Le drapeau de l’État d’Israël n’a rien à faire sur le
mât de la Synagogue de la paix
Depuis le pogrom du 7 octobre, le drapeau israélien flotte, avec le
drapeau français, sur le mât de la Grande Synagogue de l’avenue de la
Paix-Simone Veil.
Bien que le Droit local alsacien-mosellan ne considère pas que le fait
d’afficher un drapeau étranger sur un édifice religieux constitue une infraction, je
m’interroge sur le message envoyé par la synagogue, aux juifs et aux non-juifs.
Je comprends bien qu’il s’agit d’un signe de solidarité avec l’État d’Israël,
douloureusement meurtri le 7 octobre, et une prière pour la libération des otages
israéliens encore entre les mains du Hamas.
Mais ce symbole me semble aujourd’hui dommageable car il contribue à assimiler
juifs et Israéliens, et donc à entretenir une confusion qui participe à la montée de
l’antisémitisme.
Pourtant dans les débats publics, nombreux sont celles et ceux qui s’efforcent de faire
la distinction, particulièrement dans ce contexte si tendu, et alors que des poursuites
pénales internationales sont engagées à la fois contre le Premier ministre d’Israël, M.
Benjamin Netanyahou et contre trois leaders du Hamas (dont deux ont déjà été
exécutés par Israël qui s’est fait justice lui-même, une fois de plus).
Français juif, je ne me reconnais en rien dans la justification des massacres commis
par l’armée israélienne depuis onze mois à Gaza. L’intervention de l’armée israélienne
à Gaza a provoqué la mort de plusieurs dizaines de milliers de Palestiniens, en grande
majorité des femmes et des enfants. Elle a organisé la destruction systématique des
habitations et des infrastructures, n’épargnant ni les écoles ni les hôpitaux, elle a
délibérément conduit à affamer et à priver de soins la population, tout en interdisantl’accès du territoire à la presse. Le choléra et l’hépatite A ont réapparu. Il n’y a pas à
hésiter à parler de génocide.
L’indispensable lutte contre l’antisémitisme, recrudescent en France et en Europe, ne
peut que pâtir de ces violences inutiles. En tant que juif, je refuse d’y être un tant soit
peu associé.
Comme je dénonce les amalgames grossiers entretenus par les instances de
représentation du judaïsme en France accusant d’antisémitisme celles et ceux qui
critiquent la politique du gouvernement israélien, un amalgame dont LFI fait les frais
chaque jour, avec comme objectif évident d’affaiblir Nouveau Front populaire.
Juif vivant en France, je soutiens les voix juives qui en Israël parlent de paix,
condamnent la guerre de Gaza, dénoncent l’occupation, appellent à la reconnaissance
des droits nationaux du peuple palestinien et à une solution pacifique qui, seule,
apportera la dignité et la sécurité aux peuples palestinien et israélien.
J’affirme en particulier ma solidarité avec B’Tselem (Centre israélien d’information
pour les droits de l’homme dans les Territoires occupés), Breaking the silence
(regroupant des anciens soldats), Standing together (militant pour un avenir commun
entre les deux peuples), les Refuzniks (jeunes Israéliens refusant d’aller combattre à
Gaza ou dans les Territoires occupés) et toutes celles et ceux qui s’opposent aux actes
criminels menés par Benjamin Nétanyahou et ses ministres.
Israël n’assure pas la sécurité des Juifs du monde entier : en prétendant mener le
génocide en cours en leur nom, il confisque leur parole, les met en danger et génère
de l’antisémitisme.
Tout le monde n’est pas en mesure de distinguer antisémitisme et antisionisme et la
violence d’ Israël depuis un an entretient cet amalgame morbide.D’une façon générale, les lieux de cultes n’ont pas à être préemptés par des nations,
même si elles les financent en partie. Je trouve cette appropriation critiquable du
point de vue du vivre ensemble et de la nécessité, au-delà de nos croyances
différentes, d’affirmer que nous faisons société.
Et je me console en déchiffrant la succession des célébrations et des symboles
spirituels et religieux pour la concorde et pour la paix, tout en m’interrogeant sur
leurs détournements constants et mortifères.
Puisqu’il s’agit bien de la « Synagogue de la Paix », je rappelle que la Paix est
inconditionnelle pour chaque sœur et frère en humanité qui peuple la terre. Elle ne
peut pas se faire aux conditions du plus fort incarné par le drapeau israélien, pour le
moment. Et la devise au fronton: » Plus fort que le glaive est mon esprit » ne doit pas
rester lettre morte.
Billet de blog 16 novembre 2024
Le drapeau israélien n' a rien à faire sur la synagogue de Strasbourg
la synagogue de Strasbourg assimile les juifs à l’État d’Israël en laissant flotter le drapeau israélien. Pour moi, la religion n’a pas à être préemptée par la politique.
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