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Le permis de conduire devenant à la mode le temps de la campagne, chacun s’intéresse provisoirement au problème récurrent des délais d’examen et de sa répercussion sur son coût pour les jeunes. La réflexion en la matière est à la hauteur habituelle en politique, à savoir que l’on cherche à attacher une cause, mais une seule, à un effet. Le permis est cher, donc les auto-écoles s’en mettent plein la poche. Le taux de réussite n’est pas élevé, c’est normal, « l’échec fait partie du modèle économique des auto-écoles » nous dit l’inspecteur Patrick Chopin, secrétaire général du syndicat FO de la profession (majoritaire) que relève l’article « L'impossible réforme du permis de conduire », Le Monde.fr de Hélène Bekmezian.
Je trouve choquant que Chopin de FO chuinte cette chanson réchauffée et vile que, heureusement, seuls encore quelques inspecteurs qui se sentent enfermés dans le carcan miséreux de leur corporation chantent à la presse, sans doute pour se consoler d’un métier dont l’intérêt principal est pour eux la sécurité de l’emploi. Il faut ici rendre hommage à ces inspecteurs du permis de conduire qui n’ont que cette sécurité comme motivation professionnelle. Ils ont du mérite. Certes, cela ne se supporte pas sans stress et sans absentéisme, mais tous arrivent tant bien que mal à l’âge de la retraite en s’asseyant sur leurs scrupules. Ces inspecteurs à la Chopin sont sans doute une minorité comme est une extrême minorité les quelques auto-écoles qui se réjouissent d’avoir des échecs… s’il en existe !
Je pense que les inspecteurs, dans leur majorité - je parle de ceux qui ont une certaine idée de leur fonction – ne pensent pas une seconde que les moniteurs cultivent l’échec pour le plaisir de se faire du blé sur le dos de leurs élèves. Ces inspecteurs sont conscients que les déficiences relèvent du système de formation, ils savent surtout qu’eux-mêmes font partie du système. Ces inspecteurs n’ont pas besoin de se cacher derrière les auto-écoles pour affronter leur métier parce que c’est en s’attaquant à son propre métier qu’on le développe, qu’on se développe, et non pas en insultant le métier des autres. Ce n’est pas pareil de dénoncer « l’immobilisme » du corps des inspecteurs ou, éventuellement, de dire que les moniteurs sont incompétents, que de déclarer que « l’échec fait partie du modèle économique des auto-écoles ». D’un côté, on est dans la controverse, ce qui est un signe de santé, de l’autre, on est dans l’insulte.
Concernant les échecs des auto-écoles, il s’agit de comprendre pourquoi le taux de réussite (qui est aussi le taux d’échec) est de 50% environ à l’examen du permis B, ce, depuis toujours. Il existe plusieurs explications rationnelles. Celle que je défends considère que dans « l’opposition » historique (et organisée par l’administration) entre les inspecteurs et les moniteurs, le rapport de force doit nécessairement tendre vers un équilibre qui satisfait et n’insatisfait personne. Imaginons que les auto-écoles faisaient 100 % de réussite, les inspecteurs diraient qu’ils ne servent à rien. De même, si les auto-écoles avaient 0% de réussite, elles ne serviraient à rien. C’est donc ce taux consensuel de 50% qui permet aux deux professions de s’opposer dans la durée et chacun aura remarqué que les tensions sont d’autant plus grandes que l’on s’éloigne de ce taux : ainsi, quand le gouvernement a récemment « décrété » qu’il fallait atteindre un taux de réussite de 65%. Si un jour il ne restait que le permis moto dans le dispositif tel qu’il est actuellement, alors on n’aurait plus 80 % de réussite comme aujourd’hui, mais 50 %, c’est inéluctable.
Je pense, en outre, qu’il faudrait envisager, sérieusement, que tout inspecteur qui aurait moins de 80% de réussite soit recadré. En effet, l’examen est un face à face de deux compétences, celle de l’élève qui montre ce qu’il sait faire et celle de l’inspecteur qui met l’élève dans des conditions psychologiques pour réussir un ensemble de performances. J’ai suffisamment de pratique pour affirmer que, selon l’inspecteur, un même élève est plus ou moins performant. Mais il est normal qu’une telle éventualité fasse réagir FO, telle une vierge effarouchée. Une fois qu’elle aura poussée ses cris, si elle se laisse faire (je parle de FO), elle verrait qu’elle trouve un plaisir qu’elle n’a jamais connu, le plaisir du travail bien fait. Pour le moment, je sais que plutôt que de jouir d’une bonne santé, elle préfère cultiver la souffrance de tous ses membres, notamment des anciens moniteurs devenus inspecteurs et qui, d’après elle, étaient d’anciens escrocs, repentis maintenant, qui cultivaient l’échec de leurs élèves. On comprend que, occupés à diaboliser leur ex profession de moniteurs auto-école, ils n’ont pas le temps de s’attaquer à leur métier… mais il faut bien maintenir le fonds de commerce de FO.
Georges HOAREAU