Les informations récentes témoignant de l'évolution du District Attorney sur la crédibilité de la plaignante incitent à revenir sur les aspects juridiques de l'arrestation de DSK. Dans ce blog l'aspect éminemment contestable de cette arrestation au regard du droit américain avait été souligné. Une arrestation est arbitraire si elle est basée sur les seules déclarations d'un plaignant se prétendant victime d'une infraction. Contrairement à ce que certains voulaient prétendre pour le droit américain, en souhaitant qu'une telle règle soit d'ailleurs étendue au droit français, il n'y a aucune présomption de vérité, quelle que soit l'infraction, et il y a au contraire une présomption d'innocence. Certains (v. par ex sur le site de Marianne2) affirment que la justice américaine ne se préoccupe pas de la vérité : une telle affirmation travestit le rôle de la justice américaine , et en fait de la justice. La justice n'est pas là pour établir la vérité, elle doit être modeste et s'abstenir de toute prétention subjective (ce qui exclut l'"intime conviction") , elle est là pour "dire droit" sur la base des arguments de fait et de droit , le fait étant basé sur des preuves (evidence) . Lorsqu'il s'agit de la justice civile c'est la prépondérance des preuves, lorsqu'il s'agit de la justice pénale, c'est la preuve excluant le doute raisonnable. Dans la phase policière, le critère est celui de la "just cause" . Une arrestation crée une atteinte aux droits civils, en affectant sa liberté, qui ne peut être faite qu'avec des preuves suffisantes. L'arrestation, avec une précipitation manifeste, a été faite apparemment sur la seule base de la déclaration de la plaignante. Même s'il avait été confirmé que les déclarations étaient crédibles, elle n'étaient pas suffisantes pour justifier l'arrestation, mais seulement l'ouverture d'une procédure judiciaire et des mesures d'enquête. Il semble que le DA a maintenant de sérieux soupçons sur la crédibilité du témoin , ce qui bien entendu ne peut que renforcer l'analyse de cette arrestation comme arbitraire. Les accusations infondées de viol sont monnaie courante, des accusations de fellation forcée et de séquestration étaient peu susceptibles de preuves objectives (dont en tout état de cause la police ne disposait pas , puisque d'une part les analyses ADN ne pouvaient être obtenues qu'après plusieurs jours et d'autre part elles ne démontraient pas le caractère forcé du rapport sexuel ) .
Contrairement encore à ce qui peut être lu le DA n'agit pas "à charge et à décharge" . Il doit établir la preuve des accusations et doit (dans le cadre de l'aspect contradictoire de la recherche des preuves et de la loyauté dans ce processus, comme dans un procès civil) il doit informer la défense des aspects positifs et des aspects négatifs.
Ce qui se passe semble confirmer que la police a agi d'une façon anormale, que le DA s'est dans un premier temps employé à couvrir l'enquête policière et que maintenant il aura fort à faire dans le cadre d'une procédure en indemnisation.