Faut-il donc n'avoir rien à se mettre sous la dent en ce mois d'août pour passer une journée entière à parler d'Alain Delon - et c'est pas fini mais ce 18 août, rien d'autre ou presque - ? Ceci dit pour les téloches, je ne sais rien ce qu'en disent les réseaux sociaux. On saura tout sur lui surtout son côté beauté incandescente avec un égo énorme digne des hautes autorités de l'état d'aujourd'hui et d'hier. Rien d'autre à chroniquer des affres de la politique française où ce président ne veut rien que poursuivre comme avant refusant le verdict des urnes, Gaza qui atteint les plus de 40 000 morts officiels, l'Ukraine qui chaque jour compte ses morts et ses blessés, l'Inde avec le viol et le meurtre d'un docteur dans son hôpital montre la réalité tragique des indiennes...
Oui, j'ai aimé ses interprétations dans maints films où son jeu d'acteur instinctif et tragique joue à plein, soigneusement cadré par les réal. Oui, je peux encore regarder et me régaler avec cet Alain Delon dans « Borsalino » au côté de Bébel et bien d'autres. Delon en était, mais son succès doit aussi aux réals chevronnés et aux autres acteurs dits "secondaires", avec leurs mines familières de film en film aujourd'hui disparu·es, dans une histoire à l'ancienne, marqueur de toute génération. La mienne, celles d'avant et celles d'après, pas le même certes mais marqueur néanmoins, car le cinoche c'est comme la société : ça évolue, ça bouge et ça change. A dix, vingt ans de distance c'est plus le même, et après la Nouvelle Vague d'antan, d'autres sont venues comme sur le littoral normand balayant la plage de sable qui déstabilise les falaises en apparence immuables et solides qui dégringolent sans prévenir.
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Ce Delon pourtant ne fut pas qu'un acteur mais aussi un homme et pas souvent recommandable dans sa soif de pouvoir, de carrière et de fric, « fasciné par les valeurs du [monde de la pègre, des voyous et des gigolos], notamment le sens de l’honneur, de l’amitié, le respect et la loi du silence » . Dans les années 1ç70, l'affaire Marković le touche de près. Peu à peu, il vire au Front National du temps de Papy Le Pen, devient plus que bougon arqué sur sa gloire passée, jamais satisfait de son sort pourtant adulé comme star.
Bref, des féministes disent qu'on ne peut séparer l'artiste de l'homme pour maints acteurs impliqués dans des agressions sexuelles, si ce n'est de viol. Peut-être pourrait-on en dire autant de cet Alain Delon qui a eu le culot rémunéré de jouer Fabio Montale en 2001 de Jean-Claude Izzo dans Marseille, pour un emploi à contre-sens de sa vie qui n'était pas vraiment recommandable sauf pour assurer jusqu'à un certain âge le succès au box-office.
Peut-on lier Depardieu et son œuvre, pourchasser Roman Polanski et bien d'autres sans se poser la même question de cette liaison entre l'homme et l'acteur ? Pourtant ces films sont à voir ou revoir, non pas pour la seule interprétation du sieur Delon, mais pour toutes ces équipes acteurs/actrices et techniciens qui enchantent la toile de nos nuits après la salle obscure.