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Billet de blog 4 septembre 2011

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le BAFM

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce BAFM est connu uniquement du petit monde de l’auto-école, raison de plus pour en parler. Le Brevet d’Aptitude à former des Moniteurs, au fil des années, est devenu une caricature d’examen, c’est mon point de vue, et je suis bien placé pour en parler puisque je l’ai raté. D’ailleurs, je trouve que Gaspard KOENIG qui est l’auteur d’un livre récent et plaisant sur ses dix années d’échec au permis de conduire (leçons de conduite, Grasset) est bien placé, comme candidat en échec, pour décrire ce qui ne va pas bien dans ce domaine. Une description où la caricature, certains poncifs et une analyse raccourcie sont parfois inévitables, mais on aurait tort, nous les moniteurs, de ne pas prendre du plaisir à retirer quelques leçons de conduite de ses leçons à lui.

Il me semble que seul un candidat qui a échoué au BAFM est à même de dénoncer cet inénarrable examen car il faut être motivé pour s’attaquer à une institution. Et il n’est pas possible, pas imaginable même, qu’un titulaire du BAFM fraichement élu se mette à clamer qu’il vient de réussir un examen à la con. Le succès, en effet, annihile l’esprit critique et conforte l’autosatisfaction : on est condamné à pavoiser. Celui qui est reçu est alors touché par la grâce. Béni des dieux, il devient d’un coup supérieur. Il devient intelligent s’il ne l’était pas et, s’il était inculte, il devient spécialiste en tout, c’est quasiment écrit dans le Code de la route.

J’ai été invité à la fermer car il est vrai que tout candidat en échec a le droit de se taire et aussi celui de se cacher, ce qui est une bonne façon de maintenir en l’état ce qui n’est pas bon. Ainsi, un obscur professeur de Sciences de l’Education s’est fendu d’un courrier de protestation qui alléguait que mon discours était illégitime du fait que j’avais raté cet examen… plusieurs fois même (!) ajoutait une comparse examinatrice BAFM, « anonyme par peur de son patron », écrivait-elle sans honte.

Lui, avait monté un petit business de licence de sécurité routière sur le dos de ce BAFM cadavérique car il suffit d’une licence pour éviter la redoutable épreuve d’admissibilité. J’avais trouvé que cette licence était un peu « cocotier » et néo colonialiste. Elle était montée, en effet, à la Réunion sous les cocotiers d’un bel hôtel de l’ouest et ses missionnaires venus de métropole y enseignaient non loin des bords de la piscine. En même temps, pour nous, moniteurs, il faut reconnaître que mieux vaut une licence au rabais que pas de formation du tout. C’est quand même là son mérite.

L’admission du BAFM : le sentiment d’être une m…

Le BAFM est un titre reconnaissant une compétence professionnelle, celle de pouvoir former les moniteurs auto-école. En cela, il est censé appartenir à cette profession. BAFM, c’est l’intitulé de l’examen mais c’est aussi le titre de celui qui en est titulaire : en étant reçu au BAFM on devient BAFM. En réalité, c’est un titre depuis longtemps confisqué pour progressivement s’ériger en un dispositif fermé lui-même : on devient BAFM pour former des candidats au BAFM et se servir, au passage, des stages permis à points comme monopole d’exploitation.

Le titre est un attracteur puissant pour les moniteurs, il est non seulement prestigieux, mais aussi, un certain nombre de «missions » lui sont attachées, attribuées par la réglementation du Code de la route. Outre le droit actuellement assez peu revendiqué de former des moniteurs, il permet d’accéder à l’animation des stages permis à points. Son attrait réside aussi dans le fait qu’il est pratiquement le seul grade au sein de la profession de moniteurs auto-école. En obtenant le titre, son titulaire est pratiquement sûr de doubler, au minimum, son salaire. La rareté du BAFM est cultivée, un numérus clausus qui ne dit pas son nom étant de fait le principal critère de l’examen, notamment lors des épreuves d’admission.

C’est la faute à l’ENA

Ce rempart n’est pas une démarche volontaire de quelques uns qui tireraient les ficelles au sein de la corporation. C’est un habitus qui s’est imposé assez rapidement dans l’esprit des membres après la mise en place de cet examen dans les années 70, lesquels ont voulu protéger une ressource professionnelle d’une invasion qui aurait reproduit les phénomènes de concurrence exacerbée et désastreuse rencontrés au sein de la profession mère des auto-écoles. Tout cela a été permis par une réglementation de l’examen qui a concouru à faciliter ce phénomène de sélection, notamment grâce à une épreuve d’admissibilité écrite redoutablement sélective. Il s’agit pour le candidat de démontrer en deux ou trois heures une capacité sur la psychopédagogie, sur un assez vaste champ du droit (administratif, civil, pénal, du travail) et sur le droit de la circulation routière. Or, en 1971 et dans les deux décennies qui ont suivi, peu de moniteurs avaient un niveau supérieur au baccalauréat, ce qui mettait cette épreuve hors de portée intellectuelle de la plupart.

Les choses ont changé maintenant. D’autant plus que la règlementation de l’examen prévoyait dès le début une dispense de cette épreuve pour les moniteurs titulaires d’un diplôme permettant de postuler au concours d’entrée de l’ENA, c’est-à-dire titulaires d’une licence. Un moniteur titulaire d’une licence en 1971 ça n’existait pratiquement pas. Aujourd’hui, ce serait plutôt l’inverse. L’épreuve d’admissibilité est toujours aussi redoutable. Mais l’ouverture directe de l’épreuve d’admission aux licenciés fait que le nombre de candidats tend à s’envoler. Il n’est pas sûr que l’administration s’attende à l’époque que trente années après, il soit plus facile d’être diplômé pour postuler à l’ENA que pour réussir l’épreuve d’admissibilité du BAFM.

Lors de l’épreuve d’admission en 2010, tout ce petit monde s’est retrouvé à l’INSER de Nevers pour essayer de perpétuer le culte du parfait petit BAFM dans un temple de la sécurité routière, un couvent où, tout naturellement, couvent religieusement une institution de recherche en la matière et aussi pleins de grands prêtres et prêtresses chargés de sélectionner les dignes formateurs de formateurs de ladite sécurité routière. Plus de deux cents candidats au lieu de la trentaine prévue implicitement dans les années 70. On perçoit le problème. D’une part, des candidats issus d’une difficile épreuve d’admissibilité ou titulaires au minimum d’un BAC +3, autrement dit d’un diplôme « supérieur », d’autre part, un numérus clausus informel qui est présent en chacun des examinateurs, une sorte de représentation sociale qui permet de résoudre a priori tous les éventuels phénomènes de dissonance.

La posture du filtre

Ils sont tous là dans les sinistres couloirs de Nevers, ces couloirs de la mort de tous les espoirs, comme dans une préchambre de combustion en attendant d’accéder à la chambre elle-même. C’est la salle où a lieu une double exécution du candidat, d’abord quand il exécute la pédagogie par objectifs à travers un échantillon de leçon (une demi–heure), ensuite quand il est exécuté par les examinateurs qui trouvent dans l’infamie des notes qu’ils attribuent les raisons de croire en la pertinence de leur exécution.

En quelque sorte, l’épreuve d’admission est effectivement une admission, celle des candidats en enfer alors que c’était le paradis qu’on leur avait fait miroiter dans les centres de formation de BAFM. C’est là que ces candidats sont confrontés au numerus clausus, générateur d’arbitraire et de fermeture d’esprit et qui fait de l’épreuve d’admission le filtre suprême qui garantit une clientèle de condamnés d’avance aux centres de formation de BAFM. Le moniteur qui se frotte à cet examen en ressort dans 90% des cas dépité, abattu psychologiquement sans comprendre ce qui lui arrive car dans l’impossibilité de remettre en question un examen par ailleurs encensé et savamment valorisé. Alors, en état d’échec et de choc il se pose nécessairement des questions sur sa compétence de formateur et rarement sur la compétence de ceux qui l’ont examiné.

L’examen du BAFM se retrouve organisé comme un attrape-nigaud où les candidats sont au final piégés. Tout est fait, en effet, pour faciliter l’accès à l’épreuve d’admission laquelle s’organise pour descendre les candidats. Il faut s’interroger alors sur la dignité des examinateurs - et parmi eux, on trouve des psychologues ! – quand, par des notes infamantes, ils transmettent au candidat examiné le message que, véritablement, il vaut une merde, qu’il est un imposteur qui n’a donc pas sa place ici. Qu’un ou deux candidats se voient attribués un 3/20 pour une épreuve, cela peut se concevoir, mais quand ce niveau de note est attribuée à une majorité de candidats, cela traduit effectivement une imposture, non pas celle des candidats, mais bien celle des examinateurs. Il y a, comme il a été dit ci-dessus, une volonté de justifier l’exclusion par une note qui ne souffre pas la discussion, une note qui, par l’infamie qu’elle jette sur le candidat, permet à l’examinateur qui y recourt d’être à bon compte sûr de ne pas se tromper, en tous les cas, sûr de faire taire.

Cette note de 3/20 est une insulte au candidat, vécue comme telle, comportant alors un méta message qui résulte du positionnement de ces examinateurs comme principal filtre de l’accès au BAFM. On l’imagine facilement, c’est une posture risquée car ils sont alors nécessairement postés juste en dessous - c'est mécaniquement la place du filtre - des jugements adressés et ressentis qui ne manqueraient pas, s’ils étaient vrais, de leur retomber dessus du fait de la gravité de la situation. C’est le déshonneur des examinateurs que de faire des couloirs de Nevers un water closet où, par leur activité, sont filtrés et expulsés une majorité de candidats. Non seulement cette posture de l’examinateur est manifestement une imposture, mais en plus, on sent bien qu’il n’est plus alors en odeur de sainteté. Au passage, on notera qu’ils ridiculisent ainsi leurs métiers de BAFM mais aussi de psychologue, lesquels métiers subissent le retour de ces notes insultantes qu’ils attribuent à tort et à travers.

L’arnaque

On peut se demander si le critère fondamental des épreuves de l’admission (à l’exception remarquable de l’épreuve de mécanique) ne serait pas de retenir seulement les candidats qui, après apprentissage en centre de formation de BAFM, savent comment, lors des épreuves, jouer aux imbéciles ou, pareil, aux petits représentants de commerce. Comme le disait un examinateur : « ce BAFM est un examen qui pour l'obtenir ne nécessite pas de connaissances mais le respect d'une procédure, un sens de l'improvisation et un langage spécifique ». Il s’agirait donc, si j’ai bien compris, de mettre en œuvre une improvisation dans le respect d’une procédure : est-ce possible ? Mais c’est bien le représentant de commerce : procédure, improvisation, langage spécifique. En un mot : arnaque.

Il faut savoir que le BAFM, c’est le rêve de tout moniteur auto-école. Beaucoup ont vu leur espoir et leur esprit brisés sur les pics de son épreuve d’admissibilité, certains ont pu franchir le cap mais se sont alors brisés sur l’épreuve d’admission. Il apparaît que, finalement, l’examen du BAFM, comme ultime diplôme de la profession de moniteurs auto-école, n’est pas à la hauteur, que ces derniers auraient mérité mieux. C’est un examen en dessous de tout.

On peut d’évidence reprocher aux examinateurs de l’épreuve d’admission (sauf l’épreuve de mécanique, on le souligne encore) de collaborer à une entreprise de destruction psychologique même si la plupart d’entre eux le font sans doute en toute innocence. Compte tenu de l’infamie (on ne le dira jamais assez) que sous-entend une note de 3/20 attribuée à une épreuve de pédagogie à un formateur de métier, la question est de savoir si ce moniteur peut encore se regarder dans le miroir du « genre du métier » une fois sorti des sinistres couloirs de Nevers où, on l’a vu, se déroulent les exécutions. On pourrait argumenter que tout candidat à un examen doit être en mesure d’assumer une note proche de zéro. Certes. Mais paradoxalement, une telle note n’est effectivement normale que lorsqu’elle est exceptionnelle… Elle est sûrement un signe de dysfonctionnement grave quand, d’exceptionnelle, elle devient la norme d’un examen.

On perçoit assez bien quel est le mot d’ordre de ces examinateurs : tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! En effet, le filtre constitué par les épreuves de l’admissibilité ayant été contourné, cela induit chez les examinateurs un biais de régulation. Ils se retrouvent avec plus de deux cents candidats au lieu d’une trentaine : c’est donc animés de ce qu’ils croient être une bonne intention qu’ils refont la sélection à leur (mal) façon et qu’ils se mettent eux-mêmes en posture de filtres, ce qui, on l’a vu, les expose au ridicule. L’enfer est pavé de bonnes intentions… d’où le dysfonctionnement inévitable qui en découle et qui fait penser au déterminisme paramilitaire ou milicien, quand une minorité s’arroge le droit de régler par la violence les supposées insuffisances des règles en cours.

Certainement aussi que l’organisation même de l’épreuve d’admission, à savoir évaluer des échantillons de pédagogie, facilite largement l’expression de leur indignité et de leur arbitraire mais, en aucune façon, ne constitue un matériau propre à l’expression d’une compétence d’évaluateurs. Or, chacun sait que, dans l’exécution d’un tâche, ne pouvoir exprimer sa compétence implique nécessairement celle de devoir exprimer son incompétence. Pour un évaluateur, l’incompétence c’est notamment confondre insulter et évaluer.

L’imposture

On ne peut constamment mettre l’échec de certains candidats sur le dos de leur incompétence. Ce ne serait pas là une bonne analyse. Quand, dans une épreuve professionnelle terminale, l’échec est la règle, par là même, la crédibilité de l’épreuve devient nulle. Et on ne peut s’empêcher de faire l’hypothèse que les échecs sont dus, bien servis en cela par l’absurdité des deux épreuves pédagogiques de l’admission, à l’aveuglement (y compris par rapport à ses propres motivations) d’une organisation corporatiste qui cherche sans doute à préserver une situation de rente et de monopole, par exemple, avec la bénédiction inconséquente de quelques psychologues ou autres professionnels, préserver le gâteau des stages permis à points (Hier, il fallait préserver des centres de formation de moniteurs) et, c’est nouveau, cautionner la montée en puissance des centres de formation de BAFM.

La binomanie qui cache l’iceberg

Il faut entrer dans le moule, jouer un artifice censé prouver aux exterminateurs que l’on saura être digne d’un métier que, souvent, ils n’exercent plus eux-mêmes. Les examinateurs s’encouragent mutuellement à adopter un même point de vue. C’est d’ailleurs cette identité de point de vue qui renforce la croyance qu’ils ont de leur objectivité. Il y a dans cet examen un effet de groupe bien coordonné mais mal dirigé combiné à un effet de binôme mal connu mais bien consonnant qui renforcent une double croyance des examinateurs, celle d’évaluer en toute objectivité, d’une part, et celle de ne pas être responsable d’une exécution, d’autre part… un peu comme lorsque deux bourreaux s’exonèrent de leur culpabilité potentielle en appuyant sur deux boutons dont l’un seulement est opérationnel. En fait, l’organisation des évaluations dans le cadre d’un binôme constitue sans doute un des moyens essentiels du dysfonctionnement dissimulé de l’épreuve d’admission.

Un binôme n’est pas un gage d’objectivité, c’est surtout un avatar

L’argument que l’organisation en binôme serait une garantie contre une certaine subjectivité n’est pas vrai. Il suffit d’en observer le fonctionnement pour remarquer que, bien vite, chacun des deux membres s’efforce - parfois inconsciemment – de se conformer au jugement de l’autre, la performance recherchée étant d’obtenir une totale identité de point de vue sur la performance observée, chacun se cachant derrière une pseudo garantie apportée par la séparation des grilles de notation initiales. Mais dans la mesure où cette évaluation est entachée par un biais de conformité qui se traduit par une anticipation du jugement de l’autre, aucune objectivité n’est alors à attendre de l’évaluation. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, à l’exception des quelques premiers candidats observés, ce n’est pas lors de la discussion de décision d’une note commune que s’effectue le consensus, c’est bien dès le début de l’évaluation elle-même. Mais ce consensus avant l’heure relève de l’économie des transactions, c’est un processus psychologique normal d’anticipation qui génère par contre une anomalie de l’évaluation. C’est un artifice.

Un binôme se croit d’autant plus objectif que chacun des membres a attribué séparément des notes identiques aux différents critères, que leurs deux jugements sont en symbiose. Mais, sauf exception, cette symbiose ne peut être évitée car un binôme dont les deux membres persisteraient à avoir des jugements sensiblement différents se mettrait dans un état de conflit. Et si quand ils ne sont pas d’accord entre eux les deux membres du binôme sont angoissés – qui est l’incompétent des deux et comment le gérer ? -, il est naturel de les voir arborer un sourire de circonstance quand, au bout de quelques candidats, ils commencent à se confondre. Inconscients de cette confusion, ils voient dans cette cohérence de leurs notes un critère de bonne évaluation. Mais ce n’est plus alors l’évaluation de l’un et de l’autre puisque chacun n’évalue plus la performance selon son propre point de vue mais plutôt selon le point de vue qu’il pense être celui de l’autre. Pour cette raison même, la note commune n’est pas véritablement un consensus mais plutôt un avatar dans la mesure où sa construction est faussée dans sa genèse.

Bien vite, le jugement du binôme devient largement moins objectif que celui d’un seul évaluateur, encore plus au BAFM quand ce sont les mêmes examinateurs qui sévissent chaque année. Peu importe alors l’origine professionnelle de l’examinateur, psychologue, BAFM ou autre. La tendance des membres à présenter un jugement identique agit comme une loi naturelle et supérieure qui transcende les origines professionnelles. Peu de coordinateurs pédagogiques en sont conscients.

Conclusion : reformer ou réformer ?

Il convient sans doute, au delà du présent constat, de proposer des solutions. Les choses sont simples : ce n’est pas l’épreuve d’admission qui aurait dû constituer le filtre principal de l’accès au métier. La solution, si l’on veut à la fois éviter le surnombre et privilégier la qualité est de conditionner l’accès au BAFM par une dizaine d’années d’expérience de terrain. Cela permettrait d’éviter d’avoir comme actuellement des formateurs de moniteurs qui n’ont pratiquement que leur vécu de stagiaire moniteur comme expérience de la formation de conducteurs. On peut être brillant au BAFM et être absolument sans consistance que ce soit comme formateur de conducteurs ou comme formateur de moniteurs. Mon sentiment est que, non seulement, l’examen actuel ne prend pas en compte l’expérience ou l’amour du métier, mais en plus, par sa culture de l’artificiel, il favorise plutôt ceux qui ont un vécu tout à fait superficiel du métier. Dans la transmission des savoirs de métiers, c’est quand même l’expérience qui devrait être le principal pilier mais l’examen du BAFM est un déni de l’expérience professionnelle, au bénéfice d’un savoir paraître et d’un savoir dire appris par cœur.

Il se trouve que pour faire de leur profession une corporation élitiste soi-disant préservée de l’intrusion d’incapables, les examinateurs de l’épreuve d’admission du BAFM ne font qu’affaiblir le métier de formateur de moniteurs, voire le rendre inexistant. En cultivant le corporatisme on ne peut évidemment qu’aboutir à une corporation, pas à un métier. Il apparaît que le dysfonctionnement de cette épreuve est chronique et que, manifestement, le Ministère des transports n’est pas à la hauteur de l’enjeu que constitue la formation des formateurs de conducteurs. Il conviendrait pourtant de balayer toute l’organisation du BAFM, depuis le texte fondateur jusqu’au mode d’organisation de l’examen. En attendant (on saura patienter, on en a l’habitude, parce que le Ministère, malgré sa spécialisation dans les transports, n’est pas réputé pour sa diligence), il faudrait reformer les examinateurs, ce qui, si l’accent est mis là où il le faut, pourrait amener à réformer quelques uns.

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