays chaque jour, et vous serez responsables d’une grande partie des suicides en solitaires dramatiques pour les malades et pour leur entourage.
Tout le monde n’a pas la force physique et les moyens financiers pour s’exiler.
Bien sûr qu’il faut une bonne loi pour encadrer strictement l’AMM, comme c’est le cas en Belgique, contrairement à ce que les opposants affirment, et il y a une Commission de Contrôle, composée de soignants, de juristes et de représentants de la société civile qui est là pour vérifier que la loi est strictement appliquée.
Loi et pratique en Belgique , fausses allégations en France

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LA BELGIQUE accueille les malades français qui ne veulent pas terminer leur vie après une sédation profonde et continue jusqu’au décès (que j’appelle « terminale » pour employer un seul mot au lieu d’une périphrase) qui durera bien trop longtemps à leurs yeux ! (12 jours pour mon frère il y a 2 ans)
Les opposants racontent tellement de choses fausses sur ce qui se passe réellement dans ce pays que je vais les rectifier :
- NON, en Belgique, on n’euthanasie pas les enfants autistes comme l’a prétendu faussement l’archevêque de Paris, Michel Aupetit. Aucun !
- NON, en Belgique, on n’euthanasie pas des enfants à tour de bras (6 en tout depuis 2014, certains étaient près de leur majorité et tous étaient en toute fin de vie)
- NON, en Belgique, on n’euthanasie pas tous les jeunes dépressifs, c’est faux !
- NON, en Belgique on n’euthanasie pas tous les « Vieux » non plus !
- NON, en Belgique Les « Vieux » ne se sauvent pas pour aller mourir ailleurs (et surtout pas en France !)
- NON, ce ne sont pas les plus pauvres qui demandent une euthanasie, c’est le contraire. (Voir les métiers des personnes décédées au-dessus des photos).
- NON, ce ne sont pas les plus faibles intellectuellement qui demandent l’AMM, c’est le contraire (médecins, Professeurs, chefs d’entreprise, commissaire de police…)
- NON, les malades ne changent pas d’avis au dernier moment, même s’ils le peuvent évidemment jusqu’à la dernière seconde !
- NON, les médecins belges ne se suicident pas ou ne tombent pas en dépression avoir pratiqué des euthanasies,
- NON, tous les médecins ne refuseront pas de pratiquer des euthanasies si la loi est votée. Le sondage IFOP du mois dernier (avril) montre que 74 % des médecins souhaitent la légalisation de l’AMM, mais les opposants voudraient nous faire croire que la majorité est contre. C’est faux ! La preuve :
- NON, la sédation profonde et continue n’a pas été supprimée en Belgique pour être remplacée par l’euthanasie, les deux existent et sont possibles mais les opposants avancent comme arguments que les sédations sont des euthanasies donc dans ce cas-là en France, c’est 100 % des sédations qui sont des euthanasies.
- NON, en Belgique comme en France, pratiquer une sédation profonde et continue n’est pas répertoriée comme étant une euthanasie clandestine Heureusement !
Et :
OUI, il faut des unités de soins palliatifs partout sur le territoire mais l’un n’empêche pas l’autre ! Et les malades doivent avoir le CHOIX d’y aller -ou pas-
OUI, Les Français se bousculent aux frontières de la Belgique pour aller y mourir mieux, et ils sont de plus en plus nombreux d’année en année,
OUI, j’ai accompagné plusieurs médecins en Belgique, et même un Professeur de l’APHP qui a accepté de témoigner, le Professeur Jean-Claude Roujeau.
OUI, Les malades français disent « Merci » aux médecins belges et aux associations suisses,
OUI, la certitude de savoir que l’on sera aidé(e) à mourir quand on le souhaitera aide à mieux vivre,
OUI, le deuil est plus facile pour les proches qui accompagnent le malade dans sa démarche,
OUI, c’est outrepasser ses droits que de vouloir imposer ses idées et ses croyances aux autres,
OUI, une de vos consœurs, la Députée Paulette Guinchard, qui était contre le changement de la loi Leonetti qu’elle avait élaborée avec lui en 2015, est allée mourir en Suisse quand elle-même est tombée gravement malade ! (C’est « faite comme je dis, pas comme je fais ! »)
OUI, les croyances religieuses des uns et des autres doivent rester dans la sphère privée et ne doivent pas primer sur la volonté et le droit des autres.
Je joins également des P.J. de témoignages, des remerciements également, et un message audio que j’ai reçu ce matin d’un malade remarquable qui n’était ni désargenté, ni faible d’esprit mais totalement conscient de la « chance » qu’il a eue de pouvoir aller mourir à l’étranger puisque son propre pays lui a refusé la possibilité de pouvoir mourir chez lui, et dans son lit. Qu’ils vous permettent de prendre conscience de l’ampleur de l’attente et de la demande des Français.
Ce ne sont pas quelques opposants, quels qu’ils soient, qui doivent empêcher notre pays de se doter d’une loi de liberté quand la mort se profile à l’horizon. Nous tous, bien-portants d’aujourd’hui sommes les malades de demain ! Ne faites pas comme votre collègue, Paulette Guinchard, qui était restée inflexible sur le changement de la loi qu’elle a été contrainte de contourner quand sa situation médicale à elle s’est fortement dégradée, et je le répète, elle a demandé à la Suisse de l’aider à mourir.
Et Je terminerai en reprenant les mots du mari de Danièle, cette dame qui a été quadraplégique et aphasique pendant 40 ans (erreur médicale lors d’une IVG) : « Notre vie nous appartient, notre mort aussi et personne n’a le droit de décider à notre place et de nous imposer ses propres croyances ou convictions ».
J’espère que l’éclairage que je vous apporte ici, qui n’est pas celui d’un théologien, d’un théoricien ou d’un philosophe (quoi que chacun a bien sa philosophie personnelle concernant sa propre vie dont la fin fait intégralement partie) mais celui d’une personne qui est au plus près des malades qui sont en demande d’écoute et du respect de leur ultime volonté et ultime liberté.
J’espère qu’il pourra vous permettre de vous faire une idée réelle de ce que vivent les malades français et ce qu’ils attendent ders responsables politiques qu’ils ont élus pour les représenter. Vous ne pouvez pas les ignorer. Vous devez répondre à la demande et au souhait de la grande majorité des Français lors de votre vote.
Merci de m’avoir lue jusqu’au bout
Bien cordialement,
PIERRET Claudette »
DOCUMENTS ANNEXES A CONSULTER POUR VOUS FAIRE UNE IDEE PLUS PRECISE DE CE QUE DISENT LES FRANÇAIS
- Témoignage audio de Monsieur Olivier d’HERBEMONT : https://drive.google.com/file/d/1fLL77QrYRGepz7hWIf35gT4LrWkLrZXb/view?usp=share_link
- Témoignages de malades et de familles sur ma chaîne Youtube (dont 2 médecins) : https://www.youtube.com/channel/UCD_r-x9rgUELtUkRReUSaNA
Chacun peut intervenir auprès de son ou sa député·e pour lui demander son point de vue...