Georges de Furfande

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Billet de blog 10 avril 2009

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Pour une protection internationale de la création financière

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Lors du G20, une disposition essentielle adoptée par les gouvernements a été insérée de façon confidentielle dans les décisions prises par les gouvernements. Il s'agit cependant d'une des mesures les plus importantes de la régulation financière qui va être mise en place. L’industrie financière a obtenu que soit mis en place un système international de protection de la création financière.

Il est en effet apparu qu'il y se développe une résistance généralisée à l'achat des produits de l’ingénierie financière. Il s’agit d’une extension particulièrement condamnable du mythe de la gratuité. Ceci menace une industrie qui a permis l’enrichissement considérable de nombreux génies de la finance, et les centaines de milliards qui sont déversés par les états pour aider les banques se traduisant par des limitations inadmissibles de leur rémunération, il convient d’assurer une meilleure protection de l’innovation en matière financière.

L’innovation financière doit incontestablement bénéficier de la protection des droits intellectuels. Il est évident que les produits financiers permettent de créer une illusion de richesse, les produits structurés bâtis sur les subprimes n’ayant rien à voir avec la réalité économique, ils répondent donc au critère de créativité et d’originalité de la protection des créations intellectuelles. La création de décors artificiels de protection de crédit montre que la qualification d’innovation financière est parfaitement méritée. Tous ces produits doivent être vendus fort chers sur les marchés pour rentabiliser les efforts de création.

Les créations des avocats d’affaires doivent être considérés comme des œuvres de l’esprit. L’ingénierie juridique, qui utilise d’ailleurs de façon appropriée les sociétés écran, permet par exemple la création artificielle de valeur, le développement de jeux et paris sous forme de contrats de swap. Elle permet de faire disparaître de l’endettement par défaisance, et généralement de créer des illusions optiques par des techniques juridiques.

Les auditeurs doivent aussi bénéficier de la protection de la création : les bilans qu’ils certifient en vendant leur signature à un coût considérable pour l’entreprise n’ont rien à voir avec une image fidèle de la réalité. On a d’ailleurs souligné le développement de la créativité comptable, qui a permis des scénarios aussi innovateurs qu’Enron ou Worldcom ou Vivendi, sans parler des grands classiques comme le Crédit Lyonnais, produit par les producteurs de MGM.

Les normes comptables doivent aussi bénéficier de la protection de la création. Elles ne sont pas une traduction de la réalité, puisqu’elles varient en fonction des désirs des utilisateurs. Elles satisfont donc elles aussi aux critères de la création.

Les notes des agences de notation sont de même purement fictives et artificielles, elles résultent de l'imagination des agences de notation et c'est grâce à ces efforts d'imagination créatrice que les agences de notation peuvent vendre ces notes aux émetteurs.

Le législateur français va avoir l’occasion d’ajouter un volet au projet de loi sur la création , le volet Hadoprime to prime. Il est impératif qu’il saisisse cette occasion de protéger la création financière par les génies de la finance.

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