La réforme des retraites avec le mépris, le déni et le mensonge qui l'accompagne tout au long d'un processus utilisant tous les articles permettant de corseter les débats, de voter tout en une fois et finalement d'adopter un texte de loi sans vote grâce à l'artifice légal du 49-3, sans quoi le texte était rejetée, a donné le carburant nécessaire à une lutte qui ne cesse de s'amplifier et maintenant de se multiplier en mille brasiers. Clermont-Ferrand n'échappe pas à cette évolution nécessaire quand ce Président rigide et borné refuse d'entendre le réel d'une mobilisation historique dans un contexte de rejet quasi-total de sa réforme qu'il est seul à vouloir.
Depuis la manifestation du 15 mars, de multiples initiatives ont été prises en particulier par l'intersyndicale départementale pour manifester ce refus de la réforme des retraites et l'exigence de son retrait :
- Reconduction de la grève à l'appel de l'intersyndicale sur la journée du16 mars et nouvelle manifestation au départ de la Préfecture du Puy de Dôme à 10h00 pour rejoindre la permanence de la députée Modem Laurence Vichnievsky.
- Ce même 16 mars, une action a eu lieu à partir de 19h avec les cheminots sur les secteurs de Gannat et Moulins, action coordonnée entre le département de l'Allier et celui du Puy de Dôme.
- Le lundi 20 mars, l'intersyndicale des Cheminots a invité l'ensemble des secteurs en lutte à se réunir devant le parvis de la gare de Clermont-Ferrand à 9h30. A 11h, L'intersyndicale départementale a organisé un rassemblement devant la Préfecture du Puy de Dôme suivi à 12h30 devant cette même préfecture d'un pique-nique/sit-in/débat ouvert pour que la voix des personnels hospitaliers soit entendue de toutes et tous. Tandis que l'intersyndicale départementale des personnels de l'éducation nationale a organisé un rassemblement ce 20 mars à 12h00 devant le lycée Blaise Pascal et à 13h00 devant le lycée Brugière.
- Le Collectif des grévistes des personnels de l'éducation nationale de St Jacques (quartier de Clermont avec trois écoles et un collège) a organisé sur les trois jours des 20, 21 et 22 mars un triple rassemblement devant la préfecture à 18h.
Le 21 mars, nous n'étions pas à ce rassemblement. Des violences policières ont, semblent-ils, été commises. Nous en donnons le détail avec les documents (texte et trois vidéos que nous avons montés à la suite sans aucune modification) qui nous ont été transmis sans autres indications que celles données ci-dessous.

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Que sait-il passé le 21 mars ?
Le texte suivant a été écrit « collectivement par plusieurs personnes présentes ».
« Après le rassemblement [devant la Préfecture, une centaine de personnes] s'est rendu place Victoire pour manifester... Une première fois, les forces de l'ordre ont chargé en plein milieu de la place, de nombreux policiers en civil (avec brassard de la police à ce moment là) ont sorti des matraques télescopiques, ce sont d'ailleurs eux qui se sont lancés sur les personnes présentes en premier, soutenus par la charge des policiers casqués et boucliers en main. Les manifestant.e.s se sont dispersé.e.s. Un manifestant isolé est resté assis à terre, mains sur la tête, refusant de suivre la police qui essayait de le relever. Un autre plus agité mais sans autre acte de violence que de taper dans du mobilier urbain, a été gazé à bout portant. D'autres semblent avoir été tabassés par la police dans ce moment de panique générale.
Puis la police s'est repliée disparaissant par la rue Terrasse, sous la place de la Victoire. Les manifestant.e.s se sont à nouveau rassemblé.e.s (un groupe d’environ 60-70 personnes), certain·es ont mis le feu aux sacs poubelles et cartons préalablement déversés sur la place. Les policiers sont réapparus du côté de la place Royale, sur la chaussée. Les manifestant.e.s se sont également rassemblé.e.s sur la chaussée, pour se sentir protégé.e.s à proximité des terrasses bondées. Les policiers ont peu à peu avancé, les manifestant.e.s reculant en chantant des slogans pacifiques et les bras en l'air. (voir vidéos) Puis sans aucune sommation, les policiers ont encerclé de tous les côtés les manifestant·es qui ne faisaient toujours pas preuve de violence mais gardaient leur détermination pour le retrait de la réforme des retraites ! Ils ont alors gazé les manifestant·es présent·es dans la nasse en en frappant certain·es et en réussissant à en saisir pour les emmener (sûrement en garde à vue mais aucune info pour le moment). Par ailleurs, la majorité des terrasses des bars se trouvant à côté ont subi l'attaque policière également.
Plusieurs militant·es sont ressorti·es particulièrement choqué·es et souffrant·es de cette action éclair et démesurée des forces de l'ordre suite à l'usage des gels lacrymogènes (plus lourds et pulvérisés à bout portant donc plus impactants que les gaz) et de la violence de la charge surtout contre les terrasses avec des mobiliers (tables, chaises, mobiliers urbains). Suite à cela, un sit-in a été mis en place afin de calmer les forces en présence, ce qui a incité la police à se retirer.
La police a fait preuve d'une violence démesurée, illégitime et injustifiée à Clermont-Ferrand [...] Si les gens sont dans la rue c’est pour exprimer leur colère, leur lassitude, et leur envie d’un autre monde. Vu que la démocratie ne peut avoir lieu à l'Assemblée Nationale et que nos député.e.s ne peuvent pas voter une loi (passage du 49.3), il est essentiel de trouver des moyens de s'exprimer et la rue est le plus efficace actuellement au vu du blocage des institutions ».
Deux témoignages ont été produits et transmis :
Témoignage n°1 : Mme HARIVONGS, en écho à cet article de « La Montagne » :
"Bonjour,
Je viens de lire votre article de ce jour et je tiens à témoigner de la fausseté de votre article qui n’est absolument pas le reflet des événements passés hier soir place de la victoire. La police s’en pris à des citoyens réunis place de la victoire venus exprimer leur mécontentement sans violence, usant de lacrymogènes, et de violences honteuses (des personnes assises en terrasses des bars peuvent en témoigner).
Des arrestations arbitraires ont également eu lieu. Je me rends ce matin [ 22 mars ] chez le médecin pour faire constater des hématomes. En effet lors d’une des multiples charges de la police, j’ai été piétinée par des forces « de l’ordre » arrivant en courant dans mon dos pour frapper des personnes situées devant de moi. Toute la ligne m’a piétinée.
Je vous demande de dire la vérité des faits et non pas de donner de fausses informations.
Je sais que « La Montagne » raconte fréquemment des mensonges, pourriez vous une fois de temps en temps rapporter les faits réels et sans prendre partie ? Mme HARIVONGS"

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Témoignage n°2 : Gabrielle
« J'étais présente mardi 21 mars soir à Clermont-Ferrand place de la Victoire, en vue de m’exprimer contre la réforme des retraites mais également contre un système et un gouvernement qui n’est pas à la hauteur des enjeux climatiques et sociaux. Ces deux sujets étant intimement liés, je souhaitais porter un message très clair, celui de faire payer les pollueurs, et non les travailleur·ses. Nous étions donc une soixantaine, nombreux.ses jeunes issu·es de différents horizons, beaucoup de femmes, parfois pour une 1ère fois en
manifestation. A part quelques poubelles renversées, et l’une brûlée (sans danger car sur la place), tout le monde a agi de manière pacifique.
A la première charge de la police, je me suis mise de côté en face pour observer car j'avais un peu peur des coups. Le groupe s'est regroupé de manière pacifique, levant les mains, et criant des slogans contre la réforme et le gouvernement, invitant également les personnes en terrasse à nous rejoindre. Les forces de l’ordre sont intervenues de manière disproportionnée, en nous chargeant et gazant à plusieurs reprises. Je n’aurai jamais cru à une telle répression face à nos actes. Il n’était pas question de protection des personnes, ni d’éteindre l’incendie des poubelles, mais de nous faire peur, et de détruire notre liberté d’expression et d’action collective. Malgré tout, je reste solidaire et continuerai de lutter, ici et ailleurs, contre ce système d’oppression du vivant, et pour un monde, un pays, une ville écologique et juste socialement. Gabrielle »
Le rassemblement du 22 mars devant la préfecture
- Le matin des militants CGT et Gilets Jaunes ont organisé un barrage filtrant sur la déviation de l'autoroute Lorient-Clermont à RIOM.
La guitare et puis la mer Agrandissement : Illustration 4
Le troisième rassemblement, celui du 22 mars à 18h, devant la Préfecture du département n'a donné lieu à aucun incident. Nous étions à ce rassemblement réunissant environ 250 personnes, militants Solidaires, Unef, Jeunesses communistes, étudiants et retraités avec non loin de là, un détachement de CRS casqués, bottés et boucliers en main qui a traversé la rue devant la préfecture pour stationner 80m devant l'entrée du poste de Police proche. De nombreuses prise de parole dans l'émotion des violences de la veille et son récit ont traversé ces paroles appelant à manifester le lendemain 23 mars, organiser grèves et blocages.