Avec ses paroles hors sol et méprisantes, croyance en sa toute-puissance, Macron, tout en rigidité, a réussi avec maestria à galvaniser la population opposée à sa réforme : 50 000 manifestant.es et peut-être au-delà, ont emprunté les chemins de la ville ce jeudi 23 mars à Clermont-Ferrand pour réclamer le retrait de ce texte rejeté même pas voté mais obtenu à l'arrache et de courte tête avant la suite au Conseil Constitutionnel.

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La jeunesse étudiante clermontoise s'engage nettement
Pas seulement une affaire de nombre ! De très nombreux étudiants de l'université clermontoise, des écoles des beaux-Arts et d'architecture, lycéennes et lycéens se sont joint·es, furibards et rigolards, à ce cortège en un nombre qui cette fois marque l'engagement net de cette jeunesse dans le mouvement populaire et syndical. Les cortèges des organisations avec chants et danses, orchestre et violons, s'allongent tandis que des manifestant·es nouveaux sans appartenance visible ont rejoint la 9ème manifestation. Ce n'est plus seulement la réforme des retraites qui est visé mais tout un ordre libéral qui, de la jeunesse à la vieillesse, conditionne nos vies, les assujettit au travail et à la consommation effrénée dans une précarisation croissante qui tend à devenir la règle. Ils savent bien pour connaître des conditions d'études précaires et difficiles que les 64 ans ne sont qu'une étape dans l'allongement continue de l'âge légal pour partir en retraite et une vie de travail qui va conjuguer contrats courts et faible rémunération tandis que les ultra-riches se gavent et s'enrichissent toujours plus. Alors pas d'autres solutions qu'arrêter Macron dans son offensive anti-peuple réfugié dans son déni..
Macron incendiaire, dans quels buts ?
A force de jeter de l'huile (ou plutôt de l'essence) sur le feu qu'il a allumé et constamment entretenu, la radicalisation gagne du terrain qu'atteste déclarations, conversations, chants, slogans qui exprime plus que la colère mais un rejet haineux de ce mal élu qui la ramène à tout bout de champs. Cette radicalisation progressive augure non d'un apaisement magique dû au verbe présidentiel tout-puissant mais des formes d'action que Macron et sa Police qualifieront de violent et d'illégal pour mieux les réprimer. On peut se poser la question vu son comportement incendiaire s'il ne vise pas à mettre le pays dans un chaos qui justifierait toutes les atteintes aux libertés quoiqu'il en coûte mais pour lui c'est certainement un détail pourvu que Monsieur préside et pérore de sa hauteur perché sur sa tour d'ivoire, n'osant plus faire confiance à personne, sauf à lui-même et totalement.
Lire : "Macron : la verticale du vide", Ellen Salvie, 21 mars. Très éclairant.
- Ce 23 mars a débuté sur le péage d'autoroute à Gerzat où militant·es Cégétistes et Gilets Jaunes ont distribué des tracts devant de nombreuses forces de l'ordre, provoquant un bouchon et un passage par une barrière relevée.
- A l'A.I.A. du Brézet (maintenance aéronautique de l'Armée), une soixantaine d'employé·es ont organisé les piquets de grève sur les deux entrées des parkings pour bloquer et filtrer.
Le cortège entre colère, haine, chant et plus que jamais détermination
Pour la neuvième manifestation, celle qui vient après le rejet de la motion de censure validant le texte, avant même l'heure de départ, il fut évident que nous serions vraiment très nombreux pour un itinéraire renouvelé qui démarrait sur la rue Niel pour s'engager ensuite dans l'avenue de l'Union soviétique, Esplanade, gare SNCF, avenue des Paulines, la fac de lettres et place de Jaude via la rue Blattin.
La tête du cortège avec son service d'ordre renforcé protégeant banderole de tête et camion-sono donne la mesure de la responsabilité des organisations syndicales pour éviter intrusion, incident et violences.
Grande première, une bonne quinzaine de véhicules d'Enedis de toutes tailles se sont joints au cortège tandis qu'un véhicule CGT lançait sa vraie corne de brume d'une puissance à vous faire boucher les oreilles.

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Signe d'un engagement sur le terrain, de nombreux élu·es se sont joints à cette manifestation à commencer par les trois député·es NUPES (LFI/PS/PCF) Marianne Maximi, Christine Pirez-Beaune et notre ancien à carrure d'athlète et moustache, André Chassaigne bien connu en ce Puy-de-Dôme mais aussi un grand nombre d'élus territoriaux, maires, adjoints, conseillers municipaux ceints de leur écharpe tricolore.

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A l'initiative des élu·es communistes et partenaires du département, un appel est lancé à tous les élu·es pour le retrait de la réforme des retraites :"Elu·es du Puy-de-Dôme, nous apportons notre soutien total à la mobilisation syndicale et populaire... Nous dénonçons les atteintes graves au processus démocratique... [réforme qui organise] un recul social sans précédent... Ce projet est particulièrement défavorable aux femmes... Les femmes et les hommes aspirent à la reconnaissance de leur travail... Elles et ils aspirent aussi à profiter d'années de retraite en bonne santé... 5les retraité·es] assurent la vitalité du tissu associatif et municipal... Les signataires demandent au Président de la République et à son gouvernement de ne pas promulguer son projet de réforme et de le retirer pour engager un grand débat national, jusqu'à l'organisation d'un référendum sur l'avenir de notre système de retraite et sur son financement". Des douzaines de signatures dont les trois députés, six conseillers départemental, et beaucoup de maire et conseillers dont le maire de Clermont-Ferrand.
Une manifestation de masse - record
Voyez la vidéo : La moitié de la place de Jaude est remplie de part et d'autres de Vercingétorix tandis que sont encore sur l'avenue Blattin toutes les organisations sauf la CGT.
Les déclarations syndicales
La palme de la surprise revient à Ghislain Dugourt, secrétaire 63 CGT qui, après une citation de Michel Audiard « La retraite il faut la prendre jeune, mais surtout la prendre vivant. » se met à chanter live le refrain d'une chanson de Moustaki à redécouvrir avec une fin qui correspond bien à ce moment: [Sans la nommer].
Voici sa déclaration :
Valérie pour la CFDT 63 :
"Mensonge de dire que quelques-uns bloquent tous les autres ; parce que pour vous 94% de la population active qui rejette cette réforme équivaut à quelques-uns ?? ... Nous voulons que les jeunes puissent entrer sur le marché du travail, tôt et pas dans des systèmes précaires ; que les seniors restent en emploi avec des aménagements en fin de carrière et transmission des savoirs ; que les situations de fin de carrières et rémunérations des femmes soient mieux prises en compte...Vous essayez en permanence de nous diviser, entre jeunes, seniors, précaires, travailleurs et travailleuses et organisations syndicales MAIS nous sommes plus que jamais solidaires !... Vous ne comprenez pas que ceux et celles qui nous ont soignés, ce sont occupés de nos aînés, nous ont nourris, ont transportés nos produits alimentaires, évacués nos déchets, nettoyer nos postes et locaux de travail ; il y a aussi les pompiers que nous avons applaudi il n'y a pas si longtemps...Bref ceux et celles qui ont tenus le pays en étant essentiels n'ont eu aucune reconnaissance contrairement à vos promesses !...
... Votre mépris et vos mensonges n'ont pas de limite, vous n'avez plus ni la confiance, ni les moyens mais, après tout, gérez vos problèmes politiques entre-vous, NOUS notre engagement il est syndical et viscéral, nous représentons le monde du travail et ceux et celles qui n'en ont pas, retirez cette réforme !... renoncez à cette réforme !
Il faut continuer les débats, échanges en Assemblée Générale, rester unis et ne céder surtout pas aux sirènes de la violence et des extrêmes !"
Fred pour F.O. 63 : Après avoir fermement dénoncé la répression contre les manifestant.es, la volonté populaire et les syndicalistes et réclamant ni poursuite ni garde à vue, Fred Bochard, a poursuivi avec rage :
Florilège des interventions suivantes, successivement : CFE-CGC, UNSA, SUD-solidaires, FSU. Les interventions se sont poursuivies avec celles de l'UNEF, de la Voix Lycéenne et des députés après toutes les déclaration syndicales.
Calendrier à venir :
- La semaine prochaine de lundi à samedi, la CGT tiendra son congrès à Clermont-Ferrand
- Le mardi 28 mars sera la dixième journée de grèves et de manifestation pour le retrait de cette réforme abhorée ... jusqu'au retrait avec blocages, barrages, occupations, et autres formes d'action ...et sans violence.
- Le NPA organise un apéro-débat le lundi 27 mars à 18h30 salle 6 du centre J.Richepin - Informations sur : https://www.facebook.com/events/539462458329873/