M. de Courson juge bon de soulever le problème de la confiance que l'on peut avoir dans la justice française, en prétendant qu'il est anormal que l'on fasse échapper un litige interne à la justice publique.
Par là même il reconnait déjà que sur le plan international les opérateurs ne font pas confiance à la justice française, ce qui est parfaitement exact et tout à fait explicable. La qualité du débat judiciaire devant les tribunaux français est déplorable, que ce soit sur la peuve des faits ou la discussion juridique. C'est la raison pour laquelle l'arbitrage est tellement développé en France, quels que soient les critiques que l'on peut adresser en particulier quant au coût de la procédure arbitrale.
La justice française est particulièrement criticable en matière de différend avec des établissements bancaires. Il convient d'abord de souligner que les chambres spécialisées des tribunaux de commerce sont aux mains des juristes de banque et ne satisfont à aucune des exigences d'impartialité. Par ailleurs les magistrats professionnels, au niveau appel et cassation sont influencés par les décisions des juges consulaires et par une tradition de toléance à l'égard des pratiques arbitraires et déloyales des banques que l'on peut expliquer par le fait que les banques sont marquées par une appartenance au secteur public dans l'esprit des magistrats (ce qui à différentes périodes correspondait à la réalité capitalistique ).
Il est donc évident que la justice française ne peut avoir la confiance d'un justiciable en matière de contentieux bancaire.
La partialité du système judiciaire à l'égard des banques ne veut pas dire que celles ci ont, ni méritent, la confiance des milieux bancaires. Il est incontestable que les juges français ne savent pas, et d'ailleurs ne veulent pas, tenir compte des réalités économiques. Leurs décisions peuvent être désastreuses pour les banques par suite de ce défaut de compréhension économique : dans le contentieux Tapie, le juridisme de la Cour de Cassation, qui avait cassé la décision de la Cour d'appel sur un problème de qualification juridique , pouvait tout naturellement amener la Cour d'appel à substituer à une indemnisation une annulation de la cession d'Adidas. Les conséquences auraient été absolument dramatiques pour le Crédit Lyonnais .
M. de Courson a dans un certain sens eu raison d'ouvrir le débat sur la justice française : le verdict ne peut être que sévère, la justice française en matière de droit des affaires , et en particulier de droit bancaire, multiplie les Outreau.