Georges de Furfande

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Billet de blog 21 octobre 2008

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La Finance et les Dahus

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En un temps qui peut paraître reculé, mais dont les anciens se souviennent, les éleveurs de Capitaland utilisaient encore les techniques traditionnelles d’élevage . Il y avait des années bonnes et d’autres moins bonnes, mais globalement les éleveurs menaient une vie confortable en vendant leur lait sur les marchés régionaux.

Un jour, des gros producteurs de beurre et fromages de ValStrit sont venus voir les éleveurs. Ils leur ont expliqué les techniques miraculeuses de la Culture Phynancière et les profits que les éleveurs pourraient obtenir.

Ils ont indiqué aux éleveurs que s’ils faisaient paitre leurs bêtes sur les Prés Subprimes, que les éleveurs considéraient comme des prés pourris, ils leur achèteraient le lait à condition de pouvoir abattre les vaches s’il n’y avait pas assez de lait. Les producteurs de beurre et fromages mettaient divers additifs de rehaussement en matières grasses -comme la mélamine - dans le lait, ils mélangeaient des laits chimiques à protéine animale et vendaient le beurre et le fromage avec le label de qualité délivré par les agences Moody’s et S&P, avec la garantie des assureurs de qualité MBIA, FSA et autres. Le beurre et le fromage ainsi produits, des produits dérivés qui étaient des Obtentions Phynancièrement Modifiées, étaient vendus très chers sur les marchés étrangers comme produits de luxe, à haute teneur de matières grasses naturelles issus de l’élevage bio dans les alpages de Capitaland.

Les producteurs demandaient toujours plus de lait pour satisfaire à la demande des acheteurs étrangers. Leurs représentants persuadaient les éleveurs de rechercher des pâturages de plus en plus élevés, expliquant que même si les bêtes produisaient de moins en moins de lait, ils rajouteraient de plus en plus d’additifs et par ailleurs ils leur vendaient des pilules stimulantes et dopantes pour les bêtes.

Les bêtes se sont adaptées à la nécessité de toujours grimper. Leurs pattes de devant se sont atrophiées, car elles montaient toujours chercher l’herbe de plus en plus rare. Les bêtes étaient devenues une forme évoluée des Dahus, ces bêtes mythiques que les anciens connaissaient et qui avaient les pattes latérales plus courtes pour pouvoir tenir à flanc de montagne.

Un jour elles sont arrivées près des sommets, épuisées et avec des orages d’altitude qui devenaient de plus en plus fort.

Quand elles ont voulu descendre, elles ont chuté, comme les Dahus quant ils se retournaient . Leur morphologie n’était plus adaptée qu’à la montée et leurs petites pattes les faisaient culbuter par dessus tête à la descente.

Et les troupeaux ont été décimés, les éleveurs ruinés, les acheteurs intoxiqués, et les gros producteurs n’ont survécu que grâce à l’aide publique.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.