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Billet de blog 30 juillet 2015

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La conduite sans permis ne sera plus un délit

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Voilà une mesure de bon sens. A supposer que la conduite sans permis soit plus qu’une simple infraction, pour être alors une insécurité grave, en faire une contravention systématiquement sanctionnée est plus sensé que de le laisser à l’état de délit de masse moyennement toléré.

En matière de permis de conduire, les dernières mesures gouvernementales vont dans le bon sens. En matière de formation de conducteurs, il y a encore à faire. Le grand problème est dans l’opposition de deux grands corps malades, celui des inspecteurs du permis de conduire qui s’obstine à vouloir maintenir les choses en mauvais état et celui des moniteurs auto-école qui s’obstine à dégénérer. Dégénérer signifiant ici perdre le métier dans l’hyper low-cost et s’y perdre aussi.

Les deux corps ont de bonnes raisons de s’opposer à tout, à eux-mêmes par conséquent et aussi à l’amélioration du dispositif d’accès au permis de conduire. Pour justifier leur existence, les deux ont besoin de tirer la couverture à eux. Concrètement, cela se traduit par une volonté d’obtenir 90% de réussite à l’examen pour les auto-écoles, et d’échec à l’examen pour les inspecteurs. En s’opposant, chacun se neutralise, d’où le très national, officiel et récurrent taux de 50%.

Ce sont les candidats qui paient l’addition dans ce dispositif perdant - perdant si on accepte l’idée que les auto-écoles sont globalement pauvres, les inspecteurs globalement en mauvaise santé et les candidats globalement frustrés. Il est évident que les inspecteurs ne sont pas à leur place dans la voiture école du candidat. Ils le savent puisque des chiffres - c'est quand même à vérifier - montrent que leur implication dans l’examen occupe seulement 43% de leur temps de travail. Ce sont de doubles résistants : à leur métier et au changement de leur métier.

Mais puisqu’ils s’opposent à la privatisation du dispositif d’évaluation des candidats au permis où leur place serait alors au niveau du contrôle des centres d’évaluation plutôt qu’au niveau plus bas des candidats, il faudrait leur laisser aussi la formation de ces dits candidats. Vu d’en haut, cela donnerait de la cohérence au dispositif comme au BAC où les professeurs de terminale sont aussi les évaluateurs de cet examen. Au bout d’un certain temps, il n’y aurait plus deux grands corps malades en opposition mais un seul corps de formateurs – évaluateurs. Les moniteurs gagneraient en crédibilité, les inspecteurs aussi.

Les lobbys n’ont pas intérêt à cela. Ni celui de FO ou de la CGT et CFDT inspecteurs, ni celui des auto-écoles. Si c’était le cas, le changement aurait eu lieu. Les deux  professions auraient besoin de francs-tireurs et elles n'ont que des tireurs de balles dans leurs propres pieds.

Georges HOAREAU

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