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Billet de blog 27 décembre 2022

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Irresponsabilité médicale et défausse sur l'hôpital aux abois

L'attractivité boostée, rendez-vous décuplés, recrutements de secrétaires... quelques-uns des arguments pour cette grève des médecins de ville sur une semaine reconductible au bon moment pour le plus grand embarras aux urgences des hôpitaux. Pas un peu irresponsable la rupture des soins et charger encore davantage les urgences de l'hôpital ? Pas solidaires avec les hospitaliers.

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Du 26 décembre au 2 janvier, les médecins de ville sont en grève, une grève susceptible d'être prolongée une semaine de plus.

Certes, le tarif de la consultation médicale bloqué depuis 2017 à 25€ a de quoi irriter et justifier à leurs propres yeux cette action inopinée. Certes, le nombre de tâches administratives que doit effectuer le médecin s'est accumulé au fil du temps : papiers délivrés par le seul médecin etc... Certes, ajouter un an à des études pour un généraliste qui en comporte déjà neuf est aller vite en besogne vu d'en haut. Certes, certes, certes.

  • L'attractivité de la carrière médicale en serait dopée. Voire ! On peut en douter sauf à entendre que l'argent désormais est le nerf de la carrière médicale, ce que je peux comprendre quand j'ai entendu pendant des années que la motivation était de soigner puis peu à peu voir apparaître et se développer l'alternative « médecine » ou « école de commerce » pour devenir une alternative pour un grand nombre : où vais-je gagner du fric ?
  • Les rendez-vous médicaux en seraient plus nombreux. Voire ! Pour 50 euros, soit on décide de doubler son chiffre d'affaire, soit on décide de consacrer plus de temps aux patients mais en conséquence, en réduisant donc le nombre de consultations possibles. Je sais, on parle d'embauches de secrétaires comme si déjà elles n'officiaient pas depuis de nombreuses années. En plus en cabinet à plusieurs c'est chose bien faisable.
  • Passer de 25 à 50€ ne manque pas de souffle quand les salaires, privés et publics sont augmentés parcimonieusement loin de l'inflation, quand les chômeurs sont à l'amende et les immigrés à la porte et ... les "grandes"sociétés se font des couilles en or (Total énergie, MSC...) pour leurs actionnaires qui placent aux Caïmans ou à Jersey. Oui bloqué depuis 2017, ce tarif pourrait augmenter mais doubler ! Remplacer le blocage par une augmentation annuelle prévisible ?

La grève des médecins de ville

Mais le plus beau, c'est la grève des médecins de ville dits libéraux pour soutenir des revendications discutables au moment où nous entendons quotidiennement que les urgences à l'hôpital sont plus que saturées, que l'hôpital est submergé par les épidémies de grippe/bronchiolite/covid, même si la cause première et majeure en revient à ces trente années de seule gestion comptable de l'hôpital par ARS (création en 2009) pour toujours plus d'économie jusqu'à l'os, quand le dogmatisme idéologique de cette politique de droite a tenu contre vents et marée contre toutes les déclarations de mandarins et de médecins, de rapports et de mouvements syndicaux (Pas étonnant que Touraine ex-ministre de la santé se soit macronisé avec conviction).

Les soignants de l'hôpital ont fait grève à de multiples reprises mais en continuant les soins, les interventions, les consultations, brassards « en grève » au bras. Jamais ils n'ont cessé la continuité des soins malgré le mépris, le double jeu, les déclarations, les budgets et ces suppressions de personnels et de lits… jusqu'à fuir pour certain·es cet hôpital qui maltraite personnels et patients malgré la responsabilité que ces soignants font preuve quoi qu'il leur en coûte.

La médecine de ville lance donc sa grève d'une semaine susceptible d'être prolongée, en une période bien choisie pour un maximum d'effets sur les patients en mal d'affections hivernales entre Noël et premier de l'an, rompant la continuité des soins : on ne reçoit plus ! Hier je suis allé consulter un médecin pour une affection ORL qui me taraude des bronches au nez depuis quatre jours et pour laquelle je dois bouffer du médoc, antibio et corticoïde en principal. J'ai eu de la chance : sur les trois médecins du cabinet, un seul présent, le mien, pour un RV pris voilà 15 jours, avant même cette affection récupérée par la visite chez mes enfants avant Noël. Coup de bol ! Juste se reposer et au chaud, pas à 19° où je me pèle. Hélas, je sais bien d'autres qui ne le peuvent.

Je lui ai demandé ce que peut faire une personne qui a vraiment besoin de consulter un médecin rapidement ? Réponse : aller aux urgences ! « ON » s'étonnera que la confiance entre médecin et malades en soit quelque peu altérée pour ceux, au moins, qui sont éconduits ! Déjà pas simple de prendre rendez-vous mais là c'est « malades, passer votre chemin » Merci à ce jeune médecin qui m'a reçu malgré cette grève tout en la soutenant.

Cette façon de se défausser sur les urgences quand au fil des ans les médecins de ville ont été déchargés de toute astreinte et gèrent leurs ouvertures sur la semaine aux jours et heures qui leur sied (oui enfin faut travailler quelque jours, c'est sûr) est irresponsable. Ils et elles manifestent par cette grève l'absence totale de solidarité avec leur collègues hospitaliers et ce n'est pas moins majeur. Le « dinosaure », mon ex-médecin traitant qui se sait appeler ainsi par ses collègues plus jeunes surtout les plus frais diplômé·es a pris récemment sa retraite. Il était amer de cette vision ringardisante pour sa disponibilité et son engagement auprès de sa patientèle. C'est bien compréhensible.

Combien de personnes renoncent à des soins ? Combien des personnes en désert médical qui ne trouvent pas de médecin traitant ? Combien d'espérances de vie perdues pour retard - ou plus - de soins ? Si je passe à travers les gouttes – plans blancs successifs qui reportent des opérations jugées non urgentes - peut-être serait-je opéré fin janvier et pas pour rien !

Lire aussi : "La colère légitime, mais la grève contestable des médecins généralistes", 28-12-22, Caroline Coq-Chodorge

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