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Billet de blog 27 septembre 2022

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L'Italie post-fasciste : en marche vers le passé

La victoire du post-fascisme, déflagration annoncée, menace nos systèmes démocratiques imparfaits et l'Europe qui subit une guerre de conquête et un bouleversement interne avec ces extrêmes-droites qui accèdent au pouvoir. Faut-il attendre les catastrophes pour crier ? La remise en cause de vieux réflexes ne demandent-elles pas une actualisation pour agir sur notre époque sans se renier ?

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Le parti post-fasciste Fratelli d'Italia (Fdl) emmené par Georgia Meloni, ex-admiratrice de Mussolini, aujourd'hui Victor Orban et Donald Trump arrive largement en tête avec 26% des voix dans une coalition des droites italiennes (la ligue de Salvini et Forza Italia de Berlusconi) qui, avec ses 44% rafle la majorité absolue aux deux chambres (députés et Sénat). Sa devise « Dieu, Famille, Patrie » met en avant tous les conservatismes d'aujourd'hui et d'autrefois.

Ainsi pour la première fois depuis 1945, un pays – l'Italie - parmi les six pays fondateurs de la construction européenne amène un parti proclamé post-fasciste au pouvoir non par un coup de force mais par un scrutin légal rejoignant en Europe la Pologne, la Hongrie et depuis peu la Suède où dans ces deux premiers pays, l'état dit de droit ne respecte pas les canons de la démocratie sans parler des partis d'extrême-droite, Vox en Espagne, Afd en Allemagne et RN en France qui ont électoralement et dans l'opinion une audience croissante qui menace nos systèmes démocratiques bien imparfaits.

Post-fasciste est encore fasciste

Bien entendu, nous ne sommes plus, cent ans après la marche sur Rome dans le même éthos du temps ni le même contexte technologique. La démocratie et les supports médiatiques dont les réseaux sociaux offrent un terrain pour diffuser la rhétorique nationaliste et brutale. La farce médiatique se déploie dans un non-débat à peu près permanent qui brille en toc des paillettes du spectacle. La masse des gogos se gave, se retrouve décervelée, à la merci des camelots manipulateurs. L'opportunisme politique tend à moduler le langage en jouant tantôt sur les dénonciations de boucs émissaires et les transgressions démocratiques, tantôt sur le lissage de revendications et d'intentions pour rassurer l'électeur le temps de l'élection pour ensuite rassurer « les marchés ».

Nous ne sommes plus au temps du fascisme ni du nazisme premier dans ses manifestations les plus brutales mais les ressorts de ses aspirations sont toujours là. L'expression passée du fascisme s'est renouvelée (pour le moment) mais ses fondements sont revenus sont toujours les mêmes et sa poussée est à nouveau d'actualité. Un nouveau fascisme est né dans les mêmes eaux du nationalisme, du racisme, de la brutalité, du refus de la démocratie et du droit, de la dénonciation de toutes les minorités avec un acharnement particulier contre les droits des femmes quitte à instrumentaliser cette cause, opportunité cynique du moment.

Dès lors, nous sommes relativement piégé·es par ces expressions autour du terme de « fascisme » qui renvoie à une période historique close et largement passée même si le poison du fascisme actuel est bien présent, fait de refus d'un système démocratique qui, pour être largement imparfait, est une digue majeure au déferlement des loups sanguinaires dans nos sociétés de plus en plus violentes (institutionnelle, d'état, administrative, inégalités sociales, pauvretés, politique au service des plus riches de la planète...).

Oui cette victoire est une défaite de la démocratie qui laisse augurer bien des souffrances et des dangers dans cette Europe par la montée des nationalismes dont le XXème siècle a connu les méfaits. Quand la démocratie sert la montée des fascismes de tous poils dans une Europe vilipendée, alors le danger est là, palpable, avant même le déclenchement de catastrophes. Cette victoire du nouveau post-fascisme italien est de nature à pousser encore plus avant cette montée des nationalismes qui annonce invariablement des lendemains douloureux si ce n'est sanglants à l'échelle du continent.

Contexte européen et français

La guerre en Europe sur le territoire de l'Ukraine menée par un dictateur sanguinaire et une armée aux méthodes éprouvées des nazis de la « belle époque » est une menace majeure qui pousse à la logique des blocs et ses affrontements comme du réarmement tout en réanimant un vieux réflexe anti-impérialiste désormais inopérant voire roule pour un autre. L'époque est au ralliement autour des deux superpuissances que sont la Chine (contrôle sur les nouvelles routes de la soie) et les USA sans méconnaître l'influence russe notamment en Afrique.Chaque superpuissance tente d'enrôler les états de moindre influence. La mer de Chine en est aussi le théâtre. Le cadre de notre non-alignement au sens strict et au premier chef est l'Europe telle qu'elle est, que çà plaise, ouverte sur le monde, non enfermée dans ses frontières réelles ou mentales.

L'union des droites italiennes préfigure un scénario pour la France après la saison 2 Macron. Certains s'y emploient à l'extrême-droite comme à LR. Cette alliance des droites a toujours fait la promotion de son extrême, phagocytant ses autres composantes. Souvenons-nous de l'avènement du nazisme !

Avec Macron au centre des extrêmes, extrémiste en chef et au pouvoir, n'y sommes-nous pas déjà ou en partie par maintes lois, maintes pratiques, maints mensonges et ce mépris constant de baratineur-charmeur et sûr de lui : retraite, chômage, sécurité, immigration, tout est prévu quel qu'en soit le coût social, violences comprises, pour dézinguer ce qu'il reste de protection sociale comme en rêve le patronat depuis la fin du XIXème siècle et les premières conquêtes sociales. Son plein-emploi est un leurre qui vise à le promouvoir à l'américaine, contrat journalier ou très court avec trois fois rien de protection sociale et tant pis si le salaire est trop bas pour vivre ou même se loger (9 millions de personnes sous le seuil de pauvreté soit des revenus inférieurs à 60% du revenu médian), les bénéfices et les méga-profits sont au rendez-vous mais on n'y touche surtout pas ! Prend ta prime et ferme ta gueule ! Faudra se geler en hiver volontairement ou par délestage et se cramer en été parce que c'est bon pour la planète et que d'autres n'ont pas compris que c'est inévitable de se rafraîchir l'été avec des plus de 40° comme de se chauffer l'hiver. Faut pas laisser crever de froid mais pas non plus par la chaleur !

A gauche, les éclats et les déchirements suite aux affaires Adrien Quatennens et Julien Bayou décapitent la NUPES au bon moment pour le pouvoir qui tentent le forcing et occupent l'actualité pour ne pas parler d'autres choses. Nous avons bien compris que désormais c'est mettre la main entre le marteau et l'enclume que de participer à l'exposition de quelque argument que ce soit. Dans les années soixante-dix, c'était à celui qui était le plus révolutionnaire. Moins révolutionnaire valait disqualification. Il semble qu'aujourd'hui le même mécanisme soit à l'oeuvre avec le féminisme. Nous en connaissons l'issue : l'histoire s'est construite sans eux et sans elles. Quelle tristesse !

Sale jour, le fascisme progresse encore, la guerre est en Europe et Macron est l'extrémiste. De quoi ne plus rien attendre et pourtant sous toutes les formes, lutter.

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