Pour la mémoire du Préfet Erignac il était indispensable que la Justice ne soit pas discréditée, elle s'est déshonorée et l'avocat des Erignac a sombré dans ce naufrage.
Sa plaidoirie, dans la salle des assises, a été aussi vide d'âme que le box était vide de la présence physique de l'accusé. Il s'est défendu, au nom de la famille, d'intervenir "pour tenter d'arracher la condamnation la plus lourde, mais pour savoir pourquoi, comment, dans quel but, un mari et un père leur a été enlevé " démontrant clairement qu'il bafouait la présomption d'innocence, mais surtout qu'il ne se souciait en aucune manière de vérité. Comme le Président de la Cour d'assise, comme le Ministère Public, il est évident que malgré ses protestations il ne cherchait pas la vérité. Il fallait que ce soit Yvan Colonna qui est commis le crime parce que manifestement la famille voulait que le Préfet Colonna ait été assassiné pour des raisons politiques . Le Préfet Erignac aimait la Corse, il respectait ceux qui aiment la Corse et le combat le plus difficile qu'il menait était la défense de la probité qui est au moins aussi noble que la défense de l'intérêt politique de l'Etat et autrement périlleux.La mémoire du Préfet Claude Erignac ne sera pas honorée par fait d'avoir une condamnation d'un troisième homme dont rien ne démontre qu'il existait et encore moins que c'était Yvon Colonna s'il a existé, tous les éléments de preuve devant la Cour d'appel allant dans le sens contraire.
La plaidoirie de Me Philippe Lemaire discrédite le barreau dans ce procès où la Justice a sombré. Un ancien bâtonnier, dans son billet "Yvan Colonna le mal jugé" a souligné que "la justice doit être impartiale et être perçue comme étant impartiale". En fait le Président de la Cour d'assises non seulement n'a pas été perçu comme étant impartial, mais il semble avoir voulu démontrer qu'il était partial, que son opinion était faite et qu'il était là pour condamner Yvon Colonna. Plus grave encore, son attitude était accompagné de manifestations répétées de déloyauté et d'un manque lamentable d'autorité. Dans ces conditions, le fait pour l'avocat des parties civiles d'attaquer les avocats de la défense, d'affirmer qu'ils avaient choisi la plus mauvaise des défenses, en ayant de plus l'impudence de prétendre agir pour éviter qu'un jour on perdre les droits de la défense, est indécent et lamentable. Insinuer que les témoins qui le gênaient étaient contraints, que les absences résultaient de pression du côté d'Yvan Colonna était inacceptable, c'est ridicule et pitoyable alors que le policier au coeur de l'enquête se faisait porter pâle jusqu'à ce qu'il sache qu'il ne serait pas confronté à la défense et que le juge d'instruction Bruguière a brillé par son absence.
Il est vrai que des propos qui sont rarement tenus ont marqué le procès, mais il n'y a pas de précédent où la Justice ait donné un si lamentable spectacle de façon si publique. Il est exact que les avocats de la défense ont adopté une stratégie allant à la rupture, ce qui n'est d'ailleurs pas une première, mais avec une telle justice, ou plutôt une telle injustice, il n'y avait pas d'autre possibilité.
Certains disent que " le glas sonne" : pour ceux qui croient à la Justice, qui considèrent qu'elle est le fondement d'une société civilisée, le glas sonne car la cloche appelle à la mobilisation. Pour la mémoire du Préfet Erignac, le glas sonne aussi, car il marque l'enterrement d'un espoir, celui que son combat pour la droiture, la rigueur et l'honneur qui avec l'amour qu'il avait développé pour la Corse lui ont couté la vie ne soit pas terni par un simulacre de procés après une enquête baclée.