Georges-André (avatar)

Georges-André

Psychologue en retraite - Photographe et Journaliste-citoyen - Militant comme je peux encore...

Abonné·e de Mediapart

348 Billets

6 Éditions

Billet de blog 29 décembre 2024

Georges-André (avatar)

Georges-André

Psychologue en retraite - Photographe et Journaliste-citoyen - Militant comme je peux encore...

Abonné·e de Mediapart

Annus horribilis 2024 ? Voyons 2025 si ce n'est déjà pire

Il paraît que l'année 2024 est une annus horribilis. Que dire-t-on alors fin 2025 de cette année nouvelle tant elle se présente sous un jour bien sombre ! « Le pire que sera-t-il ? » est à peu près la seule question qui reste sans réponse à nos victoires partielles et provisoires près. Résignation et fatalisme sont à combattre sans faillir mais sans projeter des lendemains qui chantent.

Georges-André (avatar)

Georges-André

Psychologue en retraite - Photographe et Journaliste-citoyen - Militant comme je peux encore...

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il paraît que l'année 2024 est une annus horribilis. Que dire-t-on alors fin 2025 de cette année nouvelle tant elle se présente sous un jour bien sombre ! Le pire que sera-t-il est à peu près la seule question qui reste sans réponse à nos victoires partielles et provisoires près.

Je sais que beaucoup considèrent que la victoire du « peuple » est inéluctable. Acte de foi et croyance s'il en est. A tout dire c'est un peu cette croyance qui m'anime sinon à quoi servirait ce temps, cette énergie malgré la santé déclinante à écrire. Un jour lointain peut-être... Certain·es penseront qu'il s'agit de s'occuper, d'occuper sa retraite. Nenni, je ne bats pas en retraite pour occuper nuits et jours quand tant de temps me manqueront pour achever ce que je voudrais boucler. Je n'aurai pas le temps de réaliser, de mettre un peu en ordre tout ce que je voudrais mettre en ordre comme une partition de musique à achever avant de passer l'arme à gauche et de partir en fumée !
Acte de foi et croyance donc. Qu'en penser ? A long terme, p'tet ben qu'oui, p'tet ben non. Tout est possible et .. provisoire, c'est ce que l'expérience m'a appris : victoires comme défaites. A court terme c'est pourtant la défaite de l'humanité partagée qui se présente pour écrire l'Histoire dans une haine largement partagée quitte à étouffer toute éclaircie sur un village planétaire.

Le pire du pire : la présidence Trump

Le pire du pire sera, sans aucun doute pour moi, l'accession de Trump à une nouvelle présidence des USA. Cet homme ne va pas seulement tenter de détruire les droits des LGBTQIA+, chasser les migrants même installés régulièrement, poursuivre sa guerre à la pensée à coups de déclarations haineuses, racistes, xénophobes et impérialistes (Groënland, Canada, et Panama : on croirait une galéjade marseillaise !) quitte à proclamer un jour et faire le contraire le lendemain, mettre un frein puissant à l'IVG et aux droits des femmes conquis de haute lutte mais plus encore déstabiliser durablement et profondément les équilibres mondiaux (économiques, politiques,..) pour en ressortir dans un brouillard de chaos plus grand encore qu'aujourd'hui. La certitude d'une présidence extrême va de pair avec l'incertitude de ses directions quand elles peuvent prendre toutes les directions en zig-zag et vire-voltages opportuns. Trump et ses acolytes dont Musk le richissime n'est que l'ombre de cet homme pour l'inspirer dans un sentiment de Toute-Puissance qui en fait l'égal des « grands » dictateurs monstrueux du XXème siècle et de celui-ci. Musk un autre danger planétaire.

Du côté de l'Ukraine comme du côté de la Palestine/Israël, il n'est rien à attendre que pire encore, si ce mot à encore un sens nourrissant tous les ressentiments, les colères et les instrumentalisations à venir en acte :

L'Ukraine, selon toute probabilité, devra céder à Poutine sur injonction de Trump décidé à liquider les guerres en soutenant les agresseurs et liquidant les agressés. L'Europe désormais en décrépitude n'est pas foutu de l'en empêcher ou de remplacer pour faire face à la Russie de Poutine qui ne s'arrêtera pas à l'Ukraine : la sécurité de l'Europe est pleinement engagée dans cette guerre. Le pacifisme forcené de certain·es prépare d'autres guerres ou la vassalisation de l'Europe au profit du dictateur russe qui ne s'arrêtera que par la force qui n'est pas seulement celle des armes. Les câbles sectionnés en mer Baltique sont des préparatifs autant que des avertissements.

Netanyahou pourra continuer sa guerre personnelle et attaquer l'Iran après Gaza rendu invivable ("Tout doit disparaître" comme en liquidation) et où pourtant survivent femmes, enfants et hommes dans un dénuement d'apocalypse, après le Liban, après les incursions et bombardements en Syrie, après le Yémen Houthis nouveau théâtre de destructions et de morts, pour déstabiliser plus encore cette région du monde dans des affrontements fratricides et de massives destructions.

Dans ce moment, France et Allemagne sont hors champ, impuissantes avec, dans ces deux pays, une inconnue pour un temps indéfini : Barnier puis Bayrou plus encore cul et chemise avec l'extrême bord de l'extrême-droite pour détruire tout ce qui fait vivre ensemble sans se haïr ou chercher à se détruire, avec la perspective d'une nouvelle dissolution (si ce n'est pas la démission du Macron ce qui n'est pas son intention mais avec lui, faut pas éliminer cette option sous la pression du vide). La perspective de la présidentielle de 2027 n'est guère réjouissante avec un populisme conquérant, synonyme de néo-fascisme. L'Allemagne se paye une élection en février pour une nouvelle majorité au Bundenstag qui pourrait bien faire la part belle à l'AFD et ses néo-nazis et le nouveau parti populiste de la dissidente du SPD qui parle remigration pour ne pas dire déportation. Tous en Europe (qui vire partout à l'extrême-droite) stigmatisent « les » migrants - même ceux qui en ont besoin comme main d'oeuvre faute de celle de leurs nationaux dont la France - ces exilé·es qui partent parce qu'ils savent profiter des allocs laissant famille et racines dans un parcours hautement incertain où mort et torture guettent à chaque pas des pays traversés et d'abord ceux qui sont payés par l'Europe pour les retenir et peu importe la manière pourvu que ces "xxx" ne viennent pas chez nous sauf quand on les siffle. Tu parles d'un bénéfice/risque ! Ce déni doublé d'un rejet total augure à lui seul des lendemains douloureux et violents.

Les conséquences du Trumpisme peuvent être délétères, en Europe face à la menace russe, mais aussi et bien autant, face à la Chine qui veut conquérir l'économie mondiale par l'extension de son territoire, le contrôle de pays-tiers et les routes de la soie. Le complotisme, les fakes désormais installés comme « informations alternatives » qui utilisent tous les réseaux sociaux main stream (et pas que X) grandement facilités par la dite « intelligence » artificielle sont à l'intelligence humaine ce que le « I » de CIA est à cette organisation : une machine de guerre.

Certains penseront que ce tableau partiel est bien trop noir et pas certain. Pas certain certes mais sa probabilité élevée. C'est un faux qui parle paix et sème violences et affrontements. Comment pourrait-il être porteur de paix quand il sème la haine et la discorde, la promesse de conflits ou alors l'indifférence et la lâcheté face à la Chine conquérante, la Russie agressive et Israël génocidaire ?

Trump est bien fou en ce sens qu'il ne voit le monde que comme un marché pour se faire des milliards et enrichir les plus riches au détriment de tous les autres tout en manipulant et racontant n'importe quoi où l'invraisemblable devient vérité, apte à séduire dans l'énormité, la surenchère permanente et girouette comme l'indifférence mégalomaniaque. Les USA de Trump ne sont pas plus enviables que la Russie de Poutine et que la Chine de XI. On peut penser qu'aux USA cette comédie finira dans quatre ans mais c'est même pas sûr tant Trump a ouvert les portes de l'enfer du mensonge et de la manipulation. C'est même pas sûr vu les acolytes choisis qui le secondent, vu les dégâts qui arrivent.

Du côté du progrès, réévaluer

Du côté des forces progressistes, politiques, syndicale et associatives, la balkanisation des luttes avance plus que leur convergence. Les slogans répétés à l'envi en manifestations, en rassemblement galvanisent sur le moment mais ne change rien du réel quand la victoire promise ne vient pas, les sanctions appelées de multiples vœux ne sont pas. L'insulte tient souvent lieu d'arguments. La société de délation pourrait avancer via une certaine pratique de lutte contre les violences sexuelles : la vindicte publique à défaut de la Justice, de ses imperfections et des insatisfactions générées bien compréhensibles pour toute victime. Ainsi, en Espagne : « La militante féministe Cristina Fallaras accumule sur sa page Instagram les messages de femmes victimes présumées de comportements inappropriés. Mais les assertions rapportées, non signées et sans preuves, interrogent le bien-fondé de la démarche. » Cet article du Monde me rappelle « le corbeau » d'Henri-Georges Clouzot sorti en 1943 en pleine période de délation dont la France fut la championne durant cette sombre période de collaboration et de dénonciation. La lutte contre viol, inceste, féminicides, violences sexuelles et agressions sexistes et tant d'autres délits et crimes sont indispensables mais pas au prix de cette délation généralisée.

Il ne semble plus y avoir de majorité nulle part vu la quantité et la prolifération de multiples minorités qui toutes sont justifiées. Si elles ne s'ancrent pas solidement contre l'oppression et la domination patriarcale et capitaliste, elles risquent fort de se satisfaire de mesures de tout gouvernement qui leur accorderait satisfaction partielle, surtout budgétaire, fut-il d'extrême-droite.

L'aggiornamento des luttes est à l'ordre du jour pour faire face à ces nouveaux défis quand celui du dérèglement climatique et de la chute de la diversité risque de passer au second plan y compris face aux conséquences des épisodes météorologiques extrêmes dont nous connaissons maintenant le début, arrivé bien plus tôt que prévu.

Il faudra combattre la résignation et le fatalisme face à ces sombres échéances par la résistance, la diffusion des avancées, des victoires partielles sans crier victoire, la critique des moyens qui altèrent la fin... Un combat d'autant plus nécessaire que, perdu, il livrerait la société à tous les mouvements d'humeur, explosifs et affectifs, qui peuvent tout aussi bien être carrément réactionnaires, facilement manipulables par médias et pouvoir, impuissants à promouvoir des chemins de moyen-terme comme des révoltes sans lendemains prétextes à toutes les répressions. La presse libre est au premier rang.

Lire l'article de Joseph Confavreux du 25 décembre - déplaisant par son intellectualisme virant au jargon de cercles intellectuels volontiers en surplomb, en contradiction avec une partie de son propos - qui pose néanmoins de multiples questions et tente de tracer des pistes à défricher pour faire face en mettant en question - non en cause - certaines directions des luttes, certains chemins contre-productifs à réévaluer.

.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.