Georges de Furfande

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Billet de blog 8 novembre 2010

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Danser sur un volcan financier

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Danser sur un volcan financier, c'est la description de la situation actuelle qui a été faite par Pascal Lamy, le directeur général de l'OMC, et reprise par Jean Pierre Jouyet, le Président de l'AMF. Jean Pierre Jouyet a posé le problème de la régulation en déclarant qu'"en régle générale, nous sommes toujours , nous les régulateurs, en retard d'un combat par rapport à l'innovation. Aujourd'hui , je ne suis pas sûr qu'ily ait un seul individu qui sache vraiment comment fonctionne le système financier". Cette candeur doit être saluée car seule cette modestie réaliste est à même de laisser espérer une amélioration de la qualité de la régulation, qui est ce qui est nécessaire plus que de la quantité. Il convient en particulier de modifier le style anglo-saxon de cette régulation , fondée sur des règles qui se multiplient en ne faisant qu'inspirer des stratégies de contournement. Par ailleurs, comme le démontrent tant l'affaire Kerviel que par exemple la débacle d'AIG ou des assurances monolignes, il convient d'appliquer un principe de précaution en matière d'innovation financière : de même que l'on ne peut laisser sans restrictions extrêmes la manipulation de matières fissiles (d'ailleurs le Président de l'AMF évoque en ce qui concerne les activités de marché "le coeur du réacteur" ) , des opérations qui créent des risques non seulement de faillite d'institutions financières mais aussi des risques systémiques doivent être très sévèrement limitées et contrôlées, sinon interdites : c'est le cas des opérations purement spéculatives sur dérivés.

Le Président de l'AMF souligne qu'il y a là un défi à la démocratie, en évoquant une explosion du chiffre d'affaires de la finance. Il a raison quant au risque pour la démocratie, mais le chiffre important n'est pas celui du chiffre d'affaires de la finance, mais celui des risques financiers dans les marchés financiers : rappelons que les risques des opérations sur dérivés portent sur six cents mille milliards de dollars, à comparer avec un PIB mondial qui n'est que de cinquante mille milliards de dollars. La finance casino implique ainsi des risques qui sont plus de dix fois supérieurs au PIB mondial, mesure de l'économie réelle. Compte tenu des enjeux, il est par ailleurs évident que les tentations de truquer les tables de jeu du casino défient l'éthique humaine.

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