Madame Josiane Chevalier,
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Strasbourg,14/07/24
Madame la Préfète,
Strasbourg se revendique héritière de l’humanisme rhénan, capitale européenne, ville d’art et d’histoire, capitale mondiale du livre en 2024, ville refuge des écrivains....
C’est pourtant à Strasbourg devant la porte de la Préfecture, que chaque jour ouvrable de l’année, de bon matin et jusqu’à 16h, s’étire une longue file d’usagers étrangers d’origine pouvant atteindre la centaine d’hommes, de femmes et d’enfants, usagers dociles qui subissent une attente humiliante sans repère de temps, sans eau ou alimentation, parfois durant des heures et par tous les temps, sans protection contre le froid de l’hiver, le soleil de l’été, la pluie, le vent...
Si présents mais si transparents, comme s'ils ne faisaient pas partie de la réalité et de la vie de cette Place de la République si prestigieuse et animée (TNS, Opéra, Palais du Rhin, statue centrale dédiée à la Paix...).
Longtemps indifférents, comme la plupart des Strasbourgeois, nous avons aujourd’hui décidé de nous en préoccuper, bien sûr pour essayer d’améliorer la vie de ces personnes mais aussi pour faire disparaître du paysage urbain cette situation qui nous fait honte : c’est la raison de cette lettre ouverte.
Ces dernières semaines nous avons rencontré à trois reprises les personnes de la file d’attente, nous avons recueilli leur parole et appris bon nombre d’histoires individuelles souvent kafkaïennes et parfois révoltantes. On nous a décrit l’outil internet défaillant, incertain, incomplet (pas la bonne case...), ne permettant pas la prise de rendez-vous et d’organiser son dossier à l’avance...
Cette situation n’existe que depuis quelques années, depuis le Covid nous dit-on...
Alors comment faisait-on avant ? Il doit forcément exister des solutions qui peuvent être multiples : modifier les procédures, améliorer l’internet, faire attendre ces usagers à l’intérieur du bâtiment...
Pourquoi donc le service des étrangers est-il le seul de tous les services de votre Administration qui impose ainsi aux usagers cette attente à l’extérieur et bien souvent l’impossibilité des rendez-vous ?
Après quatre années en fonction à Strasbourg, nous espérons que vous aurez à cœur, avant votre prochain départ en retraite, d’œuvrer à la recherche d’une solution raisonnable pour cette situation qui a bien trop duré.
Nous-mêmes souhaitons y participer, c’est pourquoi nous sollicitons par la présente une rencontre prochaine avec le Chef de Service en charge du secteur. Cette rencontre pourrait se tenir fin août ou début septembre.
Dans l’attente, nous vous adressons, Madame la Préfète, nos salutations respectueuses.
Georges Yoram Federmann, Jean-Claude Meyer, Jean-Claude Richez, Bernard Sibieude, Bernard Aghina, Ariel Lindgren, François Giordani, Jean-Luc Quilling, Christine Hélot, Myriam Belibel, Naïm Ksibi, Florence Lecomte.
Contact : federmanja@gmail.com
PS :
Si véritablement il n’y a pas de place pour ces gens à l’intérieur de la Préfecture,
Si les procédures administratives produisent obligatoirement ces files d’attente,
Si l’internet ne peut pas être amélioré....
alors construisons devant la Préfecture un abri chauffé en hiver, ombragé et ventilé en été et on le baptiserait symboliquement du même beau nom donné à la Spirale Aby Warburg, le banc-sculpture installé à l’autre angle de la place :
le «Monument aux vivants».