Georges de Furfande

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Billet de blog 29 octobre 2010

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Capitalisme financier et lutte des classes

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La théorie marxiste repose sur une lutte des classes opposant d'une part les capitalistes, qui possèdent le capital et qui disposent ainsi des moyens de production qui lui permettent de peser sur le cours d'achat de la force de travail, et d'autre part le prolétariat, qui regroupe les pesonnes qui n'ont pas de capital pouvant leur permettre de disposer des moyens de production et qui doivent vendre leur force de travail pour subsister.

Le capitalisme financier transforme complètement les données. La transformation radicale date des années 1980, avec d'une part la financiarisation de l'économie, résultant en particulier de l'afflux de liquidités suite aux crises pétrolières, et avec d'autre part la modification de la politique chinoise et la légitimation du profit par les dirigeants chinois. La mondialisation , que ce soit du commerce international ou des marchés de capitaux, s'est accompagnée d'une politique dans les sociétés occidentales de délocalisation en particulier de la fabrication des produits de consommation (l'Allemagne échappant à cettte tendance par suite d'une moindre pression à la délocalisation du fait d'un niveau inférieur de recours aux marchés financiers et d'autre part d'une spécialisation dans la fabrication des biens intermédiaires ). La production s'est déplacée dans les pays émergents, et en particulier en Chine avec la raison paradoxale que l'absence de lutte des classes dans un pays non capitaliste se traduisait à la fois par des coûts de travail très faibles et une absence de protection sociale. Le capitalisme de production s'est déplacé dans les BRIC avec en Chine en particulier un capitalisme caractérisé par une symbiose public-privé. Les emplois ont ainsi migré, le capitalisme occidental qui rêvait d'être sans usines n'achètet plus la force de travail des salariés de ses entreprises, mais les produits fabriqués par les forces de travail en particulier des pays communistes.

C'est dans ce contexte qu'il est évident que Warren Buffet peut dire qu'il y a bien une lutte des classes, et que les capitalistes la gagnent. Dans la mesure où le capitalisme est devenu financier, il ne s'agit plus d'une classe "bourgeoise" . La classe moyenne , que ce soit en France ou aux Etats Unis, se prolétarise. Le capitalisme "n'achète plus" la force de travail, les emplois dans la production disparaissent avec la désindustrialisation, comme ils ont disparu dans l'agriculture.

Le PIB dans les économies occidentales est très majoritairement généré par la consommation (70 du PIB aux Etats Unis). Pour alimenter la consommation les états multiplient les emplois publics ou assistés, qu'ils financent par une augmentation de la dette publique, ainsi que les mesures d'assistance, avec une augmentation massive de la dette publique. Pour financer celle-ci il leur est indispensable d'avoir une politique de monnaie forte , quand ils ne disposent pas comme les Etats Unis du soutien politique au dollar. L'euro fort permet l'augmentation de la dette publique.

Par ailleurs en particulier aux Etats Unis, en Espagne et en Angleterre, une politique de crédit à tout va permet de financer la consommation des ménages privés d'emploi ou payés des rémunérations insuffisantes. Ce financement artificiel de la consommation permet de créer des emplois en particulier de services, dans la restauration, l'hotellerie et l'immobilier.

Lorsque la crise des subprimes démontre l'artificialité de cette économie financière, la relance se fonde sur une nouvelle augmentation d'une dette publique qui était déjà excessive. Le désordre monétaire dessine les contours d'une nouvelle crise. Pour rassurer les marchés financiers, en tout état de cause manipulés, la relance fait place à la rigueur.

Cette politique de rigueur fait bien entendu ressurgir le thème de la lutte des classes. "Je lutte des classes" devient le slogan des manifestants. L'analyse marxiste des bases et effets de la lutte des classes est obsolète dans le contexte de la mondialisation et du capitalisme financier. Il est bien évident que la solidarité internationale des travailleurs a éclaté. Les remèdes à la crise doivent être recherchés dans une lutte contre les méfaits de la financiarisation de l'économie, une remise en cause du fonctionnement des banques et des marchés financiers, et contre des marchés spéculatifs. Il s'agit par ailleurs de construire un modèle de société qui ne repose pas sur l'anticipation excessive des revenus futurs et leur appropriation qui n'est plus faite par une classe dominante, mais par un nombre extraordinairement réduit de détenteurs du pouvoir politique et économique

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