Ecoles Brossolette, Riom, Puy-de-Dôme : Monsieur le préfet, levez les OQTF !

A 16h ce vendredi de fortes chaleurs frisant les 40°, exposés plein soleil sans nulle ombre pour éviter ces 40ème rayonnants (sauf à distance un arbre frêle squatté par quelques policiers), en bordure du stade Emile Pons de Riom, le groupe scolaire Brossolette avec maternelle et élémentaire voit comme à l'habitude arriver mères et quelques pères venir chercher leurs enfants. Après quoi, elles restent là avec eux : c'est l'heure du rassemblement pour obtenir la levée de l'OQTF (ordre de quitter le territoire français) qui frappe en fin d'année la famille Zequiroviq et ses quatre enfants dont trois nés en France ne parlant que notre langue ; l'heure de la solidarité entre parents, de camaraderie solidaire entre enfants pour réclamer la régularisation de cette famille avec une carte de séjour. Ces enfants ont rédigé quelques messages suspendus le long des grilles d'enceinte (en lire en fin).

Qu'est-ce qui a pris le préfet de signer cet OQTF quand cette famille est en France depuis …. 8 ans ! Parfaitement intégrés à leurs quartiers, leur ville de Riom, participants à des associations avec leurs enfants qui aiment l'école, y travaillent et y réussissent avec copains et copines ? On racle les fonds de tiroir pour faire du chiffre en expulsant cet été vers le Kosovo ces personnes qui l'ont fui pour raisons graves ?

Ces enfants, ces enseignants, ces parents d'élèves solidaires et franchement révoltés contre ces expulsions qui briseraient cette famille, ne veulent pas trouver à la rentrée des chaises vides pour cause d'évacuation urgente estivale ! Il est question de partager la famille entre Kosovo et France, un ici et l'autre là et les enfants au milieu ! Une violence terrible ! Quelle honte ! Briseurs de famille ! Avec les « étrangers » on ne se gêne pas ! Imaginez dans ces conditions ce que peuvent vivre cette mère, ce père, ces quatre enfants si petits, leur angoisse qui ne peuvent que les perturber ...

     Boris

Avec une bonne centaine de personnes, adultes et enfants, deux élus municipaux d'opposition (PCF) participent à ce rassemblement : Audrey Laurent et Boris Bouchet (également conseiller régional). Ils veulent faire adopter en conseil municipal une motion qui, adoptée fin juin, remonterait en Préfecture. Au fait, la résolution unanime moins une du conseil d'école a vu la seule représentante de la mairie s'abstenir.

     Marion

En introduction au rassemblement en soutien à la Famille de Gentian (CM2), Erina (grande section maternelle), Era (petite section - PS) et leur petite sœur qui doit faire sa rentrée en PS à la rentrée de septembre, Marion, mère d’élève, élus de l’école prend la parole au nom des trois déléguées (Elodie,Emilie, Marion) :

« Aujourd’hui, nous ne sommes pas là pour parler des raisons qui ont poussé cette famille (que nous soutenons dans ses démarches) à fuir leur pays de naissance, et je dis bien FUIR. Aujourd’hui, nous sommes là pour leurs quatre enfants : Gentian en CM2, Erina en GS, Era en PS et leur petite sœur qui va faire sa rentrée en PS en septembre prochain. Aujourd’hui nous sommes là pour dénoncer la violence morale subie par ces enfants à l’idée de devoir quitter le pays ... dans lequel ils vivent depuis huit ans (2014) pour Gentian, leur naissance pour Erina, Era et leur petite sœur... la France.

Nous sommes ici aussi pour rappeler que notre Ville Riom est la ville des enfants ; que Gentian, Erina, Era et leur petite sœur sont des ENFANTS, des enfants respectueux des règles de vie en communauté, respectueux des autres. Ils sont intégrés auprès de leur camarade d’école, copains de jeu et de sport. Ils sont assidus et doués dans leurs apprentissages scolaires et extra-scolaires. Nous nous rassemblons ici, aujourd’hui vendredi 17 juin 2022, pour soutenir la famille, la maman, dans sa démarche d’obtention d’un titre de séjour et de la levée de l’OQTF pour le mieux vivre de ses enfants. »

     Didier

pour RESF également militant SUD-Education prend à son tour la parole :

     Roland
     professeur d'école retraité, DDEN, militant associatif et syndical, militant laïque de l'éducation, s'adresse sans ambage au préfet du Puy-de-Dôme :

« Monsieur le Préfet,
Dans trois semaines, les vacances pour tous les élèves. Tous les enfants, tous les jeunes pourront profiter de temps pour se cultiver, jouer, voyager, construire des projets et les vivre avec d'autres enfants et jeunes. Tous les enfants ont des droits inscrits dans la Convention internationale des droits de l'enfant depuis 1989, convention signée par presque tous les pays et ratifiée par la France.

L'intérêt supérieur de l'enfant s'impose dans tous les textes de loi et tous les actes administratifs. Après le droit à l'école, mission d'accueil du service public d'éducation de tous les enfants présents sur le sol français, droit aux vacances et aux loisirs, en complément éducatif nécessaire à celui de l'école ; droit à une famille pour la sécurité matérielle et affective de chaque enfant. Seulement tous ces droits restent encore à affirmer pour tous !

Ici à Pierre Brossolette, Era, Erina et Gentiane Zeqiroviq sont en danger. Dans le département, ce sont également deux autres élèves à Bertignat, deux à l'école George Sand à Clermont, deux à l'école Jean Butez à Clermont, trois à Cournon, à l'école Léon Dhermain et au collège La Ribeyre.

Vous avez le pouvoir, Monsieur le Préfet, pouvoir discrétionnaire, mais pouvoir tout de même, de rendre paisible l'été de la famille Zequiroviq comme celui des quatre autres familles et de permettre à ce qu'il n'y ait aucune chaise vide à la rentrée de septembre dans les écoles ! Prenez vos responsabilités ! Sachez que nous, nous avons pris les nôtres, nous prenons tous ces enfants et toutes ces familles sous notre protection!

Ils vivent ici, quelquefois depuis plusieurs années ! Ils restent ici ! »

Boris Bouchet prend la parole en dernier pour dire son soutien actif et la motion prochaine à présenter et voter en conseil municipal fin juin. Riom solidaire trahit par sa majorité ou pas ? 

La ronde des enfants

En fin de rassemblement, des enfants font ce que savent faire spontanément tous les enfants du monde, ronde qui rappelle en la circonstance solidaire, ce poème de Paul Fort :

« Si toutes les filles du monde voulaient s’ donner la main
Tout autour de la mer, elles pourraient faire une ronde
Si tous les gars du monde voulaient bien êtr’ marins
Ils f’raient avec leurs barques un joli pont sur l’onde
Alors on pourrait faire une ronde autour du monde

Si tous les gars du monde voulaient s’ donner la main
Si tous les gars du monde
Décidaient d’être copains
Et partageaient un beau matin
Leurs espoirs et leurs chagrins

Si tous les gars du monde
Devenaient de bons copains
Et marchaient la main dans la main
Le bonheur serait pour demain

Ne parle pas de différence
Ne dites pas qu’il est trop blond
Ou qu’il est noir comme du charbon
Ni même qu’il n’est pas né en France
Aimez-les n’importe comment
Même si leur gueule doit vous surprendre ... »