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Billet de blog 11 décembre 2008

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Former les enseignants, un puissant moyen de contrôle social.

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Les contre-réformes qui se succèdent aggravent chaque jour la situation de notre système éducatif. L’une d’entre elles aura peut-être des conséquences plus catastrophiques encore que les autres parce qu’elle engage l’avenir sur le long terme : il s’agit des changements annoncés dans le recrutement et la formation des jeunes enseignants.

L’allongement de la durée de formation universitaire écartera un peu plus encore des fonctions enseignantes les jeunes issus de milieux modestes. Or, on sait que le corps enseignant sera profondément renouvelé dans les années qui viennent du fait des départs en retraite massifs des professeurs recrutés à la fin des années 60 et durant les années 70. L’écart social entre professeurs et élèves sera d’autant plus important que nombre de ceux-là seront appelés à « enseigner à des jeunes de toutes les couches sociales », comme le remarque Florence Soriano-Gafiuk, Professeure des Universités à l’IUFM de Lorraine, …et, accessoirement, élue UMP.

Elle ajoute d’ailleurs que « L’universitarisation de l’IUFM est … un processus politique et politisé ». Elle rappelle « que la formation des maîtres a toujours semblé idéologiquement suspecte, et (que) les IUFM (sont) considérés comme des nids autour de gauchistes. »[1] Peut-être est-ce le moment de rappeler que ce sont les mêmes considérations qui ont amené le gouvernement de Vichy à fermer les Ecoles normales d’Institutrices et d’Instituteurs dès le 23 septembre 1940.

Mais la mastérisation de la formation de tous les enseignants (de la maternelle au lycée), sous le prétexte de se mettre en conformité avec les directives européennes, a un autre objectif : celui d’accentuer encore la part du disciplinaire au détriment de la formation pédagogique. Les étudiants devraient passer deux concours de recrutement, l’un disciplinaire, en janvier, le second « pédagogique[2] » en mai ou juin de la cinquième année (Master 2). Ils n’auront même plus droit à l’année de stage rémunérée[3] qui suivait l’obtention du CAPES, mais seront immédiatement titularisés et donc affectés à des postes d’enseignement.

Des résistances s’organisent ici et là (voir par exemple :

Georges HERVE, décembre 2008.


[1] http://www.florence-soriano-gafiuk.fr/blog/education/ Ces gauchistes sont, à l’évidence, les enseignants en sciences humaines, psychologues, sociologues et autres pédagogues… que le Ministre et son entourage s’appliquent à « mettre hors d’état de nuire ».

[2] En fait, la pédagogie n’a plus de place dans la formation. Tout au plus, pourrait-il y avoir un « volet » didactique portant sur la « transmission des savoirs ».

[3] Ce qui entraînera, pour l’Etat, l’économie de 18 000 postes de stagiaires rémunérés – 10 000 équivalents temps plein.

[4] Cf. le billet de Claude Lelièvre du 11 décembre 2008 : http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/blog/claude-lelievre/111208/un-ministre-de-l-hesitation-nationale

[5] Cf. Edgar Morin : « Les sept savoirs pour l’éducation du futur » et « Eduquer pour l’ère planétaire »

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